Depuis 15 ans, ils sont là, fidèles au poste. Ils échangent. Ils débattent. Ils rigolent. Ils s’obstinent, aussi. Surtout, ils ont une place bien à eux, au chaud, dans le salon des amateurs de sports québécois…

« Ils », c’est l’ensemble des membres de l’équipe de l’Antichambre, à RDS, qui célébreront lundi prochain le 3000épisode. Nul besoin de vous frotter les yeux, vous avez bien lu.

Trois mille. C’est… beaucoup.

« Je n’en reviens pas ! », lance François Gagnon avec un sourire, en direct de la Floride. Le coloré chroniqueur était parmi les panélistes dès le tout premier épisode de ce qui est devenu, au fil des années, un rendez-vous quotidien pour bien des Québécois. Il avait 44 ans. Quinze ans plus tard, il est toujours là.

« On a eu une bague après cinq ans. Je disais : wow, ça fait longtemps. Là, quand je me suis ramassé à enregistrer le spécial avec Alain [Crête] et Luc [Bellemare], je me suis dit : wow, là ! Je me lève le matin et je vois des cheveux blancs, mais là, tu replonges dans des souvenirs qui sont très lointains. »

C’est en 2008 qu’est né ce projet de talk-show sportif de fin de soirée. À l’époque, l’idée était de faire compétition à l’émission de débat fort populaire 110 %, à TQS, « mais en faisant quelque chose de complètement différent », explique Alain Crête, animateur lors de la première année de l’Antichambre.

Au fil des années, l’émission s’est carrément ancrée dans la culture populaire québécoise. Elle est devenue « la référence » en matière de talk-show sportif, dixit Crête. « On n’a jamais pensé que ça allait durer aussi longtemps, dit-il. […] Quand tu parles de l’Antichambre, tout le monde sait ce que c’est. »

Les fameux fauteuils de panélistes, comme les manchettes d’après-match, ne sont en effet inconnus à aucun amateur de sports.

François Gagnon, Michel Bergeron, Gaston Therrien, Jacques Demers, Vincent Damphousse, Denis Gauthier, Mario Tremblay, P. J. Stock… Tant de débatteurs aux profils différents ont œuvré, ou œuvrent toujours, sur le plateau. Tant d’invités, aussi, tant de personnalités publiques, tant d’athlètes.

Ils sont tous venus. Bobby Orr, Bobby Hull, Scotty Bowman, même le premier ministre Stephen Harper ! Nomme tous les athlètes amateurs qui sont allés aux Olympiques, les joueurs de tennis, de basketball, ils sont tous passés par l’Antichambre.

Alain Crête

« Qu’une émission comme ça ait traversé le temps, que la majorité du monde qui est là soit là depuis si longtemps aussi, ça montre à quel point c’est bien ficelé, bien bâti, et que ça a raison d’être encore aujourd’hui », soutient François Gagnon.

L’esprit de groupe

Alain Crête, François Gagnon et Luc Bellemare nous parlent tous de l’Antichambre avec passion, un sourire dans la voix.

Bellemare est à la barre de l’émission depuis 2018. Il a pris la relève de Stéphan Langdeau, qui l’a animée pendant neuf ans avant lui, en partageant le travail avec des animateurs occasionnels comme Pierre Houde et Chantal Machabée.

Bellemare, qui était à RDS depuis près de 20 ans, a d’abord fait du remplacement. Pendant l’été 2018, le directeur général de RDS, Charles Perreault, l’a appelé afin de lui offrir le poste à temps plein.

PHOTO FOURNIE PAR RDS

La boxeuse Kim Clavel et l’animateur de l’Antichambre Luc Bellemare

« J’étais dehors, j’ai fait les cent pas sur mon terrain pendant que je lui parlais. C’était une possibilité, mais quand il me l’a offert, ça changeait mon rythme de vie. »

Il a sauté les pieds dans le vide et n’a jamais regretté. « Je n’ai pas l’impression de travailler. J’ai énormément de plaisir chaque jour. »

« Quand on entre dans le salon des gens, c’est sans prétention, ajoute-t-il. C’est très amical. C’est décontracté. C’est de faire un rendez-vous de fin de soirée. »

Bellemare vante le travail de tous les gens qui l’entourent, rappelant que l’Antichambre est ce qu’elle est aujourd’hui grâce à tous ceux qui sont passés avant lui et qui « ont bâti cette émission-là ».

Au fil du temps, l’Antichambre a réussi à garder son public fidèle malgré l’entrée en scène d’autres talk-shows.

Il y en a qui vont dire que je suis trop chialeux, ou tout le temps négatif : fine ! Je n’ai pas de trouble avec ça. Mais ceux-là, comme les autres, disent : on est là tous les soirs quand même, et on a hâte d’entendre ce que vous pensez de ça ! Il n’y a pas une plus belle récompense que ça.

François Gagnon

Des milliers de souvenirs

Des souvenirs, les panélistes et animateurs de l’Antichambre en ont des centaines, voire des milliers. François Gagnon nous parle du passage de Bobby Hull, des capsules de François Pérusse, de la livraison d’une caisse de Coca-Cola à même le plateau… et de « l’estifi de juke-box », qui a longtemps été dans le décor !

« Si tu savais le nombre de fois où j’ai essayé de penser à comment je pourrais bien ramener ça dans mon bureau à la maison ! lance-t-il en riant. [Aujourd’hui], il est quelque part à RDS ! Ils ne me l’ont pas donné, c’est un gros regret ! »

Crête nous parle des shows thématiques de la toute première saison, des tailgates dans le stationnement de RDS. « C’était très éclaté ! », s’exclame-t-il.

PHOTO FOURNIE PAR RDS

Guy Lafleur (deuxième en partant de la gauche) sur le plateau de l’Antichambre lors du lancement de son whisky, en compagnie de Guy Carbonneau, Mario Tremblay et Luc Bellemare

Bellemare, lui, rappelle cette soirée où Guy Lafleur est venu présenter son whisky. « J’avais, à côté de moi, Guy Lafleur, Mario [Tremblay] et Carbo [Guy Carbonneau]. Moi, j’avais 43 ans environ. Ce soir-là, on a levé notre verre avec Guy. C’était spécial. »

RDS soulignera le 3000épisode de l’Antichambre en grand dans le cadre d’une émission spéciale de 90 minutes, lundi à 21 h 30. Luc Bellemare sera à l’animation, accompagné de Pierre Houde et d’Andrée-Anne Barbeau. Au menu : les débuts de l’Antichambre, les moments mémorables et la présence de nombreuses personnalités.