Le sprinter jamaïcain Usain Bolt, sextuple champion olympique, est en quête de renouveau, avec le désir de saut en longueur aux JO-2016 à Rio, un choix qui lui permettrait d'affronter la triple problématique de la motivation, de la succession et du défi.

La mégastar de l'athlétisme a atteint à Londres son objectif suprême: conserver les titres olympiques de Pékin (100/200/4x100 m) pour devenir une «légende vivante», comme il se définit désormais.

Mais, dans la solitude du trône, comment trouver la flamme pour repartir à l'assaut d'une 3e olympiade? Étant entendu que s'il domine encore ses adversaires, Bolt ne retrouvera probablement jamais l'ivresse de l'été 2009. Quand, aux Mondiaux de Berlin, il avait porté les records des 100 et 200 m à leurs sommets actuels (9.58 et 19.19). C'est que le temps -biologique celui-là- n'accorde aucune faveur.

«Il s'agit d'avoir des buts différents, il y a beaucoup de choses que je peux faire dans le sport (...) Mon entraîneur voudrait que je me mette au 400 mètres, moi je veux essayer le saut en longueur», a indiqué Bolt à la chaîne Sky News.

Succession assurée

«Lightning» (la Foudre) aborde le sujet de sa succession depuis quelque temps. Yohan Blake, son cadet de trois ans et partenaire d'entraînement à la cour de Glen Mills à Kingston, s'y prépare d'ailleurs.

Sorti vainqueur des joutes des sélections nationales, Blake a retrouvé son rang de dauphin à Londres, avant l'apothéose collective du relais, ponctuée d'un record du monde à la clé (36.84).

Mais, Bolt, qui n'aspire qu'à une chose - «terminer la saison sans blessure»-, n'est pas dupe. Il n'a que 26 ans certes, mais aussi dix ans de carrière derrière lui et un dos à préserver. L'écart s'est resserré entre lui et «La Bête», le surnom dont il a affublé Blake.

La réunion d'athlétisme de Lausanne a confirmé jeudi soir la tendance. À défaut de «belle», les deux meilleurs sprinters de la planète se sont confrontés à distance. Et le chrono de «The Beast» au 100 m (9.69) vaut plus que celui réalisé par Bolt sur le demi-tour de piste (19.58).

«J'ai beaucoup travaillé les départs avec mon entraîneur et cela a payé. J'ai l'impression de courir de plus en plus vite», a déclaré le cadet (22 ans).

À ce train, Blake menace directement le record du monde du 200 m, qu'il aura en point de mire dans deux semaines à Bruxelles, où il avait «claqué» 19 sec 26 l'an dernier malgré une mise en action médiocre.

S'ouvrir à la longueur serait aussi pour l'icône jamaïcaine l'occasion de «clouer le bec» à Carl Lewis, l'ex-vedette américaine des années 80. Lewis a récemment laissé planer le doute du dopage sur les performances de Bolt.

Pour le champion de l'Alabama, qui promenait son élégance avec autant de succès dans les épreuves de vitesse que sur les sautoirs (quadruple champion olympique de la longueur), il n'y a pas de grand sprinter qui vaille sans saut en extension. Le mythique Jesse Owens avait montré la voie avant la Seconde Guerre mondiale.