Même si Alexandre Despatie ne pourra participer aux sélections en raison d'une blessure, Plongeon Canada n'exclut pas sa présence à l'épreuve de 3 mètres aux prochains Mondiaux de Shanghai, en juillet prochain.

«On évalue les possibilités, il n'y a rien de définitif», a indiqué Mitch Geller, chef principal technique de la fédération canadienne, lors d'une entrevue téléphonique hier après-midi.

Geller était à Londres, où les membres de l'équipe canadienne effectuent une visite préolympique avant de se rendre à Sheffield, où aura lieu la troisième étape des séries mondiales, les 15 et 16 avril.

Blessé, Despatie n'est pas du voyage. Il est resté au pays pour soigner une tendinite au genou gauche. La blessure, sérieuse, l'oblige à faire une croix sur la Coupe Canada de plongeon, présentée à la fin du mois à la piscine olympique de Montréal. Cette compétition du circuit Grand Prix sert aussi de qualification en vue des Championnats du monde FINA de Shanghai, en juillet, dernier grand rendez-vous avant les Jeux olympiques de Londres, en 2012.

«C'est une décision très difficile parce qu'elle a beaucoup d'implications», a expliqué Despatie, hier matin, en marge de l'annonce du renouvellement d'une commandite de McDonald's, son partenaire de longue date. «Je suis sorti des sélections pour les Mondiaux. Et pas de Mondiaux, ça veut dire pas de séries mondiales l'an prochain.»

Despatie était donc bien débiné de devoir rater ces Mondiaux de Shanghai, peut-être ses derniers, à l'épreuve individuelle de 3 mètres, spécialité dont il est le vice-champion olympique. Le plongeur de 25 ans prévoyait ne pouvoir disputer que le synchro, où il est déjà qualifié avec son partenaire Reuben Ross.

En 2008, Despatie avait bénéficié d'une exemption après s'être fracturé un pied quatre mois avant les Jeux olympiques de Pékin. Il espérait un scénario similaire pour le 3 m individuel de Shanghai. Or Plongeon Canada ne lui aurait pas envoyé de signal positif.

«Peut-être que j'ai déjà utilisé tous mes coupons!» a-t-il lâché à la blague avant de reprendre, plus sérieux: «Ils ont décidé de suivre les règles de la sélection.»

Une porte entrouverte

Quelques heures plus tard, Geller tenait un discours moins catégorique. La présence de Despatie au 3 m «demeure une possibilité» en dépit de son absence projetée à la Coupe Canada.

«Il n'y a pas de conclusion absolue, il faut tenir compte de toutes les considérations, a précisé le chef principal technique. Au fond, on ne voulait pas fermer un poste ne sachant pas s'il allait être prêt. On veut voir comment se déroulera sa réadaptation, comment il se comportera.»

Geller ne voulait pas entrer dans les détails, mais il existerait «plusieurs possibilités» dans la procédure de sélection pour ouvrir une porte à un plongeur blessé. «Peut-être y aura-t-il un poste d'ouvert, et si c'est le cas, on verra comment (Despatie) se sent. Vous savez bien sûr qu'il est notre plongeur masculin étoile, et on veut faire ce qui est le mieux pour lui, peu importe ce que ça implique. On s'y penchera sérieusement.»

Avant toute chose, Despatie devra être suffisamment remis de la tendinite au genou qui l'ennuie depuis la compétition CAMO Invitation, en décembre dernier. Attribuant ses maux à son retour à la compétition, le plongeur lavallois a choisi de persister par la suite, ce qu'il regrette aujourd'hui.

La douleur est devenue intenable il y a trois semaines, lorsqu'il s'est rendu à Moscou en prévision de la première étape des séries mondiales. «J'avais de la misère à marcher, à monter les marches», a-t-il expliqué.

Despatie est rentré précipitamment à Montréal pour être examiné. Il a appris qu'il souffrait d'une bursite et d'une tendinite. Seul moyen de guérir: le repos. Depuis, il subit des traitements pour accélérer le processus, dont une thérapie dite «d'ondes de choc». Sur le plan physique, il se contente de se maintenir en forme et de pratiquer ses entrées à l'eau, sans impulsion sur le tremplin.

«Je recommence tranquillement à utiliser mes jambes, a dit le triple médaillé d'or des Jeux du Commonwealth. Au premier signe de douleur, il faut que j'arrête. Ça va bien, mais il ne faut pas que je reparte en fou comme j'avais l'habitude de faire.»

Parce que la priorité demeure les JO de Londres, en 2012. Ce n'était probablement pas un hasard si, pour la conférence de presse, Despatie portait des souliers bleus de modèle «London».