L'identité sexuelle de la Sud-Africaine Caster Semenya, devenue une héroïne nationale dans son pays après son sacre sur 800 m mercredi aux Mondiaux de Berlin, mais suspectée d'être un hermaphrodite est au coeur des débats jeudi après l'ouverture d'une enquête de la Fédération internationale d'athlétisme.

Avant même son sacre, l'IAAF avait demandé à la Fédération sud-africaine de lui fournir des informations permettant d'établir le sexe de Semenya, 18 ans, inconnue il y a encore quelques mois et dont la morphologie et l'apparence semblent très masculines.

Selon Nick Davies, porte-parole de l'IAAF, la constitution de ce dossier qui comprend l'expertise d'experts, de psychologues et gynécologues, devrait prendre plusieurs semaines.

Cependant, même si elle s'avérait être un homme, Semenya, qui a pulvérisé son record personnel en 1 min 55 sec 45 (meilleure performance mondiale 2009), ne serait pas automatiquement déchue de son titre, a précisé jeudi M. Davies.

«Légalement, si on découvre que vous êtes d'un sexe différent que celui déclaré, ce n'est pas tricher», a ajouté le porte-parole.

Héroïne nationale

Ces propos viennent tempérer les affirmations du secrétaire général de l'IAAF Pierre Weiss qui, mercredi, envisageait de déchoir Semenya de son titre si les enquêtes conduites en Afrique du Sud et à Berlin devaient prouver sa masculinité. «C'est clair, si à la fin de ces enquêtes, il apparaît que ce n'est pas une femme, nous la retirons de la liste des vainqueurs», affirmait Pierre Weiss.

Devenue depuis son sacre une nouvelle héroïne nationale, Semenya a reçu le soutien de sa famille et de ses proches en Afrique du Sud.

«C'est ma petite fille. Je l'ai élevée et je n'ai jamais douté de sa féminité. C'est une femme et je peux le répéter un million de fois», déclare son père.

Encore totalement inconnue voici quelques semaines, la jeune femme vient d'un village reculé, où elle a vécu avec sa grand-mère, sans électricité ni eau courante, pendant ses années de lycée.

Son entraîneur Michael Seme repousse lui aussi les spéculations sur le sexe de sa protégée, reconnaissant que Caster devait souvent répondre aux questions des autres jeunes, qui lui demandaient si elle est un garçon.