Andre De Grasse est peut-être un jeune homme riche, mais il ne porte pas de montre ornée de diamants, ni ne vit dans un chic appartement.

L'Ontarien de 21 ans a amorcé sa carrière professionnelle en signant un contrat de 11,25 millions US avec Puma en décembre, le plus lucratif contrat pour un athlète sortant de l'université de l'histoire de l'athlétisme. Avec les bonis, l'entente de plusieurs années pourrait rapporter 30 millions à De Grasse.

Mais le jeune sprinter étoile garde la tête froide et pense à son avenir. Il sait qu'il n'est peut-être qu'à une blessure de ne plus pouvoir pratiquer son sport.

«Je suis très jeune et en athlétisme, vous ne pouvez pas prévoir trop loin devant en raison des blessures, a déclaré De Grasse. Les carrières sont aussi plus courtes qu'au basketball, au baseball ou au hockey, par exemple. Ils disent que vous avez au maximum 10 ans. Alors vous ne pouvez pas dépenser comme vous voulez.»

Guidé par son agent Paul Doyle, ses avoirs sont soit placés à la banque, soit investis. Il reçoit une allocation mensuelle et doit faire un budget en conséquence.

«J'ai trop souvent vu des athlètes faire beaucoup d'argent, mais dépenser plus qu'ils n'en ont reçu. Alors j'ai tenté de responsabiliser mes athlètes», a expliqué Doyle, qui représente notamment l'heptathlonienne canadienne Brianne Theisen-Eaton et son conjoint, l'Américain Ashton Eaton, recordman mondial du décathlon.

«Andre prend ça à coeur. À chaque mois, quand on lui envoie son chèque de paie, il me demande combien il doit placer dans le compte pour les impôts, le compte pour les investissements et le compte pour ses dépenses, que nous limitons au minimum. Nous lui avons dit que s'il dépensait en voitures de luxe et vêtements griffés, il lui en resterait beaucoup moins à la fin de sa carrière. Là, si sa carrière dure 10 ans disons, il pourra se retirer avec beaucoup d'argent de côté.»

De Grasse conduit toujours une Honda Accord, le plus gros achat qu'il a fait à la suite de son passage chez les professionnels. Mais il songe à se procurer une Tesla.

«C'est bon pour l'environnement et elle offre de bonnes performances, a-t-il dit de la voiture électrique. J'aime beaucoup cette voiture, je suis même allé en essayer une l'autre jour.»

De Grasse a rencontré les médias lundi, à la suite de sa première nomination au sein de l'équipe canadienne d'athlétisme. Il a remporté le 100 m avec son premier chrono sous les 10 secondes de la saison, mais il a terminé troisième du 200 m derrière Brendon Rodney et Aaron Brown.

Il n'était pas enchanté des conditions aux essais nationaux, tenus à Edmonton. Un orage qui s'est abattu sur le site quelques instants avant leur course a entraîné un important délai.

«Il y a eu un report de deux heures. Je dois vraiment faire un meilleur travail de préparation la prochaine fois que ça se produira, a-t-il admis. Mais je voulais seulement prouver que j'étais en grande forme et me qualifier pour les deux épreuves.»

Il s'est aussi plaint de quelques blessures. Après une saison 2015 au cours de laquelle il a couru un ahurissant total de 54 fois, il a beaucoup moins couru cette année afin d'arriver à Rio dans une forme optimale.

«C'est difficile. Mon corps est meurtri: je ne suis pas habitué à courir quatre courses en deux jours. L'an dernier, j'ai fait cela souvent, alors je n'étais pas au sommet de ma forme en m'amenant à Edmonton. Je pense par contre qu'une fois rendu à Rio, je serai prêt pour six courses (les vagues des 100 et 200 m, les demi-finales et les finales).»

S'il atteint les finales de ces deux épreuves et qu'il participe relais 4X100 m, il courra sept jours d'affilée, du 13 au 19 août.