Le coureur de haies Gabriel El Hanbli l'avoue franchement: la déliquescence du milieu de l'athlétisme québécois a précipité son départ pour les États-Unis, il y a deux ans.

«Quand je suis parti, la fédération était à son plus bas», affirme l'athlète originaire de Repentigny, formé par l'entraîneur José Sant. «Ce n'était pas agréable de concourir au Québec. Il y avait toujours du retard, des personnes ne se présentaient pas. Il n'y avait presque pas de soutien ou d'argent.»

Champion canadien du 400 m haies à 20 ans, El Hanbli a été recruté par l'Université Baylor, au Texas, «la Mecque du 400 m aux États-Unis». Il y a rejoint le légendaire entraîneur Clyde Hart, mentor du détenteur du record du monde du 400 m et quadruple champion olympique Michael Johnson. Hart a aussi mené Jeremy Wariner et Sanya Richards vers l'or olympique.

Le «rêve», quoi, avec «toutes les conditions idéales pour [s]'entraîner».

Or El Hanbli ne passait que quelques fois par semaine avec Hart. La forme des entraînements, axés sur le collectif plutôt que sur les particularités individuelles, ne lui convenait pas. «Il y avait trop d'encadrement, explique le Québécois. C'était comme retourner vivre chez ses parents! Je suis plus un athlète autonome, indépendant. Je n'étais pas à l'aise là-dedans.»

Surtout, les exigences du calendrier du circuit de la NCAA ont considérablement nui à sa saison extérieure, juge El Hanbli. «Pendant que tous mes coéquipiers étaient en pause, moi, je continuais à m'entraîner pour les championnats canadiens. Je n'étais plus en forme pour le reste de l'année.»

El Hanbli est revenu au Québec et s'entraîne désormais avec le club de l'Université Laval. «Je suis quand même choyé, dit le deuxième des derniers championnats canadiens. Le coach est ouvert d'esprit et les installations sont très belles par rapport à Repentigny. On ne peut pas comparer ça aux États-Unis, mais pour le Québec, je suis impressionné.»

Malgré tout, El Hanbli ne regrette aucunement son séjour américain. Il le recommanderait «à 100%» à quiconque voudrait suivre ses traces.