Courra, courra pas? La question taraude les participants au 43e marathon de New York, qui doit se tenir dimanche. Mais, même si l'ouragan Sandy a mis des bâtons dans les roues des organisateurs de la course, ceux-ci se veulent rassurants.

Le marathon de New York aura lieu comme prévu, martèle depuis lundi Mary Wittenberg, la présidente du New York Road Runners (NYRR), qui organise l'événement auquel participeront plus de 47 000 coureurs, dont 1600 Canadiens. «C'est une période très difficile pour les gens et la Ville de New York, a déclaré le NYRR, hier en fin de journée, par voie de communiqué. La Ville met à juste titre l'accent sur l'évaluation, la restauration et la récupération.»

L'organisme souligne que le marathon a toujours été un jour spécial pour les New-Yorkais et un symbole de vitalité et de résilience. «NYRR continue d'aller de l'avant avec sa planification et sa préparation, dit le communiqué. Nous gardons toutes les options ouvertes en vue d'apporter les ajustements nécessaires pour le jour de la course et les événements du week-end.»

Lundi, au moment où Sandy commençait à souffler sur la Grosse Pomme, Mary Wittenberg se disait «extraordinairement chanceuse» que le marathon n'ait pas lieu cette journée-là. Et le lendemain et le surlendemain, aurait-elle pu ajouter. Au réveil hier matin, les New-Yorkais ont constaté l'ampleur des dégâts. Arbres déracinés, rues inondées, métro fermé et nombreuses pannes d'électricité. Sandy avait semé le chaos dans la ville de 8,2 millions d'habitants.

Aucun dégât majeur ne semble avoir été observé sur le parcours de la course qui s'étend de Staten Island à Manhattan, en passant par Brooklyn, le Queens et le Bronx. La plupart des rues qui seront empruntées par les participants se situent à l'extérieur des zones à fort risque d'inondation. Central Park, où les coureurs termineront leur course, aura toutefois besoin d'un grand nettoyage afin que soient retirées les nombreuses branches qui jonchent le sol. New York Road Runners devra aussi remplacer le pavillon temporaire qui avait déjà été installé sur le site. Une course pour enfants, prévue demain dans le parc, a été déplacée à l'intérieur.

«J'ai tellement investi de temps»

L'annulation du marathon est inconcevable pour bon nombre de Québécois inscrits. «Je me suis entraîné pendant quatre mois, confie Michel Cusson, qui espère boucler, pour la première fois dimanche, un marathon en moins de trois heures. J'ai tellement investi de temps! Ça ne peut pas ne pas avoir lieu. Je veux juste avoir la chance de prendre le départ. Je m'en fous si je dois enjamber des billots et contourner des bancs de parc par terre!»

Avec l'aide de 700 employés à temps partiel et 8000 bénévoles, l'organisation du marathon estime avoir assez de temps pour permettre la tenue de l'événement comme prévu. En plus du marathon de dimanche, une course de cinq kilomètres est prévue samedi.

Entraîneur du club McGill et habitué des marathons, Robert Demers ne doute pas de l'efficacité des New-Yorkais. «Habituellement, les Américains se remettent sur pied assez rapidement, note celui qui en sera à sa troisième participation au marathon de New York. Après le 11 Septembre, le marathon a eu lieu comme prévu. C'était plusieurs semaines après, mais ça avait secoué la ville encore plus qu'aujourd'hui.»

La question des transports inquiète

Plus que les débris, c'est la question des transports qui inquiète. La plupart des aéroports de l'agglomération new-yorkaise, notamment ceux de JFK, La Guardia et Newark, étaient fermés hier. Près de 16 000 vols avaient déjà été annulés. On ignorait toujours hier comment plusieurs des 20 000 participants étrangers parviendront à se rendre sur place. Un coureur élite italien a notamment dû changer son vol pour Miami et Hartford. Les coureurs kényans, qui arrivent habituellement le mardi avant la course, sont également aux prises avec des retards. «De Montréal, nous sommes chanceux parce qu'on peut s'y rendre par voie terrestre, note Béatrice De Lempdes, qui prendra part à ce marathon pour une deuxième année. Le marathon de New York est vraiment particulier et cette année, ce le sera plus encore, souligne-t-elle. J'en ai fait beaucoup et ça ne ressemble à aucun autre.»

Pour faire face aux éventuels retards, la période de récupération des dossards a été prolongée. Pour ceux qui ne pourront faire le voyage, la date limite pour annuler son inscription et bénéficier d'une place garantie pour l'an prochain a été remise à samedi.

Sur place, les déplacements risquent cependant d'être difficiles pour tous. Le maire de New York, Michael Bloomberg, a annoncé hier qu'il faudra encore de quatre à cinq jours pour remettre en service le métro. «Mon père vit à New York depuis 40 ans et il dit qu'il n'a jamais vu tant de dégâts», affirme Rachel Viain, une coureuse de Montréal qui, comme les autres, compte bien être derrière la ligne de départ dimanche.