Ça faisait 20 ans que la NBA n'était pas débarquée ici avec sa grosse musique, ses joueurs de 6'9 et son glamour. Est-ce qu'on s'était ennuyés? Pas à peu près, s'il faut en juger par cette ambiance du tonnerre hier soir au Centre Bell.

Oui, le Centre Bell affichait complet pour ce retour de la NBA en ville. Ce n'était qu'un match préparatoire, et ce n'était que les Raptors de Toronto et les Knicks de New York, deux clubs assez ordinaires merci, mais il y avait 22 114 fans de basket dans la place pour voir les Raptors l'emporter par la marque de 108-103.

«Les gars en parlaient dans le vestiaire, la foule a été incroyable, a tenu à dire l'entraîneur torontois Jay Triano après la rencontre. Il va falloir penser à revenir...»

En effet. Ce n'est pas pour nous envoyer des fleurs, mais disons-le humblement, on a fait ça comme des grands hier soir. On a hué aux bonnes places. On a tous crié «airball!» quand un joueur des Knicks a complètement raté le panier en première demie. Et on a bruyamment souligné les bons coups des Raptors, dont ces formidables dunks signés Julian Wright en fin de partie.

«Pour un match préparatoire, l'ambiance était quelque chose, a admis Andrea Bargnani, le joueur vedette des Raptors. On sentait vraiment que le public était derrière nous.»

À vrai dire, j'ai relevé seulement deux petites gaffes: quand les animateurs de foule (vous savez, ceux qui lancent des T-shirts pendant les pauses) ont «oublié» de se pousser juste au moment où le jeu allait reprendre, et puis quand un de nos jeunes préposés a été incapable de replacer le filet pendant que le jeu se déplaçait vers lui. L'arbitre a dû arrêter le jeu, le temps qu'un collègue plus grand vienne finir le travail.

Rien de grave tout de même, et puis disons-le, on s'est amusé ferme. Pas mal plus que la veille en tout cas, quand le CH et les Devils nous ont endormis solide.

D'ailleurs, Amar'e Stoudemire, le joueur vedette des Knicks, avait le goût de jaser un peu de notre sport national après la rencontre. «En arrivant ici, je me suis renseigné sur l'histoire des Canadiens de Montréal, et j'ai regardé le petit tableau là-bas pour essayer de comprendre les stratégies», a-t-il expliqué en pointant le tableau dans le vestiaire des visiteurs.

«Pour nous, c'était super d'être ici, a-t-il ajouté. Quand on a l'occasion de sortir des États-Unis, d'aller jouer ailleurs pour faire grandir notre sport, je trouve que c'est bien de le faire.»

Un autre joueur des Knicks, Ronny Turiaf, m'a expliqué en français qu'il allait revenir pour goûter à quelques-unes de nos spécialités locales. D'ailleurs, quelqu'un avait pensé à déposer des bagels dans le vestiaire des New-Yorkais...

Le basket de la NBA, c'est vraiment tout un spectacle. Surtout quand on a la chance d'être tout près. J'ai passé la soirée en deuxième rangée, sur le parterre, entre les bancs des deux clubs. Aucun autre sport ne permet ce genre de proximité. Aucun. On entend les joueurs jaser entre eux. On entend les entraîneurs hurler leurs instructions. On les entend hurler tout court.

À un certain moment, Mike D'Antoni, le coach des Knicks, s'est mis à critiquer une décision de l'arbitre Eric Lewis. La réplique de Lewis, que j'ai très bien entendue: «J'ai toujours raison!»

Pour ce qui est du reste, j'insiste: on a fait ça comme des grands. J'étais là avec mon papa en 1990 au vieux Forum, quand les 76ers de Philadelphie et les Bullets de Washington nous avaient offert un match préparatoire eux aussi. De mémoire, le Forum était plein à 75% ce soir-là, et le public ne semblait pas trop comprendre ce qui se passait. Pas autant qu'hier soir, en tout cas.

On va peut-être finir par se poser la question: Montréal pourrait-elle un jour avoir son propre club de la NBA? Je sais que George Gillett avait évoqué l'idée de faire une étude sur le sujet il y a huit ans... sans jamais aller plus loin. Hier soir, on a bien vu qu'il y a des fans de la NBA en masse par ici. Mais ces fans seraient-ils prêts à revenir 41 fois par année?

La véritable question, c'est celle-là.