Victor Conte, l'ex-directeur du laboratoire américain Balco à l'origine du scandale de 2004, accuse de dopage les huit finalistes du 100 m des JO 2000, dans une interview à la Gazzetta dello sport, jeudi, où il estime également qu'aujourd'hui «65% des athlètes sont sous stéroïdes».

«À Sydney, en finale du 100 m messieurs, ils l'étaient tous (dopés)», assure Conte. Lors de la finale du 100 m dames des Mondiaux 2003, où l'Américaine Kelly White avait gagné avant d'être contrôlée positive, «cinq autres finalistes étaient dopées: j'ai fourni moi-même les produits», explique-t-il.

«Je pense qu'avant l'affaire Balco, 80% des athlètes étaient sous stéroïdes, et qu'aujourd'hui ils sont 65%», ajoute Victor Conte, assurant également qu'il cherche à collaborer avec l'Agence mondiale antidopage (AMA).

«Je me suis mis à disposition, noms, adresses, sites web, protocoles... Mais vous savez ce qu'on m'a répondu? Qu'on ne peut pas se fier à quelqu'un qui a été condamné», a-t-il ajouté.

Il explique par exemple avoir signalé «la période pendant laquelle intensifier les contrôles: le dernier trimestre de l'année précédant une grande compétition. S'ils pensent les attraper pendant des Jeux olympiques ou un Mondial, ils donnent des coups d'épée dans l'eau».

À Sydney, les huit finalistes du 100 m des JO 2000 étaient l'Américain Maurice Greene, le vainqueur, le Trinidadien Ato Boldon, 2e, le Barbadien Obadele Thompson, les Britanniques Darren Campbell et Dwain Chambers, le Ghanéen Aziz Zakari et l'Américain Jon Drummond et le Kititien Kim Collins, champion du monde en 2003.

Soupçons sur Bolt et le sprint jamaïcain

L'ex-mentor de l'athlète américaine Marion Jones évoque également ses soupçons sur les succès du sprint jamaïcain et sa vedette, Usain Bolt.

«Au Mondial 2001, les athlètes d'une nation caribéenne qui n'est pas la Jamaïque m'ont raconté qu'un médecin de l'équipe fournissait de la testostérone, l'EPO et d'autres types de stéroïdes. Je le sais parce que je me suis procuré de l'EPO directement auprès de lui», dit Conte.

«Le même informateur me dit aujourd'hui qu'avant Pékin (JO 2008), ils ont appliqué le protocole Balco, le mien, en Jamaïque. Je n'ai pas de preuves mais il suffit de regarder les résultats: j'ai de fortes suspicions sur (Usain) Bolt et les autres».

Il «croit» enfin que Lance Armstrong, sept fois vainqueur du Tour de France, sur qui planent des soupçons de dopage, est «faux comme un billet de 3 dollars» (qui n'existe pas, ndlr), mais qu'il serait «absous par un tribunal».

Victor Conte a été le directeur du laboratoire californien Balco, au coeur d'un vaste scandale de dopage organisé qui avait notamment permis de découvrir l'utilisation du THG (tétrahydrogestrinone).

Le scandale avait secoué notamment l'athlétisme et le football américain à partir de 2003 et abouti entre autres à la fin de carrière prématurée de l'Américain Tim Montgomery, ex-détenteur du record du monde du 100 m, et à l'incarcération pour parjure de Marion Jones, la star des JO de Sydney (trois médailles d'or).

Conte avait reconnu ses responsabilités en 2005 et purgé une peine de quatre mois de prison.