Quatre athlètes russes, dont la vice-championne d'Europe 2012 du 800 mètres Irina Maracheva, ont été suspendus pour dopage par le Comité olympique russe, alors que le pays lutte pour sa réintégration dans le giron sportif et pour éviter une suspension de ses athlètes aux JO de 2016.

La marcheuse Anna Lukyanova, 24 ans, vice-championne du monde junior du 10 km en 2010, a elle aussi été suspendue deux ans.

Yelena Nikulina et Maria Nikolayeva, spécialistes respectivement du 400 et du 800 m, ont écopé de quatre ans de suspension.

Ces sanctions interviennent le jour même de la venue à Moscou d'une commission d'inspection de la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF), qui a rencontré pour la première fois le nouveau président de la Fédération russe, Dmitri Chliakhtine.

Le Comité olympique russe n'a pas donné de détails sur ces suspensions, indiquant seulement s'être basé sur des documents transmis par l'IAAF.

«Suivant la ligne intransigeante qui est la nôtre dans notre combat sans concession contre le dopage, le Comité olympique a suspendu Maracheva et Lyukanova deux ans et s'est conformé à la décision de l'agence russe antidopage pour suspendre pendant quatre ans Nikulina et Nikolayeva», a annoncé l'organisation dans un communiqué.

La Fédération russe a pour sa part expliqué que des échantillons sanguins de Yelena Nikulina, prélevés le 1er juillet 2015, contenaient des traces de Turinabol, un stéroïde anabolisant. Les passeports biologiques des trois autres athlètes présentaient des profils hématologiques anormaux.

Depuis la publication du rapport de l'Agence mondiale antidopage (AMA) mettant en lumière un «dopage organisé» au sein de l'athlétisme russe, c'est seulement la deuxième fois que des athlètes sont suspendus.

Le 26 décembre, la spécialiste du fond et du demi-fond Alena Kudashkina, 21 ans, avait été suspendue 30 mois par le Comité olympique russe.

«Changements en altitude»

«Vous vous souvenez de cette époque où j'étais la seule athlète propre sur le podium?», a réagi sur Twitter Lynsey Sharp, médaillée d'or du 800 m aux championnats d'Europe en 2012.

Car outre l'athlète britannique et Irina Maracheva, initialement deuxième et troisième, la plus haute marche du podium était alors occupée par une autre russe, Elena Arzhakova, suspendue pour dopage en 2013 et déchue de son titre.

Zamira Zaytseva, l'entraîneur d'Irina Maracheva, a reconnu que la suspension de son athlète était due à des anomalies dans son passeport biologique, tout en clamant que la médaillée d'argent des championnats d'Europe 2012, âgée de 31 ans, était innocente.

«Dans son enfance, Irina a été victime d'un violent traumatisme crânien. Elle a été heurtée par une voiture et a eu une commotion cérébrale. Pour cette raison, ses données sanguines varient énormément en altitude», s'est-il justifié auprès de l'agence de presse russe TASS.

La Russie entend montrer qu'elle combat bel et bien le dopage pour réussir à convaincre l'IAAF de lever la suspension jusqu'à nouvel ordre de toute compétition internationale frappant les athlètes russes.

Le nouveau patron de l'athlétisme russe avait estimé juste après son élection que les athlètes russes avaient «50% de chances» de participer aux Jeux olympiques de Rio de Janeiro, en août.

Pour la Russie, le temps presse. En mars, les autorités russes devront donner au conseil de l'IAAF des éléments tangibles sur les «changements révolutionnaires faits dans l'athlétisme russe», selon les mots de Dmitri Chliakhtine.

Dès la sortie le 9 novembre du rapport dévastateur de l'AMA, mettant en lumière un système de dopage institutionnalisé, les responsables russes avaient promis qu'ils feraient tout pour se conformer aux demandes de l'IAAF et mettre fin au «dopage d'État» dénoncé dans le rapport.

Pour le Kremlin qui mise sur le sport pour briller sur la scène internationale, l'absence des athlètes russes aux Jeux olympiques de Rio serait en effet un nouveau coup dur alors que ses relations avec les Occidentaux sont au plus bas depuis deux ans.