Le parallèle avec Georges St-Pierre saute aux yeux. Comme le pugiliste, Pierre-Luc Gagnon est connu et reconnu par un simple acronyme: «PLG». Et comme St-Pierre, le planchiste québécois est immensément plus populaire et médiatisé au sud de nos frontières.

En une dizaine d'années, le natif de Boucherville est parvenu à se tailler une place de choix dans le monde du skateboard en enchaînant les succès sur les plus prestigieuses rampes.

Mais avant de devenir la machine à gagner «PLG» aux yeux des médias et de ses nombreux fans, il a d'abord été le petit Pierre-Luc. Celui qui est monté sur une planche pour la première fois à l'âge de 9 ans avant de fréquenter assidument les skateparks montérégiens. Il lui a ensuite suffi d'une victoire lors d'un concours organisé par la compagnie Vans, en 1996, pour que sa passion se mute également en gagne-pain.

Quatre ans plus tard, il a décidé de franchir une étape cruciale dans sa carrière et de se rapprocher de l'épicentre du skateboard.

«Je réussissais déjà assez bien au Québec lorsque j'ai décidé de déménager en Californie, a expliqué Gagnon lors d'une entrevue téléphonique. Je me disais que ce changement allait beaucoup m'aider. Un an et demi après, j'ai gagné l'or aux X-Games et je peux dire que mon skating s'est vraiment amélioré depuis mon arrivée en Californie.»

Dans ce milieu, les légendes se font ou se défont au rythme des X-Games, les Jeux olympiques des sports extrêmes qui se déroulent chaque été. En 12 participations, Gagnon a remporté 17 médailles, dont sept d'or.

Le planchiste de 30 ans, spécialiste des rampes verticales, est également le seul à avoir conservé son titre durant trois années d'affilée. Il a échappé l'or cette année, au profit de Shaun White. La rivalité entre les deux hommes reste toujours un moment fort des X-Games ou sur le Dew Tour, une prestigieuse compétition en quatre étapes qui a lieu de juillet à octobre chaque année.

«Je le connais bien et je m'entends bien avec lui. C'est juste que faire une compétition aux États-Unis contre White, ce n'est pas facile. C'est comme s'il était toujours chez lui et moi, sur la route. C'est l'idole américaine contre moi, le Canadien-français.

«Je suis content de la façon dont j'ai skaté, mais je suis en même temps déçu de n'avoir eu que la médaille d'argent. Je ne trouve pas que son passage a été meilleur que le mien, mais cela l'a vraiment avantagé d'avoir la foule derrière lui.»

Vedette du petit écran

Les bonnes performances de Gagnon ne sont pas passées inaperçues dans un milieu outrageusement dominé par les athlètes américains. En plus d'être aujourd'hui appuyé par une dizaine de commanditaires, il est l'un des protagonistes principaux de l'émission de télé-réalité The X Life, diffusée sur les ondes de VH1.

Si sa vie conjugale a occupé une grande partie de la série, elle a également permis d'accroître sa notoriété («On me reconnaît pas mal chaque jour dans la rue») tout en levant une partie du voile sur la vie de ces athlètes à la recherche de sensations.

«Cette année, nous avons une dizaine d'épreuves entre celles du Dew Tour, les X-Games à Los Angeles, les X-Games en Asie et le Maloof Money Cup. C'est plaisant comme vie. Sans rien payer, je voyage partout dans le monde depuis que j'ai 16 ans.»

Aussi plaisante soit-elle, la carrière d'un skater comporte aussi sa part de revers (fracture d'une rotule en 2006) et d'heures à suer dans les gymnases ou sur les rampes à répéter inlassablement les mêmes gammes. Le résidant de Carlsbad possède d'ailleurs sa propre rampe pour peaufiner son style et apprivoiser de nouvelles figures. Il y passe environ deux heures par jour.

«Il y a une figure que tu peux maîtriser assez rapidement comme d'autres qui peuvent exiger des années. Pour moi, le Kickflip Body Varial Mctwist a été assez difficile à réaliser. Il en existe d'autres que je ne maîtrise pas suffisamment pour les faire dans ma routine aux X-Games, par exemple.»

Des X-Games au Québec?

Si son été a été marqué par sa médaille d'argent aux X-Games, Gagnon a ensuite fait l'impasse sur l'étape de Portland du Dew Tour, qui ne comprenait pas d'épreuve de rampe. Après quelques prestations pour l'un de ses commanditaires, il a mis le cap vers le Québec, jeudi, afin de participer au Empire Backyard Party (voir autre texte). «Je fais ça pour le plaisir. C'est une compétition de minirampes et c'est surtout une bonne occasion de descendre à Montréal pour skater avec mes amis.»

Il ne serait d'ailleurs pas contre l'idée d'une compétition officielle au Québec, lui qui revient aux sources une à deux fois par année.

«Ce serait vraiment plaisant d'avoir une compétition comme les X-Games ici. Cela me donnerait l'occasion de disputer une compétition devant ma famille et mes fans québécois.»

«PLG» a encore quelques bonnes années devant lui pour espérer la réalisation de ce souhait. À l'image de Bucky Lasek, âgé de 38 ans, il estime encore avoir une certaine marge de progression.

«Je veux continuer à faire ça tant que je m'améliore et que je continue de progresser. Le jour où je vais perdre ma motivation, il est certain que je vais rapidement prendre ma retraite.»

PIERRE-LUC GAGNON

1980

Naissance à Boucherville, le 2 mai.

1988

Pour la première fois, il monte sur un skateboard que lui avait offert son père.

1997

Il passe au niveau professionnel après des heures d'entraînement dans les skateparks de Montréal et de Boucherville.

2000

Il quitte le Québec pour s'installer en Californie. Il habite aujourd'hui à Carlsbad, entre Los Angeles et San Diego.

2002

Il remporte pour la première fois une épreuve des X-Games. Seize autres médailles, dont six d'or, suivront.

2008

Il remporte la Dew Cup pour la première fois. Il rééditera l'exploit en 2010.