Il y a eu le Stade olympique. Idée de grandeur qui a fait rayonner Montréal partout dans le monde. Il y a eu le nouveau stade de baseball, au bassin Peel. Projet avorté en même temps que la venue potentielle d’une équipe des ligues majeures. Aujourd’hui, il y a ce stade multifonction, faisant saliver bien des amateurs.

Le BMO Field de Toronto, le Bank of America Stadium de Charlotte, le Mercedes-Benz Stadium d’Atlanta et le Lumen Field de Seattle. Quatre stades modernes à la fine pointe de la technologie et parfaits pour accueillir des matchs de soccer et de football.

Et si Montréal faisait lui aussi partie de cette liste ? C’est la question que se posent divers observateurs et commentateurs du milieu sportif montréalais. Ultimement, plusieurs aimeraient voir MM. Péladeau et Saputo, propriétaires respectifs des Alouettes de Montréal et du CF Montréal, s’allier et investir dans un stade respectant davantage les besoins et les attentes des amateurs de sports d’aujourd’hui. Dans un monde idéal, les deux équipes partageraient les mêmes installations.

Or, cette idée de stade se rapproche davantage de la fiction que de la réalité pour le moment.

Cependant, « toutes les possibilités sont évaluées », a admis le président du CFM, Gabriel Gervais, concernant l’avenir de son club au stade Saputo ou ailleurs. « Je l’ai dit quand je suis arrivé en poste que l’an dernier et cette année sont des années pour prendre un pas de recul pour mieux avancer par la suite. »

Même son de cloche du côté de son homologue chez les Alouettes, Mark Weightman. « Il ne faut jamais dire jamais », a-t-il tout de même prévenu dans l’éventualité d’un stade commun.

Le cas des Moineaux est intéressant, puisque l’équipe n’est pas propriétaire du domicile dans lequel elle évolue. En effet, l’organisation loue le stade Percival-Molson à l’Université McGill.

  • Le stade Percival-Molson a été construit au milieu des années 1910 et il fait partie intégrante du paysage et du patrimoine de la métropole.

    PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

    Le stade Percival-Molson a été construit au milieu des années 1910 et il fait partie intégrante du paysage et du patrimoine de la métropole.

  • En plein cœur du centre-ville et sur le flanc du mont Royal, le stade a un cachet unique et spécial.

    PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

    En plein cœur du centre-ville et sur le flanc du mont Royal, le stade a un cachet unique et spécial.

  • « Reproduire le charme de ce stade et de ce site serait très difficile », explique le président des Alouettes, Mark Weightman.

    PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

    « Reproduire le charme de ce stade et de ce site serait très difficile », explique le président des Alouettes, Mark Weightman.

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Le stade a ses défauts et il est légitime d’avoir une discussion autour d’un nouveau domicile, car « on peut reconnaître qu’il y a un besoin », avoue Weightman. « [Mais] c’est important de souligner que le stade qu’on a présentement, en plein cœur du centre-ville, sur le flanc du mont Royal, il a un cachet assez unique et spécial. Puis de reproduire le charme de ce stade et de ce site serait très difficile », a-t-il ajouté.

Le stade a été construit au milieu des années 1910 et il fait partie intégrante du paysage et du patrimoine de la métropole. Weightman veut miser là-dessus pour convaincre les Montréalais que le stade actuel est toujours un endroit de prédilection pour élire domicile.

Si je te demandais quels sont les stades de baseball que tu aimerais le plus visiter. Souvent, le Wrigley Field et le Fenway Park sont les premiers choix. Je compare souvent le stade Percival-Molson à ces deux stades. Ce sont trois stades centenaires, mais ils ont tous les trois ce cachet et ce quelque chose de spécial. C’est impossible de recréer le cachet et l’expérience du Fenway Park ailleurs. Ici, c’est la même chose.

Mark Weightman, président des Alouettes

D’ailleurs, évoquer l’idée d’un stade flambant neuf est séduisant, cependant, il faudrait surtout trouver l’endroit approprié pour le construire. Actuellement, le manque d’espace est le plus grand ennemi du projet, comme l’explique Weightman : « On pourrait bâtir le plus beau stade au monde, mais s’il n’est pas placé au bon endroit, s’il n’y a rien autour pour l’avant et l’après-match… Ça doit faire partie de l’équation. »

Le compromis que représente le stade Percival-Molson est peut-être temporaire, mais en attendant, il comble tous les critères à la tenue d’évènements d’envergure, selon le président des Alouettes : « Quand on construit un nouveau stade, il faut toujours penser au côté pratique, mais aussi à l’expérience client. C’est sur ce plan-là qu’on cherche toujours à se démarquer. Il faut juste faire attention de ne pas sous-estimer le charme et la localisation du site actuel. »

  • Le stade Saputo, ouvert en 2008, est érigé sur un terrain appartenant à la Société de développement et de mise en valeur du Parc olympique.

    PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

    Le stade Saputo, ouvert en 2008, est érigé sur un terrain appartenant à la Société de développement et de mise en valeur du Parc olympique.

  • À titre de locataire, le CF Montréal doit payer les taxes annuelles et autres pour les 25 prochaines années.

    PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

    À titre de locataire, le CF Montréal doit payer les taxes annuelles et autres pour les 25 prochaines années.

  • Toute amélioration au stade Saputo serait synonyme d’une hausse de taxes pour le CF Montréal.

    PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

    Toute amélioration au stade Saputo serait synonyme d’une hausse de taxes pour le CF Montréal.

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À l’instar des Alouettes, le CFM ne dirige pas tout à fait son domicile. Le stade Saputo, ouvert en 2008, est certes une propriété du Groupe Saputo, mais il a été érigé sur un terrain appartenant à la Société de développement et de mise en valeur du Parc olympique, cédé par bail emphytéotique pour une durée de 40 ans.

En théorie, pour les 25 prochaines années, le locataire – dans ce cas-ci, le Bleu-blanc-noir – doit payer les taxes annuelles et autres. Alors toute amélioration au stade Saputo serait synonyme d’une hausse de taxes.

Le guide d’autodéfense du citoyen

Avant de se lancer plus concrètement dans un projet pharaonique comme la construction d’un stade multiusage, Romain Roult, professeur et directeur du département d’études en loisir, culture et tourisme de l’Université du Québec à Trois-Rivières, a levé quelques drapeaux rouges.

Il faut se méfier de certains grands chiffres que les promoteurs vont avancer selon lesquels les aider à financer un stade va permettre de générer des retombées économiques et une fierté locale. C’est vrai qu’il va y avoir des retombées, mais elles seront très gonflées.

Romain Roult, professeur et directeur du département d’études en loisir, culture et tourisme de l’Université du Québec à Trois-Rivières

Si des fonds publics sont utilisés pour édifier un tel stade commun, M. Roult a précisé que la « multifonctionnalité devrait être priorisée ».

« Ça ne doit pas seulement se limiter à deux sports, a-t-il noté. Ça devrait plutôt être un bien public dans lequel on pourrait segmenter la surface de jeu, disons pour recevoir d’autres évènements qui, eux, pourraient être publics. »

Un pensez-y-bien.