La planète marathon est en ébullition. Même le Canada participe à la fête. À sa modeste façon.

Il semble ne plus se passer une semaine sans qu'un temps ahurissant ne soit établi sur 42,195 km. Vainqueur dimanche du marathon de New York, le Kényan Geoffrey Mutai est le dernier en lice. Sans lièvre et sur un parcours réputé difficile (ponts et nombreux virages), il a gagné l'épreuve en 2h05 min 06 sec, retranchant 1 min 37 sec au record vieux de 10 ans.

Au printemps, le même Mutai a réussi l'exploit de courir le marathon de Boston en 2h03 min 02 sec, le chrono le plus rapide de tous les temps. Le temps n'a pas été homologué par l'IAAF car l'épreuve ne se court pas en boucle et que le parcours présente un léger dénivelé favorable.

Le record mondial de l'Éthiopien Haile Gebreselassie (2h03 min 59 sec, Berlin, 2008) n'a résisté que quelques mois de plus. Le 25 septembre, aussi sur le parcours plat de Berlin, le Kényan Patrick Makau a franchi la distance en 2h03 min 38 sec. Puis, Wilson Kipsang, un autre Kényan, partenaire d'entraînement de Mutai, a frôlé ce temps à Francfort à la fin octobre. Son chrono de 2h03 min 42 sec est le deuxième de l'histoire.

Parmi les 25 meilleurs performeurs de l'histoire, 11 ont réussi leur temps en 2011.

Trois Canadiens sous les 2h13 min!

Dans une moindre mesure, les marathons canadiens ont eux aussi connu une journée remarquable. Le 16 octobre, à Toronto, deux d'entre eux ont réussi le standard de qualification pour les Jeux olympiques de Londres.

À son quatrième marathon à vie, Reid Coolsaet, 32 ans, a couru en 2h10 min 55 sec, se donnant une confortable marge de 34 secondes sur le standard. Son coéquipier et partenaire d'entraînement, Eric Gillis, 31 ans, a eu plus chaud. En 2h11 min 28 sec, il a obtenu le critère par une petite seconde. Coolsaet et Gillis seront les deux premiers représentants canadiens au marathon olympique depuis Bruce Deacon, à Sydney, en 2000.

«En ce moment, au Canada, il y a un paquet de gars qui s'entraînent fort pour le marathon, a souligné Coolsaet en entrevue téléphonique quelques jours plus tard. Il est intéressant de noter que Dylan Wykes était le troisième Canadien à Toronto avec un temps de 2h12 min 56 sec. Trois Canadiens sous les 2h13, c'est presque incroyable si l'on considère ce qui se faisait il y a quelques années seulement.»

Heureux de sa qualification olympique, d'autant plus qu'elle a été réussie dans des conditions venteuses, Coolsaet, un ancien coureur de 5000-10 000 m, s'en voulait d'avoir raté le record canadien, son véritable objectif. Jerome Drayton, sixième au marathon olympique de Montréal, avait couru 2 h 10 min 09 sec à Fukuoka, au Japon, l'année précédente. Il s'agit du plus vieux record canadien en athlétisme.

«J'ai fait 16 min 30 sec entre les km 36 et 41, soit au moins une minute de plus que tous les autres 5 km, a raconté Coolsaet. Je ne faisais que penser à quel point je courais lentement, jamais au temps mis en banque plus tôt dans la course... Quand j'ai vu 2h10 sur le tableau en sortant du virage, j'étais vraiment surpris.»

Peut-être à Londres...

Coolsaet est plus persuadé que jamais que la vieille marque de Drayton est à sa portée. Peut-être à Londres, l'été prochain, même si les considérations tactiques propres à une course de championnat risquent de plomber les chronos. «Mon temps devrait me classer parmi les 30 premiers au départ, mais j'aimerais faire mieux. Comme j'aime le risque un peu, j'aimerais probablement tenter ma chance pour un top 10», a jugé Coolsaet, qui fera un stage de 6 semaines au Kenya en début d'année.

Martin Goulet, chef de la direction technique nationale à Athlétisme Canada, croit qu'un résultat parmi les 16 premiers serait déjà un bel accomplissement. «Beaucoup d'athlètes croulent sous la pression lors des championnats, y compris des gars déjà sous les 2h10, a-t-il rappelé. Cela dit, ces gars-là sont très bien coachés (par Dave Scott-Thomas). Leur capacité à performer au bon moment est déjà un indice d'une bonne planification annuelle.»

D'ici la fin de la période de qualification, en avril, Coolsaet et Gillis seront peut-être rejoints par un autre compatriote. Simon Bairu, de Regina, est considéré par plusieurs comme le plus sérieux prétendant au record de Drayton. Détenteur du record national au 10 000 m et ancien spécialiste de cross-country, il a fait l'impasse sur le marathon de Toronto, jugeant sa forme insuffisante. Il tentera sa chance pour le standard olympique le 15 janvier à Houston.

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LE MARATHON ET SES RECORDS



Temps le plus rapide de l'histoire*: Geoffrey Mutai(KEN) 2 h 03 m 02 s, à Boston, 18 avril 2011

Record mondial: Patrick Makau (KEN) 2 h 03 m 38 s, à Berlin, 25 septembre 2011

Record canadien: Jerome Drayton, 2 h 10 m 09 s, à Fukuoka, 7 décembre 1975

Record québécois: Alain Bordeleau, 2 h 14 m 19 s, à Ottawa, 13 mai 1984

*Non homologué