Le sprinteur américain déchu Tim Montgomery explique qu'il «aurait tout donné pour être l'homme le plus rapide du monde» et évoque son obsession pour son rival Maurice Greene dans un entretien au quotidien britannique The Times accordé depuis sa prison et paru vendredi.

«J'aurais tout donné pour être l'homme le plus rapide du monde. Je n'aurais rien laissé se mettre en travers de mon chemin», explique Montgomery, condamné à neuf ans de prison, cinq pour vente d'héroïne et quatre pour fraude bancaire, dans un entretien donné depuis sa prison de Montgomery, dans l'Alabama.

«Est-ce que j'avais conscience de franchir la ligne jaune quand je me dopais? Non, pas quand on vient de la rue. Ce n'était même pas en arrière-plan de mes pensées. Je ne vais pas enjoliver les choses: il n'y avait même pas l'arrière-pensée que je trichais», reconnaît Montgomery, qui raconte comment son duel avec Greene est devenu obsessionnel.

«Je ne parvenais pas à me sortir Maurice de la tête. Je voulais tout ce qu'il avait. Les organisateurs de meetings, les équipementiers, ils disaient: "Si tu ne peux pas battre ces gars (Greene et Ato Boldon), on ne peut pas te payer comme eux"», raconte-t-il.

«C'était déjà assez dur de le voir sur la ligne, faire rouler ses muscles comme il avait l'habitude de le faire, sortant sa langue. C'était gênant de le voir se moquer des autres athlètes. Ce n'était pas les chronos qui comptaient dans nos courses. Pour moi, c'était personnel», explique Montgomery.

«Je me suis détruit»

«Tout ce que je voulais, c'était le gros contrat Nike, les publicités. Je voulais être la star», poursuit l'éphémère recordman du monde, auteur d'un 9 sec 78/100 le 14 septembre 2002 à Paris, chrono invalidé quand il avait reconnu son implication dans le scandale Balco, du nom du laboratoire accusé d'avoir fourni des produits dopants à de nombreux athlètes.

Il raconte comment il a vendu de la drogue alors qu'il était sous le coup d'une condamnation pour une affaire de faux chèques: «J'avais besoin d'argent et le seul moyen que je connaissais pour en faire, c'était la drogue».

Montgomery revient sur sa relation avec Marion Jones, la sprinteuse déchue avec qui il a formé le «couple le plus rapide» du monde. Il explique comment les produits dopants côtoyaient les légumes dans le réfrigérateur.

«Si je suis quelqu'un de froid, Marion est encore plus froide. Marion se foutait de tout», affirme Montgomery. «Nous étions trop semblables. Nous voulions réussir à tout prix et il ne faut pas que deux personnes comme ça soient ensemble», selon l'ancien sprinteur.

«Je me suis détruit», «j'avais le meilleur boulot du monde et maintenant je suis en prison à ramasser des feuilles», regrette l'Américain.

Il évoque les bagarres carcérales, les émeutes, la peur, affirme avoir battu un codétenu pour gagner le respect de ses compagnons de détention: «En prison, il ne s'agit que de respect. Comme sur la piste».