Après avoir été témoins d'une dernière et inoubliable soirée de 60 points, les partisans des Lakers de Los Angeles devront s'habituer à la vie sans Kobe Bryant. Plusieurs d'entre eux plongeront alors dans l'inconnu.

Pendant deux décennies, son image a dominé la métropole californienne, sur les panneaux publicitaires et les façades d'édifices du centre-ville, comme aucune autre personnalité publique.

Plusieurs heures avant ce qui allait être son dernier match mercredi, lors duquel Bryant a fait ses adieux à la NBA avec une grandiose prestation de 60 points, des milliers d'amateurs se sont massés à la plaza à l'extérieur du Staples Center, cette enceinte sportive qui a ouvert ses portes au moment où sa légende commençait à croître.

Ils ont commencé à arriver le matin et la foule n'a cessé d'augmenter et de scander « Kobe! Kobe! Kobe!».

La plupart de ces amateurs n'avaient pas de billet pour la rencontre. Ils voulaient seulement être suffisamment près pour être imprégnés des derniers moments de Bryant avec les Lakers.

Plusieurs portaient des chandails au numéro 24 - celui qu'il arborait à la fin de sa carrière - et d'autres, son ancien numéro 8. Certains avaient même des répliques de ses cinq bagues de championnat.

Aucun athlète n'a eu autant d'ascendant sur la ville depuis Magic Johnson, une autre ancienne gloire des Lakers.

Los Angeles regorge de vedettes du cinéma et du petit écran, mais ce ne sont pas des héros locaux; ils sont la propriété de l'univers.

Kobe Bryant appartenait à Los Angeles.

Âgé de 25 ans, Carlos Hernandez est l'un de ces partisans qui n'a aucun souvenir préalable à l'entrée en scène de Bryant.

« Kobe Bryant est Los Angeles! », a-t-il lancé. Et c'est une opinion que partageait Cesar Ramos.

« Kobe est synonyme de L.A. Il a accaparé 20 ans de ma vie, depuis que j'ai six ans. »

Bryant ne possédait pas le magnétisme de Johnson, ni le sourire charmeur de Michael Jordan. Pourtant, plusieurs des amateurs réunis autour du Staples Center le vénèrent autant que ces deux légendes.

« J'étais un enfant pendant l'ère Michael Jordan et j'ai été témoin de la fin de sa carrière, a raconté Luis Leon, qui a grandi en appuyant les Lakers même s'il vit à Phoenix. Kobe Bryant est ce qui s'en approche le plus. C'était tellement beau de le voir à l'oeuvre sur un court de basketball. Pour ma génération, il a été le dernier lien avec Michael Jordan.

Mais Bryant, contrairement au légendaire Vin Scully, commentateur des matchs des Dodgers de Los Angeles depuis les années 50, ne faisait pas l'unanimité.

Plusieurs amateurs le trouvaient trop peu généreux avec ses coéquipiers, préférant tirer le ballon vers le panier que de leur faire des passes, et avec la direction de l'équipe en l'empêchant d'embaucher des joueurs autonomes afin de demeurer un tant soit peu important en fin de carrière.

Sans oublier les accusations de viol au Colorado, qui ont été abandonnées en 2004 alors que la présumée victime a refusé de témoigner au moment où allait s'amorcer le procès.

Michele Siqueiros, qui a adoré les équipes pour lesquelles a joué Johnson, ne pouvait supporter Bryant.

«Je suis tellement contente qu'il parte. Il y a longtemps que ç'aurait dû se produire. Je ne comprendrai jamais pourquoi les Lakers ont sacrifié les dernières saisons pour lui.»

D'ailleurs, la spectaculaire performance de Bryant, mercredi soir, ne change rien au fait que la dernière équipe pour laquelle il a joué, avec son dossier global de 17-65, aura été l'une des plus mauvaises que les partisans ont jamais vues à l'oeuvre.