Le propriétaire des Los Angeles Clippers Donald Sterling est dans la tourmente pour avoir tenu des propos racistes qui ont conduit samedi la NBA à ouvrir une enquête et d'anciennes gloires du basket à demander une sanction lourde contre l'octogénaire à la réputation sulfureuse.

>>> Réagissez sur le blogue de Richard Hétu

C'est le site internet TMZ spécialisé dans l'actualité des célébrités qui a lancé l'affaire Sterling en rendant public l'enregistrement d'une conversation de dix minutes entre un homme qui est présenté comme Donald Sterling et une femme d'une vingtaine d'années identifiée comme V. Stiviano.

Sterling lui reproche d'avoir publié sur son compte Instagram une photo la montrant aux côtés de Magic Johnson, l'ancienne star des Los Angeles Lakers.

Et très vite, le ton monte et l'homme d'affaires dont la fortune réalisée dans l'immobilier est estimée à 1,9 milliards de dollars (1,3 Mds d'euros), révèle son vraie visage.

«Sur ton Instagram de merde, tu n'as pas à te montrer à côté de noirs», lance-t-il à la jeune femme qui lui objecte qu'elle est elle-même d'origine mexicaine et afro-américaine.

«Tu peux coucher avec (des noirs), tu peux les faire venir chez toi, tu peux faire ce que tu veux avec eux, mais la moindre des choses est de ne pas en faire la publicité et de les amener à mes matches», s'emporte-t-il.

Ces propos déclenchent rapidement une vague d'indignation aux États-Unis, en particulier dans le monde du basket.

Attaqué directement, Magic Johnson annonce sur son compte Twitter qu'«il n'assistera plus à un match des Clippers tant que Sterling en restera le président».

«Ces propos sont un mauvais coup porté à la NBA», a-t-il poursuivi.

Sterling auditionné

La NBA, la Ligue nord-américaine de basket-ball, a réagi en lançant une enquête d'une part pour authentifier le document et d'autre part pour auditionner Sterling et la jeune femme.

«Nous voulons avoir les résultats de cette enquête dans les jours à venir, mais je ne peux pas me prononcer sur une éventuelle sanction, car tout membre de la famille NBA, joueur, entraîneur ou propriétaire, doit pouvoir se défendre», a expliqué Adam Silver, le patron de la NBA confronté à sa première crise depuis sa prise de fonction en février.

Les joueurs, actuels et anciens, espèrent que la NBA fera preuve de fermeté à l'encontre du plus ancien propriétaire en activité (1981) qui n'en est pas à son premier dérapage, dans le cadre de ses affaires et dans la gestion de son équipe.

L'association des joueurs de NBA, dont le président n'est autre que Chris Paul, l'une des stars des Clippers, réflechit aux suites à donner à cette affaire.

«La NBA est une ligue noire, il ne peut pas y avoir un propriétaire qui tient de tels propos, il doit être suspendu», a estimé Charles Barkley, sacré MVP en 1993.

Plainte et vengeance 

Les joueurs des Clippers qui mènent pas deux victoires à une face à Golden State tentent de rester concentrés sur l'aspect sportif, mais ils ont convoqué une réunion de crise samedi.

«Ce n'est pas quelque chose qui nous met très à l'aise, mais notre meilleure façon de protester sera de gagner notre prochain match», a déclaré Doc River, l'entraîneur, noir-américain.

La direction des Clippers a tenté d'allumer un contre-feu en dévoilant dans un communiqué que la jeune femme qui aurait enregistré la conversation et l'aurait tranmise à TMZ fait l'objet d'une plainte de la famille Sterling.

«Cette personne est accusé d'avoir détourné plus de 1,8 million de dollars et a dit à M. Sterling qu'elle se vengerait», insiste dans un communiqué Andy Roeser, le président de la franchise californienne au palmarès vierge de titre NBA et présentée jusqu'à peu comme l'une des plus mal gérés.

«M. Sterling insiste sur le fait que ce qui transparaît dans cette conversation ne reflète pas ses sentiments, croyances et vues, c'est même l'antithèse de ce qu'il est», ajoute le communiqué.

Les dessous à allure de vaudeville de l'affaire avec la plainte déposée par l'épouse de longue date contre l'ex-maîtresse de son mari ne devraient pas affaiblir la détermination des joueurs, dont certains anciens employés de Sterling ont fait part de leurs mauvaises expériences avec un propriétaire distant avec eux mais capables d'accès brutal de colère.

«Il est comme cela et cela fait longtemps que cela dure», a assuré Baron Davis alors que des personnalités de la société civile comme le révérend Jesse Jackson et le rappeur Snoop Dogg ont condamné à leur tour avec virulence Sterling.

«Il n'y a pas de place pour Donald Sterling dans la NBA»

LeBron James a affirmé que les commentaires du propriétaire des Clippers de Los Angeles Donald Sterling étaient «révoltants» et il n'est pas certain qu'il disputerait le reste des séries éliminatoires de la NBA s'il jouait pour les Clippers.

L'attaquant du Heat de Miami a ajouté qu'il n'y avait pas de place pour Sterling dans la NBA.

- ASSOCIATED PRESS