Le ciel est tombé sur la tête de «L'Éclair» Usain Bolt, la supervedette de l'athlétisme mondial disqualifiée dimanche pour faux départ en finale du 100 m des Mondiaux de Daegu, sous les yeux médusés du monde entier, privé du spectacle le plus attendu de la semaine.

Il était le seul à sourire et à faire le spectacle avant le départ: il aura été le seul à ne pas franchir la ligne d'arrivée.

Hurlant sa rage torse nu après avoir jeté son maillot, tapant dans les murs, tournant comme un lion en cage après sa faute irréparable, le triple champion olympique et du monde a croqué avec trop de gourmandise une course qui lui tendait les bras.

«Dans la chambre d'appel, il était comme d'habitude à plaisanter avec tout le monde», indique le Français Christophe Lemaitre, 4e en 10.19 d'une finale remportée par l'autre Jamaïcain Yohan Blake (9.92), principal adversaire de Bolt, et dont le titre mondial passera probablement inaperçu même s'il fait de lui le plus jeune champion du monde de l'histoire.

Car la faute de Bolt est spectaculaire: le géant jamaïcain est bien le seul à partir en mouvement avant le coup de feu du starter. 104/1000e de seconde, diront les chronométreurs. Un gouffre dont Bolt seul détient l'explication.

D'habitude si prompt à parler, le champion s'est tu. Seul un «Fuck» (merde, NDLR) est venu tordre son visage alors que le Jamaïcain prenait conscience de son erreur, comme un écho négatif à son «Let's go» très sonore lancé pour s'encourager au moment de s'installer sur les blocs de départ.

Et une laconique réaction transmise par la Fédération internationale laisse perplexe: «Je n'ai rien à dire maintenant. J'ai besoin de temps. Est-ce que j'irai sur le 200 m? C'est vendredi c'est ça? Alors on verra ça vendredi», lâche-t-il.

Pistorius au rendez-vous

Bolt est un habitué des faux départs. Il avait déjà - presque - connu pareille mésaventure au Mondial-2009, signant un faux départ sur 200 m. Mais la règle était alors différente et offrait au coureur une seconde chance. Bolt avait su la saisir pour, évidemment, conquérir le titre par la suite.

Cette fois-ci, pas de parachute doré. Et c'est presque une conclusion logique à l'hécatombe qui a frappé l'épreuve-reine de l'athlétisme cette saison, décapitée au final de ses quatre meilleurs spécialistes: Bolt sur faux départ, Tyson Gay sur blessure à la hanche, Asafa Powell à cause de ses adducteurs et Steve Mullings pour dopage.

Bolt devra maintenant se remettre rapidement de cet immense coup de semonce s'il ne veut pas passer à côté de ses Mondiaux. Le 200 m, à partir de vendredi, et le relais 4X100 dimanche prochain l'attendent. Le monde entier aussi.

Ce dimanche, l'autre moment historique est venu du tour de piste effectué par le Sud-Africain Oscar Pistorius, premier champion paralympique à participer à des Mondiaux avec les valides.

Pistorius, amputé des deux jambes à 11 mois et qui court avec deux prothèses, a bien été au rendez-vous, qualifié pour les demi-finales du 400 m (45.39).

Pour le reste, la journée aura paradoxalement plutôt été favorable aux tenants du titre: l'Américain Trey Hardee au décathlon, sa compatriote Brittney Reese à la longueur dames, le Russe Vitaliy Borchin sur 20 km marche sont restés les maîtres. Belle première en revanche pour l'Éthiopien Ibrahim Jeilan sur 10 000 m et pour la Chinoise Li Yanfeng au disque.

«Bladerunner» Pistorius toujours en course et «L'Éclair» Bolt au tapis: la 2e journée des Mondiaux de Daegu ne pouvait offrir scénario plus fantastique.

Décathlon

L'Américain Trey Hardee a conservé son titre de champion du monde de décathlon, avec un total de 8607 pts, devant son compatriote Ashton Eaton (8505 pts) et le Cubain Leonel Suarez (8501).

Hardee a fait la différence à l'occasion du lancer du disque, du saut à la perche et surtout du javelot, qui lui ont permis de prendre la mesure d'Eaton, jusqu'alors son plus dangereux rival.

Les Canadiens

Justyn Warner n'a pu se qualifier pour la finale, en raison de sa huitième place lors de la demi-finale. Au décathlon, Damian Warner a pris le 18e rang, tandis que la Québécoise Julie Labonté n'a pu se rendre en finale au lancer du poids. L'athlète a toutefois battu sa marque personnelle, avec un lancer de 18,04m.