Les Jeux du Commonwealth censés être la vitrine de l'Inde moderne sont en pleine crise à douze jours du coup d'envoi, après l'effondrement mardi d'un pont près d'un stade à New Delhi et les commentaires désastreux d'équipes sur l'hygiène du village sportif.

Quelque 7000 athlètes et officiels de 71 nations et territoires de l'ancien empire Britannique sont attendus du 3 au 14 octobre pour ces 19e Jeux, plus grand événement sportif sur le sol indien depuis les Jeux asiatiques en 1982.

Un pont réservé aux piétons en cours de construction près du stade Jawaharlal Nehru, qui doit accueillir la cérémonie d'ouverture le 3 octobre en présence du Prince Charles, s'est effondré mardi, blessant au moins 27 ouvriers, dont quatre grièvement, selon la police.

Le pont, qui devait faire la jonction entre un parking et le stade, s'est effondré sur le parking.

«Le pont était en train d'être scellé ce matin. Les ingénieurs étudient les causes de l'accident», a déclaré sur la chaîne CNN-IBN Rakesh Metha, un fonctionnaire du gouvernement local.

Poussière, gravats et excréments

Le ministre du Développement urbain, Jaipal Reddy, a de son côté estimé sur cette même chaîne que «New Delhi a subi des précipitations sans précédent et peut-être que cela explique l'accident».

En juillet, un organisme chargé par le gouvernement indien de veiller à la conformité des installations avait dénoncé une série de problèmes dans les travaux de construction, affirmant que certains certificats garantissant la qualité d'équipements construits étaient faux ou suspects.

Peu avant l'effondrement du pont, l'Inde recevait un cinglant camouflet après les commentaires désastreux d'équipes ayant commencé à s'installer dans le village sportif, jugé très incompatible avec les normes internationales.

Devant la presse, Mike Hooper, le directeur général de la Fédération des Jeux, a dressé un état des lieux catastrophique des bâtiments devant accueillir les athlètes: «Ils sont répugnants et inhabitables. Il y a de la poussière et des gravats dans l'embrasure des portes, des portes de douche montées à l'envers et des excréments à des endroits où ils ne devraient pas être».

Selon une délégation de Nouvelle-Zélande déjà sur place, les conditions d'hygiène et sanitaires du village compromettent la totalité des Jeux.

«Risque élevé» d'attentats

Humiliés, les organisateurs ont répliqué que ces critiques étaient dues à des différences de normes sanitaires dans les pays occidentaux.

«Chacun a des normes différentes en matière de propreté. Les Occidentaux ont différentes normes, nous avons différentes normes», a déclaré le secrétaire général du comité organisateur, Lalit Bhanot, lors d'un point presse.

Dernier épisode d'une journée décidément noire, une équipe de télévision australienne a affirmé mardi avoir réussi à introduire sur le principal site des Jeux une valise contenant les éléments pouvant servir à assembler un kit d'explosifs, sans attirer de soupçons.

L'Australie a déjà mis en garde lundi contre un «risque élevé» d'attentat après une fusillade la veille contre un car de touristes dans la capitale, revendiquée par une cellule islamiste locale qui a menacé de perturber l'événement sportif.

Selon les chiffres officiels, le coût global des Jeux s'élève à 3 milliards de dollars, soit environ cinq fois plus que prévu initialement, un montant qui a suscité de violentes critiques dans un pays où plus de 600 millions d'habitants vivent sous le seuil de pauvreté.