Lorsqu'elle a choisi d'abandonner la tour au profit du tremplin de trois mètres au début de 2009, en quête de nouveaux défis, Emilie Heymans avait clairement établi ses attentes personnelles à court, moyen et long terme. Cependant, sa prestation aux Championnats mondiaux aquatiques a peut-être mis un peu de brouillard dans sa mire. Mais sûrement pas au point de l'empêcher d'aller vers l'avant. Bien au contraire.

Rentrée à Montréal dimanche après-midi avec Alexandre Despatie et quelques membres de l'équipe nationale de nage synchronisée, Heymans a reconnu, avec une gêne évidente mais un sourire tout aussi visible, que la médaille d'argent gagnée mardi dernier à Rome représentait un fait d'armes hors de l'ordinaire.

Mais de là à dire que son exploit lui fera réviser à la hausse ses objectifs, qui incluaient un «podium» (sans spécifier la couleur de la médaille) lors des Jeux olympiques de Londres dans trois ans, elle ne pouvait franchir ce pas.

«Honnêtement, je ne le sais pas trop. L'an prochain, je vais commencer à travailler sur de nouveaux plongeons parce que j'ai une liste un peu plus facile que les autres (plongeuses), et je vais voir comment je vais être capable de les réussir. Pour être la meilleure et demeurer compétitive, tu n'as pas le choix de faire de gros plongeons (avec haut coefficient de difficulté).»

Quatre ans après le difficile épisode des Championnats mondiaux aquatiques de Montréal, qui a mené à sa séparation d'avec l'entraîneur Michel Larouche, Heymans dit se porter à merveille. Le talent a toujours été là et maintenant, elle donne l'impression d'être en parfait contrôle de ses émotions.

«Je me sens super bien, et ces dernières années, je pense avoir acquis beaucoup de maturité», affirme l'athlète de 27 ans.

«J'ai beaucoup appris sur moi et je sais ce dont j'ai besoin en tant qu'athlète pour donner mes meilleures performances, que ce soit la routine avant les compétitions et à l'entraînement, ou l'état d'esprit dans lequel je dois être», note Heymans.

«Avant, par exemple, j'avais tendance à amorcer ma concentration dix minutes avant un plongeon. Maintenant, trois ou quatre minutes sont amplement suffisantes. Quand je commençais à me concentrer trop tôt, je ne pensais qu'à plonger, et plonger, et quand j'arrivais sur le tremplin, j'avais trop attendu», explique-t-elle.

Heymans s'est également forgée une approche très simple des compétitions auxquelles elle participe, sans regarder trop loin devant.

«Je ne me prépare pour aucun scénario. J'essaie seulement de faire cinq bons plongeons et de ne rien compliquer. Au cours des années, ajoute l'athlète de Saint-Lambert, j'ai appris que rien n'est terminé avant le dernier plongeon de la compétition. Même si tu manques un saut, bien des choses peuvent se produire. Il ne faut donc jamais lâcher.»