Laurent Godbout est le nouveau directeur général de la Fédération québécoise d'athlétisme, présidée par Bruny Surin. Il succède à Jean-Paul Baert, qui a pris sa retraite plus tôt cette année après 20 ans à la tête de l'organisation. Rencontre avec le nouveau et fringant patron.

Quand la Fédération québécoise d'athlétisme a ouvert le poste de directeur général, Laurent Godbout s'est d'abord dit qu'il n'aimerait pas être dans les chaussures du nouvel élu. Six mois plus tard, le voilà qu'il nous reçoit dans ses nouveaux bureaux de directeur général au local de la fédération, situé au bout d'un couloir dans les catacombes du Stade olympique.

«Comme quoi l'être humain est une bibitte pleine de contradictions», lâche Godbout, 54 ans, qui a quitté un emploi de réalisateur au contenu à Radio-Canada Sports pour plonger dans une aventure dont il ne connaît pas encore toutes les frontières.

À sa deuxième journée en poste, hier, il sortait d'une réunion avec les trois employés de la place. «C'est un grand défi et c'est complètement différent de ce que je faisais à Radio-Canada, une grosse organisation où les gens étaient payés pour faire ce qu'ils font. Ici, à part trois employés, je travaillerai avec des bénévoles, des entraîneurs de club. Dans un milieu que j'ai toujours aimé.»

Sur un coin de son bureau, une boîte de chocolats coréens ramenée des derniers Championnats du monde de Daegu, où il était en «vacances». Comme aux précédents Mondiaux de Berlin, en 2009, ou aux tout premiers, ceux d'Helsinki, en 1983.

À l'époque, Godbout était coureur de demi-fond de niveau provincial, à vocation un peu tardive. Il éditait la défunte revue Athlétisme et Course sur route, prélude à une carrière d'une vingtaine d'années dans les médias, d'abord comme collaborateur à La Presse, puis chez Serdy Vidéo et Radio-Canada.

Avec toujours un oeil sur l'athlétisme, sa passion. Et il veut qu'on en parle. «Les gens de l'athlétisme n'ont aucune idée de la perception que les gens ont de notre sport, souligne-t-il. On n'existe pratiquement pas. Je veux qu'on entende parler de nous.» Ça commencera par Athlétismeplus, le nouveau magazine virtuel de la FQA.

Godbout vise l'union des trois grandes «familles» de l'athlétisme: la course sur route, le réseau scolaire et les clubs civils. «Je vais pratiquer une politique de portes ouvertes pour tous ceux qui font de l'athlétisme. Tout le monde fait partie de la même famille.»

Sur le plan de l'élite, il reconnaît la faiblesse de la représentation québécoise au sein des équipes canadiennes. Pour les Jeux olympiques de Londres, une demi-douzaine de candidats se démarquent, essentiellement les mêmes qui étaient à Daegu: les coureurs Alex Genest, Kimberly Hyacinthe et Lemlem Bereket Ogbasilassie et la lanceuse Julie Labonté.

«Il y a quelques long shots, mais il ne faut pas se leurrer : il n'y aura pas 10 athlètes québécois comme aux Jeux olympiques de Séoul, indique Godbout. Il faut travailler tout de suite pour Rio 2016.»

Il pense entre autres à Olivier Collin (1500 m), Annie Leblanc (800 m), Gabriella Duclos-Lanier et Mélanie Blouin (perche). Sans compter celle qui connaît une éclosion tardive, Karine Belleau-Béliveau, une athlète de 27 ans qui a couru le 800 m en 2:02,23, le 18 septembre à Milan, une progression de 3,67 secondes en un an.

Godbout adorerait la voir à Londres, même si le standard est costaud: «Karine, c'est un accident de parcours, souligne-t-il. Le système dit qu'elle a 27 ans, mais son corps n'a que trois ans et demi d'entraînement. C'est un bébé.»

Sans se lancer dans la «microgestion», Godbout veut soutenir le mieux possible ces athlètes de pointe et leurs entraîneurs. À terme, il aimerait augmenter la masse critique de ceux qui atteignent l'élite. Rendre l'athlétisme «plus accessible, que ce ne soit pas quelque chose de rebutant».

Comment? «Honnêtement, je ne sais pas encore... Il faut rendre le sport attrayant, plus cool pour les jeunes, qui ont besoin de gratification très rapide. Mais en athlétisme, même les plus talentueux comme Bruny ont dû travailler fort pour obtenir des résultats...»