C'est Usain Bolt qui a retenu toute l'attention dimanche en étant de nouveau parfait. Avec une récolte de trois médailles d'or à Moscou, le Jamaïcain est devenu l'athlète le plus récompensé en 30 ans d'histoire aux Mondiaux d'athlétisme.

Sa victoire au relais 4x100 mètres dimanche a fait oublier les douloureux souvenirs du titre au 100 m qui lui avait échappé il y a deux ans en Corée en Sud à cause d'un faux départ. De plus, avec un exploit similaire réalisé par Shelly-Ann Fraser-Pryce dans les épreuves de 100 m, 200 m et relais 4x100 m, Bolt fut la pièce maîtresse du premier balayage de la Jamaïque dans ces six épreuves de sprint.

Bolt tirait toujours de l'arrière sur Justin Gatlin lorsqu'il a obtenu le témoin pour la dernière portion de la course, mais les États-Unis ont bâclé le relais et sa foudroyante vitesse fut suffisante pour permettre à la Jamaïque, et lui, de se hisser en tête.

Il a ensuite serré les dents, s'est penché vers l'avant à la ligne d'arrivée, et a affiché un sourire de soulagement.

«Je n'étais pas vraiment préoccupé par Justin. Je savais que s'il attrapait le témoin devant moi, je pouvais le rattraper», a relaté Bolt. «J'ai donc abordé ma portion de l'épreuve en tentant de courir le plus rapidement possible.»

Et lorsqu'il le fait, personne ne peut l'en empêcher quand ça compte vraiment - en une demi-décennie, et ça continue.

«Ce n'est pas que du talent. Il faut aussi sauter sur l'occasion. Il comprend ce que ça signifie», a commenté Gatlin.

La Jamaïque, représentée par Bolt, Nesta Carter, Kemar Bailey-Cole et Nickel Ashmeade, a complété l'épreuve en 37,36 secondes, devant les États-Unis, médaillés d'argent.

Les Canadiens Justyn Warner, Aaron Kingsley Brown, Dontae Richards-Kwok et Gavin Smellie ont terminé troisièmes.

Ils avaient initialement pris le quatrième rang de l'épreuve, avec un chrono de 37,92 secondes, mais ont grimpé sur le podium à la suite de la disqualification de la Grande-Bretagne.

«Je suis sous le choc, particulièrement lorsque je pense à ce qui s'est passé l'an dernier», a dit Smillie. «Venir ici et remporter le bronze, c'est juste satisfaisant. Nous avons donné le meilleur de nous-mêmes et pouvons quitter Moscou avec la médaille de bronze.

«Ce n'est pas seulement notre exploit, c'est celui de tout le monde. Nous prendrons ces médailles et les montrerons à nos familles, à tous les Canadiens.»

Le bronze fut la cinquième médaille du Canada à cette compétition d'athlétisme, soit la meilleure récolte de l'histoire du pays aux Mondiaux.

Bolt avait déjà triomphé aux 100 et 200 m. Il s'agissait de son deuxième triplé en sprint aux championnats du monde, égalant les deux qu'il a réalisés aux Jeux olympiques.

Avec cette victoire, Bolt est devenu l'athlète le plus médaillé de l'histoire des Mondiaux d'athlétisme, avec huit médailles d'or et deux d'argent. Il a devancé Carl Lewis, qui avait récolté huit disques dorés, un d'argent et un autre de bronze.

«C'est juste formidable, a mentionné Bolt. Je vais poursuivre ma domination. Je vais continuer de travailler fort. Pour moi, mon objectif est de continuer à travailler fort afin d'atteindre de nouveaux sommets.»

La Russie au sommet

Les États-Unis ont échoué dans leur tentative de mener au tableau des médailles pour la première fois depuis les premiers championnats du monde à Helsinki, il y a 30 ans. C'est plutôt la Russie qui a dominé avec sept médailles d'or, contre six pour les États-Unis et la Jamaïque. Au classement total des médailles, les États-Unis ont dominé avec 25, soit beaucoup plus que les 17 du pays hôte.

Avec un doublé aux épreuves intermédiaires dimanche, le Kenya s'est assuré d'être le meilleur pays africain de la compétition - devant son voisin, l'Éthiopie.

Asbel Kiprop a défendu avec succès son titre au 1500 m en offrant une accélération irrésistible lors de la dernière ligne droite. L'Américain Matthew Centrowitz s'est emparé de la médaille d'argent, tandis que le Sud-Africain Johan Cronje complétait le podium.

Eunice Sum a savouré son premier titre majeur en carrière lorsqu'elle s'est accrochée pour vaincre la championne olympique russe Mariya Savinova au 800 m féminin.

La Russie espérait ajouter une autre médaille d'or à sa collection au javelot féminin, mais la championne en titre Maria Abakumova a déçu en se contentant du bronze. C'est plutôt l'Allemande Christina Obergfoell qui a obtenu son premier titre majeur à 31 ans, surpassant l'Australienne Kimberley Mickle.

Les surprises se sont succédé dimanche au triple saut, où le champion en titre et olympique américain Christian Taylor a abouti au pied du podium. Le Français Teddy Tamgho a triomphé, tout juste devant le Cubain Pedro Pichardo.

Tamgho et Pichardo étaient à égalité à 17,68 m vers la fin de la compétition, mais Tamgho a fait la différence sur son dernier saut lorsqu'il a franchi 18,04 m pour acquérir son premier titre mondial.