La Fédération internationale de luge (FIL) a révélé, lundi, qu'il n'y avait pas de cause unique au décès du lugeur géorgien Nodar Kumaritashvili aux Jeux olympiques de Vancouver.

La mort du lugeur géorgien Nodar Kumaritashvili aux Jeux olympiques de Vancouver est en partie imputable à des erreurs de pilotage, estime la Fédération internationale de luge. Mais du même souffle, l'organisme réitère sa volonté d'avoir une piste moins rapide aux prochains Jeux d'hiver, à Sotchi, en Russie.

Dans un communiqué annonçant la publication du rapport hier, la Fédération (FIL) estime que la mort du lugeur est attribuable à une série complexe d'événements liés. Un «accident fatal imprévisible», y dit le secrétaire général, Svein Romstad.

Or, dans le document, on évoque des «erreurs de pilotage» du lugeur, ce qui aurait mené à une perte de maîtrise et à l'accident mortel lorsque son corps a violemment percuté un poteau de métal.

Courbe mal négociée

L'athlète géorgien terminait sa sixième - et dernière - descente d'entraînement au moment de la tragédie survenue le 12 février au Centre des sports de glisse de Whistler. Selon la FIL, l'analyse des bandes vidéo indique que Kumaritashvili a mal négocié la courbe 15 et a par la suite tenté de négocier la courbe 16 de façon trop serrée.

Normalement, il aurait pu tomber sans trop de conséquences. Mais deux événements ont modifié l'ordre des choses. D'abord, le lugeur a touché la glace de la piste avec le gant de sa main droite. Puis, la force gravitationnelle a exercé une pression vers le bas d'une partie de son corps. Sa luge s'est soulevée, se transformant en véritable catapulte. Avec le résultat que l'on sait.

Très (trop?) vite, la piste

Le rapport de la FIL ne blâme en aucun temps le design de la piste de Whistler, mais il souligne la volonté de la Fédération d'avoir une piste moins rapide à Sotchi.

À l'origine, la piste de Whistler devait permettre des pointes de vitesse d'environ 136 km/h. Or, la vitesse record enregistrée fut plutôt de 153,98 km/h. «Même si la FIL a déterminé que la vitesse maximale demeurait acceptable pour la capacité des athlètes, il avait été déterminé que ce n'était pas dans cette direction que nous voulions aller», indique le rapport.

Dans une lettre acheminée le 27 avril 2009 au comité organisateur des Jeux de Sotchi, les autorités de la FIL avaient averti celui-ci que la Fédération n'accepterait pas d'homologuer une piste où les pointes de vitesse dépasseraient les 130-135 km/h.

En téléconférence hier après-midi, le PDG des Jeux de Vancouver, John Furlong, a défendu les qualités de la piste, disant qu'elle avait reçu l'homologation de la FIL bien avant la tenue des Jeux. Il n'a pas non plus rejeté la faute sur le lugeur.

«La principale préoccupation que nous devons avoir est de faire tout en notre pouvoir pour qu'un autre accident de la sorte ne se reproduise pas», a-t-il dit.

Joint par La Presse à Calgary, le directeur général de la Fédération canadienne de luge, Tim Farstad, a exprimé sa satisfaction quant au contenu du rapport. «Ils expliquent en détail les qualités techniques de la piste et la façon dont les athlètes sont sélectionnés pour cette épreuve», a-t-il dit.

Le rapport indique que Nodar Kumaritashvili était qualifié pour participer aux Jeux.

La construction de la piste avait été terminée en décembre 2007 et celle-ci avait été homologuée le 11 mars 2008. Kumaritashvili l'avait descendue à vingt reprises avant ses six descentes d'entraînement.

Pas d'accord

Joint par l'Associated Press, le père du lugeur, David Kumaritashvili, a déclaré que son fils ne devait en aucune façon être blâmé. «Peu importe l'erreur qu'aurait commise mon fils, sa luge n'aurait pas dû quitter la piste. Les mesures de sécurité doivent prévenir ce genre de choses», a-t-il dit.

Utilisée à la fois pour les épreuves de luge, de skeleton et de bobsleigh, la piste de Whistler doit resservir pour des compétitions internationales, dont les championnats du monde de 2013. On ne sait pas encore si des modifications seront apportées pour en diminuer la vitesse.