Un nouveau scandale de dopage éclabousse l'Espagne, après l'interpellation la veille de 14 personnes, dont la championne d'athlétisme Marta Dominguez, qui a été suspendue vendredi de ses fonctions de vice-présidente de la Fédération.

Douze personnes étaient en garde à vue vendredi, sur les 14 - athlètes, entraîneurs, médecins et pharmaciens - interpellées jeudi lors de l'opération Galgo menée par la Garde civile à travers le pays.

Marta Dominguez, championne du monde 2009 du 3000 m steeple, a été remise en liberté jeudi soir après son interrogatoire par la Garde civile à Palencia, où elle vit, dans le nord de l'Espagne.

Accusée d'avoir distribué des produits dopants, elle doit prochainement comparaître devant un juge d'instruction, selon des sources judiciaires à Madrid, de même que la plupart des suspects interpellés jeudi dont neuf seront entendus dimanche.

Face à ce scandale, le président de la Fédération espagnole d'athlétisme (RFAE), José Maria Odrizola Lino, a décidé vendredi de suspendre «par précaution» la championne de ses fonctions de vice-présidente de cette fédération.

Egalement médaillée d'argent sur 5000 m aux mondiaux de 2001 et 2003, Marta Dominguez, âgée de 35 ans, est enceinte et s'était retirée de la compétition en annonçant son intention de revenir prochainement sur les stades.

Le ministère de l'Intérieur avait annoncé jeudi que les personnes interpellées étaient soupçonnées de «délits contre la santé publique» et pour certaines d'avoir «fourni des substances dopantes».

Dans la liste figurent les noms de Cesar Perez, l'entraîneur de Marta Dominguez, de l'entraîneur d'athlétisme Manuel Pascua Piqueras, de l'ex-cycliste Alberto Leon et d'un médecin, Eufemiano Fuentes, selon des sources judiciaires et les médias.

Le ministère de l'Intérieur n'a désigné les suspects que par leurs initiales.

Affaires à répétition

Lors de 15 perquisitions menées jeudi à Palencia, Madrid, Alicante (est) et Las Palmas (Canaries), la Garde civile a saisi de «grandes quantités d'anabolisants, stéroïdes, hormones et divers médicaments dont de l'EPO» ainsi que des «poches de sang et du matériel de laboratoire pour réaliser des transfusions sanguines».

Certains des suspects, dont le docteur Fuentes, avaient été impliqués dans l'Opération Puerto, une vaste opération antidopage qui avait visé en 2006 le monde du cyclisme.

Première conséquence de cette nouvelle opération, la Fédération d'athlétisme a décidé de retirer Alemayehu Bezabeh, un athlète éthiopien naturalisé espagnol, des Championnats d'Europe de cross, dimanche à Albufeira (Portugal), parce qu'il «pourrait être impliqué dans un présumé cas de dopage».

L'Espagne a été secouée ces dernières années par des affaires de dopage à répétition, qui ont visé en particulier le monde du cyclisme, et accusée de laxisme face à ce problème.

Le secrétaire d'État aux Sports, Jaime Lissavetzky, s'est défendu vendredi en affirmant que les récentes opérations menées dans le pays étaient «le résultat de la loi antidopage» adoptée en 2006. Il a assuré que le gouvernement «n'était pas inactif face au dopage, bien au contraire».

En novembre 2009, une précédente opération antidopage s'était soldée par dix interpellations dont celle du marcheur espagnol Paquillo Fernandez, vice-champion olympique en 2004 du 20 km marche.

La plus retentissante de ces affaires vise le coureur cycliste Alberto Contador, triple vainqueur du Tour de France, suspendu provisoirement en septembre par l'Union cycliste internationale (UCI), après un contrôle antidopage qualifié «d'anormal» lors du Tour de France l'été dernier.