L'annonce vendredi de la disparition à 86 ans d'Earl Lloyd, premier joueur noir à avoir disputé un match de NBA en 1950, puis remporté le titre en 1955, a suscité une vive émotion parmi les acteurs, actuels ou retirés, du championnat.

«La famille de la NBA a perdu l'un de ses patriarches», a expliqué le patron de la NBA, Adam Silver.

«Quand Earl a foulé le parquet en cette date fatidique en 1950, cet homme remarquable a pris place dans le mouvement historique pour les droits civiques et, plus important, il a ouvert une porte pour l'égalité en Amérique», a déclaré Brian Hemphill, le président de l'université Virginia State.

Plusieurs joueurs de la NBA, actuels ou anciens, se sont joints au concert de louanges. Le meneur français des Spurs de San Antonio Tony Parker a ainsi regretté une «TRISTE JOURNÉE» (SAD DAY en anglais dans le texte, ndlr) sur son compte Twitter. «Le monde a perdu un grand homme», a ajouté le quadruple vainqueur du championnat.

Vince Carter, l'arrière des Grizzlies de Memphis, a également twitté «RIP M. Lloyd, vous avez ouvert cette porte qui restera pour toujours si importante, pour tous les athlètes Afro-Américains. Merci à vous!!!! Mes prières vont à votre famille».

Cible d'un racisme «courant»

Lloyd a été le premier Noir à disputer un match de NBA, avec les défunts Capitols de Washington, le 31 octobre 1950, ouvrant la porte à son coéquipier de Virginia State Charles Henry Cooper (Celtics de Boston), premier Noir repêché par une équipe NBA, plus tard dans la saison.

Dans le contexte d'une Amérique ségrégationniste dans les années 1950, Lloyd a été la cible sur les terrains de basket de racisme.

Les 76ers de Philadelphie, successeurs en 1963 de la franchise de Syracuse -avec laquelle il a remporté la NBA en 1955- lui ont rendu hommage en reproduisant sur leur site internet un entretien accordé par Lloyd en 2008.

Il revenait alors sur des rencontres en 1955, au cours desquelles il avait été pris à partie par des fans de l'équipe adverse à Indianapolis, qui lui avaient alors crié «Rentre en Afrique».

«C'était chose courante. Il y avait beaucoup de personnes qui étaient assises près de vous, et qui disaient des choses qui vous donnaient le blues», se rappelait alors Lloyd.

«Earl a offert un témoignage sans précédent sur notre passé ségrégationniste et a personnifié le changement dans ce pays», a commenté l'Association des joueurs retraités de la NBA dans un communiqué.

«Une figure véritablement historique de l'Histoire américaine s'en est allée, et il va nous manquer profondément», a ajouté l'association.

«Big Cat» a remporté le titre NBA en 1955 avec les Nationals de Syracuse avant de terminer sa carrière avec les Pistons de Detroit, après dix années dans le grand championnat nord-américain.

Lloyd a ensuite entraîné les Pistons de 1971 à 1972. Il avait fait son entrée au Temple de la renommée du basket en 2003.