Tenue à l'écart des compétitions en plein air depuis les Jeux olympiques de Londres, à l'été 2012, la perchiste Mélanie Blouin doit prendre son mal en patience. Opérée pour une déchirure à un biceps, elle doit faire une croix sur la saison estivale pour la deuxième année consécutive.

Sur le coup, elle ne croyait pas la blessure si sérieuse. Pourtant, son «biceps droit s'est arraché complètement» lorsqu'elle a pris appui sur sa perche, à la fin du mois de février, lors des Championnats provinciaux universitaires, à l'Université Laval. «Je n'ai pas eu d'accident, je ne suis pas tombée, je n'ai rien fait d'inhabituel, raconte-t-elle en entrevue téléphonique. C'est juste arrivé comme ça dans mon saut. C'est quand même un feeling qui fait peur.»

L'examen préliminaire ne laissait aucun doute: rupture complète du tendon du biceps, une blessure plutôt rare chez les femmes et qui se produit le plus souvent chez des hommes de 40 à 60 ans.

Quatre jours après, Blouin était sur la table d'opération, un peu secouée par cette première blessure sérieuse depuis le début de sa carrière. «C'était difficile, parce qu'il n'y avait pas d'élément déclencheur. Dans ma tête, ça ne faisait pas de sens que ce soit arrivé. Il fallait accepter que je sois blessée.»

Deux mois plus tard, la mauvaise nouvelle est digérée. La cause de la blessure est probablement un blocage au poignet, qui a provoqué une réaction en chaîne. La première étape de la réadaptation a été de retrouver l'amplitude et la mobilité. La deuxième est de reprendre de la force. «Le muscle rapetisse de façon extrême, constate Blouin. Il n'y a aucune force dans le bras. C'est comme repartir à zéro musculairement.»

L'athlète de 23 ans reprend graduellement ses activités quotidiennes, entre deux examens de rattrapage pour son baccalauréat en nutrition. Elle a recommencé à jogger. «Tranquillement pas vite, ça revient. C'est encourageant de voir ça.»

La convalescence doit cependant durer de quatre à six mois. Elle ne pourra retrouver les perches avant la fin du mois d'août ou le début de septembre. Les Jeux du Commonwealth de Glasgow (du 23 juillet au 3 août), le rendez-vous le plus important de l'été, sont donc à oublier.

Mélanie Blouin avait vécu la même déception l'an dernier alors qu'une blessure au gros orteil a mis fin à sa saison extérieure avant même qu'elle ne commence. Les Championnats provinciaux universitaires de février représentaient son épreuve de rentrée.

«Ce n'est pas facile, mais je ne peux rien faire d'autre que de composer avec ça, observe-t-elle. Je vais faire tout ce que je peux sans mon bras. Dans les prochaines semaines, je vais commencer à faire des courses, des haies, du saut en longueur. C'est quand même une bonne préparation.»

Invitée-surprise aux JO de Londres, elle vise toujours ceux de Rio, en 2016, tout en affichant une dose de réalisme: «Ça me tente de répéter l'expérience et je vois que ce serait possible. Mais rendue (à ce niveau), c'est quasiment: on verra. C'est sûr que je vais m'entraîner pour être capable de me qualifier. Si ça arrive, tant mieux.»