L’aventurière et réalisatrice québécoise Caroline Côté a atteint le pôle Sud mercredi, seule, sans assistance, pulvérisant au passage un record de vitesse féminin établi en 2016.

La Québécoise a parcouru un trajet de 1100 kilomètres entre Hercules Inlet, près de la côte, et le pôle Sud, en 34 jours, 2 heures et 53 minutes. Et ce, dans des conditions de météo et de terrain particulièrement difficiles. À son arrivée au pôle Sud, un point marqué par une sphère métallique au centre d’un cercle formé de drapeaux de différents pays, il faisait -30 °C.

« C’est l’amour et l’amitié de mes proches, les gens qui m’ont soutenue dans la préparation et les messages d’appui que je recevais qui ont fait en sorte que j’ai tenu jusqu’à la fin », a fait savoir Caroline Côté à son arrivée, par l’entremise du responsable des communications de l’expédition, Jean-Sébastien Gagnon.

Un concours de circonstances a fait en sorte que son conjoint, Vincent Colliard, était sur place pour l’accueillir. Il venait tout juste de finir de guider une expédition entre le 89parallèle et le pôle Sud, ce qu’on appelle le dernier degré.

En théorie, Vincent Colliard aurait dû passer au pôle Sud plus tôt dans la saison et ainsi manquer sa conjointe. Mais voilà, un de ses clients avait contracté la COVID-19 et le départ avait été légèrement décalé, lui permettant d’arriver au bon endroit, au bon moment.

Des félicitations

Un autre élément précieux attendait Caroline Côté au pôle Sud mercredi : un message de félicitations de la part de la grande aventurière suédoise Johanna Davidsson, qui détenait le record précédent. Mme Davidsson avait accompli ce trajet en 38 jours et 23 heures en décembre 2016.

La cheffe de la base scientifique américaine Amundsen-Scott, située tout près du pôle Sud, l’exploratrice britannique Hannah MacKeand, est venue accueillir Caroline Côté. Mme MacKeand est détentrice du premier record de vitesse entre Hercules Inlet et le pôle Sud.

Une autre Britannique, Wendy Searle, essayait elle aussi de battre le record de Johanna Davissson cette année. Elle a toutefois dû abandonner à la mi-décembre, après deux semaines d’expédition en raison d’une infection pulmonaire et des conditions sur le terrain, « les pires de la dernière décennie », selon son équipe.

PHOTO TIRÉE DU COMPTE INSTAGRAM DE CAROLINE CÔTÉ

Caroline Côté lors d’une expédition au Nunavut

Mme Searle avait beaucoup d’expérience : elle avait réalisé cette route en 2019-2020 en 42 jours.

Quant à Caroline Côté, elle a persisté. Les derniers jours ont toutefois été très difficiles, notamment en raison de l’altitude. En effet, le pôle Sud se trouve à 2835 m d’altitude. En outre, les effets de l’altitude se font davantage ressentir aux pôles qu’à l’équateur en raison d’une pression atmosphérique moindre.

Au début de son expédition, près des côtes, Caroline Côté pouvait parcourir jusqu’à 40 kilomètres par jour. Or, au cours de la dernière journée, elle a eu de la difficulté à parcourir les 14 derniers kilomètres qui la séparaient de son objectif. Elle a sérieusement envisagé de s’arrêter et de monter le camp pour se reposer.

J’avais de la difficulté à respirer et à continuer d’avancer.

Caroline Côté

La Québécoise s’y connaît en expéditions polaires. Elle a récemment réalisé une traversée hivernale de l’archipel du Svalbard, en Arctique, au nord de la Norvège, avec Vincent Colliard. Faire une expédition solo en Antarctique représentait pour elle un nouveau défi. Avant le départ, elle ne voulait pas mettre l’accent sur le record à battre.

« C’est plus une bataille avec moi-même que je vais faire », disait-elle avant son départ.

Mais elle y pensait. Elle espérait surtout fracasser le record de façon décisive.

« C’est une expédition en solo, mais c’est surtout un travail d’équipe incroyable, a-t-elle fait savoir. Je n’aurais pas pu y arriver sans l’appui de mon conjoint Vincent Colliard, qui a agi comme expert en logistique polaire, de mon expert météo Lars Ebbesen, et celui de mes commanditaires. »

Un « luxe »

À son arrivée au pôle Sud mercredi, Caroline Côté a pu apprécier « le luxe d’une tente chauffée » et un repas chaud.

Caroline Côté devrait embarquer à bord d’un petit avion de type Twin Otter ou Basler pour retourner à Union Glacier, où se trouve un grand camp de base composé de dizaines de tentes, dont une grande et confortable tente-cafétéria. Les aventuriers qui se rendent au pôle Sud et les alpinistes qui tentent d’escalader le plus haut sommet de l’Antarctique, le massif Vinson, transitent généralement par Union Glacier.

Un autre vol de plus de quatre heures permettra à Caroline Côté de retourner à Punta Arenas, au Chili. L’horaire reste à déterminer.