Paula Findlay ne cherchait certainement pas à mettre Triathlon Canada dans l'embarras lorsqu'elle a révélé cette semaine avoir souffert d'anémie aux Jeux de Londres. Mais c'est exactement l'effet qu'a eu l'aveu publié sur le blogue de la triathlonienne.

Comment une organisation financée à coups de millions par À nous le podium a-t-elle pu inscrire aux Jeux olympiques une athlète anémique? Triathlon Canada, qui a ouvert une enquête, cherche maintenant à répondre à cette question.

Lors du triathlon olympique à Londres, Findlay a connu une course misérable. Elle a terminé l'épreuve en pleurs, bonne dernière, tout en demandant «pardon» aux Canadiens. L'athlète de 23 ans se remettait d'une blessure à la hanche qui l'avait tenue éloignée de la compétition pendant des mois.

À son retour de Londres en août, Findlay s'est joint à un centre d'entraînement en Ontario où on lui a fait des prises de sang. C'est là que sa déficience en fer a été détectée. Des tests subséquents sur des prises de sang datant du printemps - soit quelques semaines avant les Jeux - ont décelé le même problème.

«Crise de leadership»

«Beaucoup de gens sont impliqués ici et il va falloir déterminer qui savait quoi, et ce qui a été fait. Pour le moment je n'en sais pas assez pour pointer quiconque du doigt», a dit au Globe and Mail le directeur de Triathlon Canada. Alan Trivett a tout de même admis que sa fédération souffrait «d'une crise de leadership».

L'anémie, une déficience en fer, peut engendrer fatigue chronique et faiblesse chez les athlètes qui en souffrent. Findlay était considérée comme l'un des plus brillants espoirs du triathlon féminin avant une blessure à la hanche subie en juillet 2011. L'anémie pourrait expliquer en partie sa course désastreuse à Londres cet été.

Trivett a par ailleurs admis du bout des lèvres avoir été au courant des problèmes de Findlay. «Je sais qu'il y a eu certaines discussions autour de ses niveaux de fer dès le printemps, explique le directeur de Triathlon Canada au Globe. Et je sais hors de tout doute qu'on lui a recommandé de prendre des suppléments de fer. J'ai maintenant le sentiment que ça ne s'est pas produit et je ne sais pas pourquoi.»

Mais au moins une source proche de la fédération fait valoir que l'athlète d'Edmonton était sous entraînée. Dans la foulée de sa blessure de juillet 2011, Findlay n'aurait recommencé à courir qu'au mois de mai dernier, soit tout juste deux mois avant les Jeux olympiques.

Pourquoi, dans ces conditions, Triathlon Canada a-t-il envoyé la jeune athlète à Londres? La Presse aurait aimé poser la question à l'organisation, mais M. Trivett n'a pas voulu répondre à nos questions, hier. Un porte-parole a fait valoir que l'organisation «allait régler ce dossier à l'interne à partir de maintenant.»

Dans les quatre ans menant aux Jeux de Londres, Triathlon Canada a reçu 2,4 millions d'À nous le podium.