Le sprinteur américain Justin Gatlin est arrivé aux championnats du monde d'athlétisme avec bien des petits bobos: des ampoules, des cicatrices... et de engelures aux deux pieds.

Le champion olympique de 2004, qui est revenu à la compétition l'an dernier après avoir purgé une suspension de quatre ans pour dopage, a expliqué mercredi qu'il a subi des engelures il y a deux semaines, après être entré dans une chambre de refroidissement cryogénique alors qu'il portait des bas mouillés.

Il n'a pas perdu d'orteils et il pourra courir à Daegu, mais ses blessures ne sont pas encore complètement guéries.

«Tu te réveilles à neuf heures le matin à Orlando et il fait déjà 90 degrés (Fahrenheit)», a illustré l'athlète de 29 ans, qui vit et s'entraîne en Floride. «J'avais déjà chaud, je baignais dans ma transpiration. Je suis entré dans la chambre, mes bas étaient humides et ils ont gelé instantanément sur mes pieds.

«Avant d'arriver ici, j'avais l'impression de marcher sur des aiguilles brûlantes», a ajouté Gatlin au cours d'une entrevue avec Associated Press.

Les athlètes utilisent le refroidissement cryogénique pour soigner leurs muscles après une dure séance d'entraînement. Il s'agit d'une méthode plus efficace que les sacs de glace, puisqu'elle est plus rapide et couvre le corps en entier.

Gatlin se sert de ce recul à titre d'inspiration alors qu'il se prépare pour un éventuel duel contre le recordman Usain Bolt dans l'épreuve du 100 mètres.

«Honnêtement, je vois ça comme si c'était l'univers qui me disait, "À quel point le veux-tu? Si tu le veux vraiment, alors je vais placer ces obstacles sur ton chemin et voir à quel point tu tiens à les surmonter"», a-t-il expliqué.

Gatlin a fait savoir que la douleur reliée aux engelures s'est résorbée et son état n'a pas affecté la fluidité de ses mouvements. Il ressent toutefois un inconfort aux talons, à cause de la façon dont ses blessures à ces endroits se frottent à ses bas et à ses souliers de course.

«C'est mieux que c'était. Ce n'était pas beau à voir pendant quatre ou cinq jours, a indiqué Gatlon. Mon niveau de confiance monte. Je me prépare à me lancer sur la piste dans le but de tout brûler sur mon passage.»

Asafa Powell a réalisé le temps le plus rapide de l'année jusqu'ici à 9,78 secondes. Bolt détient le record du monde à 9,58 mais il n'a pas été à son meilleur depuis son retour à la compétition, lui qui a subi une blessure au dos l'an dernier. Gatlin a réussi un chrono de 9,95 qui lui a valu le deuxième rang aux Championnats des États-Unis.

Avant que Bolt ne réédite le record mondial du 100 m en 2008, le monde du sprint se résumait à Gatlin et Powell. Gatlin a remporté la médaille d'or olympique aux JO d'Athènes en 2004.

Aux Mondiaux de Helsinki, un an plus tard, il a remporté le 100 m et le 200 m. Et en 2007, il a égalé le record mondial du moment, celui de Powell qui s'élevait à 9,77.

Gatlin maintient que son test positif subi en 2006 a été provoqué par une crème imitant la testotérone qu'on a lui appliquée sur les jambes. Sa première chance de revenir au sommet se présentera samedi à Daegu, lors des premières séries du 100 m. La finale sera disputée dimanche.

«Je ne dirais pas que (Bolt) est un but. Je le vois davantage comme un standard à atteindre, a dit Gatlin. Il a beaucoup à perdre et les autres ont beaucoup à gagner.

«Dans ma tête, je me vois atteindre la ligne d'arrivée à ses côtés.»