Le Kényan David Rudisha sur 800 m, le Britannique Greg Rutherford à la longueur et l'Éthiopienne Genzebe Dibaba sur 1500 m ont signé du sceau des plus grands leur mainmise sur leurs disciplines respectives, mardi aux Mondiaux de Pékin.

David Rudisha, d'abord. Champion olympique historique en 2012 à Londres, avec à la clé le premier 800 m de l'histoire sous les 101 secondes (1:40,91), le Kényan a traversé 2013 comme une ombre, blessé à un genou en début de saison.

Contraint d'abandonner son titre mondial à Moscou à l'été 2013, il a réaffirmé le statut qui est le sien, mardi en Chine. Et il l'a fait de la plus remarquable des manières.

Champion olympique en accélérant sans arrêt à Londres, il s'est imposé mardi en gérant magistralement une course lente (1:45,83), devant le Polonais Adam Kszczot (1:46,08), champion continental, et le Bosnien Amel Tuka (1:46,30).

Quel que soit le schéma de course, Rudisha est le plus fort.

«Je suis ravi de cette médaille d'or. Cela représente beaucoup pour moi, en particulier après toutes ces déceptions. Pendant le dernier mois, j'avais un problème avec ma vitesse. Mais quand j'ai résolu ce problème, je savais: peu importe le rythme, lent ou rapide, je pouvais gagner», a commenté l'élégant Kényan.

C'est un peu le même refrain pour Greg Rutherford, heureux champion olympique de la longueur à domicile en 2012. Blessé en 2013 à Moscou, il n'avait pu continuer son règne. Mais depuis, quel régal!

Rutherford devient le cinquième athlète britannique de l'histoire à détenir simultanément les titres de champion olympique, champion du monde, champion du Commonwealth (2014) et champion d'Europe (2014) d'une même discipline.

«C'est la chose la plus incroyable qui soit. J'ai rêvé de ça toute ma vie», s'est exclamé le Britannique, qui possède un sautoir chez lui, à domicile.

Rutherford a assommé la concurrence avec son quatrième saut, alors qu'il pointait déjà en tête à l'issue des trois premiers avec 8,29 m.

Le Britannique n'a même pas effectué ses deux derniers sauts, alors que l'Australien Fabrice Lapierre se rapprochait dangereusement pour passer de 8,20 m à 8,28 m, médaille d'argent.

Le Chinois Wang, troisième avec 8,18 m, a permis au stade olympique, le Nid d'Oiseau, de joliment vibrer à chacun de ses essais, l'athlète se montrant très comédien dans l'approche de ses tentatives.

Dibaba, pour la famille

Et que dire de l'Éthiopienne Genzebe Dibaba?

Il y a un mois, à la réunion d'athlétisme de la Ligue de diamant à Monaco, elle avait stupéfait le monde de l'athlétisme en établissant un nouveau record du monde du 1500 m en 3:50,07. Elle effaçait ainsi un ancien record du monde qui appartenait à une Chinoise dont les méthodes d'entraînement, avec des décoctions de sang de tortues molles, laissaient songeur.

Dibaba n'a pas eu besoin mardi de s'approcher de sa marque référence. Dans une course qu'elle a mis sous pression à partir des 600 m, l'Éthiopienne de 24 ans a fait exploser tout le monde dans le dernier tour pour s'imposer en 4:08,09, et décroché le premier titre mondial en plein air de sa carrière.

«Ma soeur (Tirunesh) a été championne olympique ici même en 2008, alors je suis heureuse de partager cette expérience familiale», a souri l'athlète.

Deux autres titres ont été décernés mardi.

Au disque féminin, la Cubaine Denia Caballero s'est imposée dès son premier essai avec 69,28 m, précédant la tenante du titre croate Sandra Perkovic (67,39 m) et l'Allemande Nadine Müller (65,53 m).

Et le 400 m haies messieurs a vu une première: la victoire d'un Kényan, Nicholas Bett, auteur en prime de la meilleure performance mondiale de la saison (47,79).

Il a devancé le Russe Denis Kudryavtsev (23 ans) en 48,05, nouveau record national, et Jeffrey Gibson (25 ans) des Bahamas en 48,17, également un nouveau record national.