Le coureur Alex Genest a beau avoir été prévenu, il n'a pas échappé au blues post-olympique après les moments grisants vécus aux J.O. de Londres, l'été dernier.

«C'est tellement un gros buzz», dit Genest, spécialiste du steeple qui a raté la finale par une demi-seconde dans la capitale britannique. «On m'en avait parlé: "Tu vas voir, ce sera peut-être un peu plus dur après." Mais je ne pensais pas que ça allait être ce genre de plus dur...»

Rien de dramatique, mais à son retour à Guelph, où il vit depuis 2009, son rythme de vie a changé. Il a fini son baccalauréat en nutrition, sa blonde a commencé à travailler à temps plein, son fils Arno est entré à la garderie. «On s'entend que ce ne sont pas de grands changements, mais ça modifie beaucoup la routine.»

Lui, le papa/athlète/étudiant toujours occupé, a soudainement ressenti un grand vide. Au point de se dire: «Eh! Ça va pas bien, moi!»

Avec le recul, Genest estime qu'une pause complète d'un mois ou deux aurait été nécessaire avant d'attaquer le prochain cycle olympique.

En ce sens, une blessure subie à l'hiver a presque été une bénédiction. Il a mis du temps à découvrir qu'un nerf coincé dans son dos était à l'origine d'une douleur à un quadriceps qui avait l'effet d'une «décharge électrique».

Incapable de courir pendant trois semaines, il a profité d'un enneigement exceptionnel à Guelph pour se remettre au ski de fond, un sport qu'il pratiquait plus jeune dans son Lac-aux-Sables natal.

Le coureur de 26 ans a dû tirer un trait sur les compétitions en salle. Il amorcera donc sa saison un peu à froid, demain, au Stanford Invitational de Palo Alto, en Californie. «J'ai un bon cinq semaines d'entraînement avec piste et tout, mais j'aime avoir un bon deux mois d'habitude, constate-t-il. Ce n'est pas grave. Ça va venir plus tard. Il faut juste que je sois patient. Mais ça, c'est une autre histoire!»

Compte tenu des circonstances, Genest a dû tempérer les ambitions de son entraîneur, Dave Scott-Thomas, qui le voyait intégrer le top 12 mondial dès cette année.

«J'aime mieux être un peu plus réaliste et après, voir grand, précise le triple champion canadien. Parce que ça me mettait trop de pression. Il a fallu qu'on s'assoie et que je lui dise: "Là, ça ne va pas, on essaie de trop en faire en même temps."»

Scott-Thomas lui a répondu de ne pas se torturer, d'oublier le chrono et de se concentrer sur son effort. «Finalement, il m'a juste dit ce que je voulais entendre!» constate Genest dans un éclat de rire.

Son plan est clair: refaire ses temps de l'an dernier. «Après, on va pousser plus», annonce celui qui avait couru en 8:22 aux J.O. de Londres. Le standard A pour les Mondiaux de Moscou (du 10 au 18 août) a été fixé à 8:26.

Le meeting de Stanford sera suivi par le Golden Grand Prix de Tokyo, le 5 mai. Signe que Genest assoit tranquillement sa réputation sur la scène internationale - et que son agent fait du bon travail -, il a reçu une invitation-surprise pour la prestigieuse rencontre Diamond League de Shanghai, le 18 mai. Lire par là que tous ses frais sont couverts par l'organisateur.

«Ça va me mettre dans le bain et me montrer où j'en suis», se réjouit Genest, qui en sera à sa deuxième expérience en Diamond League, le niveau de compétition le plus relevé en athlétisme. Un retour en douceur, donc, mais pas trop.

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ALEX GENEST ET LE 3000 M STEEPLE

Son record personnel: 8:19,33 (2011)

Son temps aux Jeux olympiques de Londres: 8:22,62

Le record canadien: 8:12,58 (Graeme Fell, 1985)

Le record du monde: 7:53,63 (Saif Saaeed Shaheen, Qatar, 2004)