Après huit ans d'absence, les coureurs d'élite, hommes et femmes, feront leur retour au marathon de Montréal dimanche dès 7 h 30.

Les athlètes kényans seront forcément à suivre puisque quatre d'entre eux possèdent des records personnels en dessous de 2 h 15 min. D'autres luttes se dessineront juste en arrière, comme celle entrevue par Anthony Larouche, 28 ans, qui espère devancer ses rivaux québécois - Baghad Rachem, François Jarry ou Patrice Labonté - et abaisser son meilleur temps autour de 2 h 22 min.

« Avant le renouveau du marathon, mon objectif était de le gagner, raconte Larouche. C'était très logique, étant donné les temps dans lesquels ça s'est gagné dans les dernières années. Maintenant, ma perspective a changé avec la présence de l'élite internationale. Le côté positif, pour moi, c'est de voir que le parcours est plus rapide. Ça me permet, tout en restant au Québec, d'envisager un temps qui reflète ma forme actuelle. »

Cette année, le départ n'est pas donné sur le pont Jacques-Cartier, mais plutôt au coeur du Quartier des spectacles. Les participants passeront par le Vieux-Montréal avant de se diriger vers l'ouest où ils feront un demi-tour dans Ville-Émard. Si le demi-marathon se conclut au niveau du complexe Desjardins, les marathoniens devront, eux, grimper la côte Berri, se rendre jusqu'au parc Maisonneuve avant de faire le chemin inverse.

« Il y a cette bonne montée vers le 21e kilomètre, mais c'est important de bien connaître et de respecter la distance, croit Larouche, qui réside à Québec. Rendu au 30e kilomètre, c'est toujours payant d'avoir opté pour un départ prudent. Par rapport aux compétiteurs que je veux battre, j'ai un plus gros volume d'entraînement et ça va jouer dans cette partie très usante. J'ai aussi hâte de voir comment je vais me sentir quand on va redescendre la côte [Berri] au 40e kilomètre. »

RÉPÉTITION GÉNÉRALE

Parlant de volume d'entraînement, Larouche a connu un été tout sauf oisif. Entre la mi-juillet et la mi-septembre, il a avalé 155 km de bitume par semaine, avec des pics à 180 km. Il a, parallèlement, limité le nombre de compétitions. En guise de répétition générale, il a participé aux 30 km des Rives de Boucherville, le 2 septembre dernier, où il s'est imposé en 1 h 41 min 23 s. Il croit avoir fait une préparation optimale, largement supérieure à celle qui avait précédé sa participation au marathon de Sacramento l'an dernier.

« L'année passée, j'avais eu de petits obstacles en début de préparation qui ont limité mes bonnes semaines d'entraînement. J'étais aussi arrivé avec une douleur au niveau des cuisses, ce qui m'a affecté dans les 10 derniers kilomètres. Mes entraînements me laissaient croire que je pourrais espérer un petit peu mieux. Les conditions étaient parfaites, donc, j'ai pu m'en sortir avec un temps satisfaisant [2 h 24 min 42 s]. »

« En connaissant mieux la distance et en sachant mieux la gérer, je peux maintenant viser 2 h 22 min. »

- Anthony Larouche

DE LA COURSE EN CAMPING

Larouche ne vit pas de l'athlétisme. Cet enseignant au secondaire, qui n'est pas à temps plein, possède deux commanditaires qui lui fournissent de l'équipement et une petite somme d'argent. Pour limiter les frais, augmenter sa visibilité et obtenir des bourses, il a donc fait le choix de se concentrer sur des événements locaux. S'il se classait au premier rang parmi les élites du Canada et du Québec, dimanche, il empocherait une somme de 2000 $.

Cela aurait tout d'une bonne tape dans le dos pour ce jeune père qui reconnaît faire plusieurs ajustements pour pratiquer la course à pied. Les vacances en famille au camping ? Il doit toujours trouver un créneau de deux heures pour s'entraîner. Les invitations de ses amis pour jouer au soccer ou au volley-ball ? Il y réfléchit à deux fois afin de ne pas surtaxer son corps. 

« Quand tu t'entraînes aussi fort, tu es souvent sur la corde raide par rapport aux blessures. Tu ne veux rien faire d'autre de physique. Quand on m'invite, je ne veux pas rajouter une activité à ma charge de travail. Par exemple, j'ai peur de ne pas récupérer en vue de l'entraînement du lendemain. »

Un bon résultat validerait aussi les choix qu'il a faits depuis sept ans. Non, il n'est pas tombé dans la marmite de l'athlétisme dans sa tendre enfance. Il a plutôt attendu l'université pour se découvrir un intérêt, des qualités et, finalement, une véritable passion. « C'est à partir de ma troisième année, à l'âge de 21 ans, que tout s'est mis en place. Je me suis beaucoup amélioré, mon coach avait confiance en moi et je me suis rendu compte que j'étais capable d'absorber un très gros volume d'entraînement. Avec mon éthique de travail, cela a fait en sorte que je continue à progresser à un haut niveau. »

« Plus je tendais vers l'élite provinciale et nationale, plus j'étais motivé à continuer. »

- Anthony Larouche

« Vu que je n'ai pas couru de façon compétitive au milieu de mon adolescence, je n'ai pas beaucoup développé ma vitesse, poursuit-il. Ça fait en sorte que je suis un peu plus limité sur les distances plus courtes. C'est un peu dérisoire par rapport à ce que je peux produire sur les distances plus longues. »

Avec le temps, Larouche a trouvé un équilibre qui lui convient. Après un gros volume d'entraînement, l'automne est sous le signe du marathon. Le reste de l'année est consacré au travail de distances plus courtes sur la piste. « Sur l'ensemble de mes performances, la meilleure est au 10 000 m où je suis passé sous la barre des 30 min [NDLR : 29 min 55 s] », dit-il fièrement.

Dans l'attente d'une autre bonne performance, cette fois au marathon de Montréal ?