Le premier ministre Justin Trudeau a demandé à Gymnastique Canada et à d’autres organisations sportives d’assurer la sécurité de leurs athlètes, ajoutant qu’il y a beaucoup de travail à faire pour rétablir la confiance des parents.

Trudeau répondait à des questions portant sur la suspension éventuelle par le gouvernement fédéral du financement à Gymnastique Canada.

La ministre fédérale des Sports, Pascale St-Onge, a déclaré à La Presse Canadienne jeudi soir qu’elle allait suspendre le financement de l’organisation sportive jusqu’à ce qu’elle adhère aux politiques du nouveau Bureau du Commissaire à l’intégrité dans le sport (BCIS). St-Onge a récemment suspendu le financement de Hockey Canada à la suite des révélations entourant le traitement d’une plainte d’agression sexuelle et son règlement à l’amiable.

« Ce n’est même pas une question d’imputabilité envers le gouvernement, parce que oui, nous exigeons qu’ils adhèrent aux politiques du BCIS afin qu’ils puissent de nouveau recevoir leur financement », a déclaré M. Trudeau à Stratford, dans l’Île-du-Prince-Édouard.

« Ils devraient se préoccuper de satisfaire les parents partout au pays, les rassurer sur la sécurité de leurs enfants, en démontrant qu’ils constituent une organisation qui prône des valeurs et un environnement sécuritaires, des valeurs que chaque parent est en droit de s’attendre, et dont les enfants pourront s’inspirer. »

Trudeau a indiqué qu’il avait échangé plusieurs fois ces dernières semaines avec le cabinet de la ministre des Sports au sujet de la conduite inacceptable de certaines fédérations sportives nationales — et de leur responsabilité d’assurer « la sécurité de nos enfants, et de nos athlètes ».

« C’est la raison pour laquelle nous avons formulé des requêtes claires à Gymnastique Canada et à d’autres (organisations), pour favoriser la transparence, pour adopter des mesures d’imputabilité, parce que oui, nous devons continuer d’appuyer le sport, et il y a tellement de bons bénévoles aux quatre coins du pays qui contribuent au bien-être des jeunes dans le sport », a-t-il mentionné.

« Mais nous devons nous assurer que nous le fassions de façon sécuritaire, et nous continuerons, en tant que gouvernement, en partenariat avec les autres paliers de gouvernement, de militer afin que des changements soient adoptés pour nous assurer que nos enfants soient en sécurité », a-t-il poursuivi.

St-Onge demande à toutes les organisations sportives nationales d’adhérer aux politiques du nouveau BCIS, qui a commencé à recevoir des plaintes pour maltraitance dans le sport le 20 juin dernier.

Des 64 organisations nationales sportives, Volleyball Canada et Haltérophilie Canada sont les seules à avoir adhéré jusqu’à maintenant. Toutefois, selon le BCIS, des dizaines d’organisations nationales sportives ont entamé le processus de négociations.

Bien que Gymnastique Canada soit en négociations avec le BCIS, St-Onge a déclaré à La Presse Canadienne, lors d’une entrevue, qu’elle était consciente « que les choses n’avançaient pas assez rapidement. Ainsi, je mets de la pression sur Gymnastique Canada parce que selon ce que nous avons entendu, il faut qu’elle adhère aussi rapidement que possible. »

Elle a aussi fait remarquer que Hockey Canada n’avait pas encore commencé à négocier avec le BCIS.

La ministre a indiqué que le Canada est confronté à une « crise » de la sécurité dans le sport, et que des allégations de maltraitance, d’agressions sexuelles ou de mauvaise gestion des fonds publics ont été soulevées contre au moins huit fédérations sportives nationales depuis qu’elle est arrivée en poste, il y a cinq mois.

Plus de 500 gymnastes canadiens ont demandé jeudi à la ministre des Sports du Canada de geler le financement de leur organisation sportive nationale.

« La quantité de jeunes enfants qui s’inspirent des athlètes, s’ils se retrouvent dans des situations ou des organisations qui ne prennent pas soin d’eux correctement, alors ç’aura un effet domino dans le reste de la société. Nous sommes conscients que nous devons en faire plus, et ce gouvernement veut s’assurer que ça se concrétise », a évoqué M. Trudeau.

« Cependant, je veux vraiment saluer le travail de tous ces parents aux quatre coins du pays qui se sont levé, qui ont dénoncé, et tous ces athlètes qui en ont fait autant, comme ces gymnastes qui ont dit : “Ça doit cesser.” Nous devons les écouter. Nous devons agir. Et c’est exactement ce que nous faisons. »

Dans une lettre publique adressée jeudi à Mme St-Onge — et après quatre mois de « partage d’histoires dévastatrices » sur des années d’abus – « Gymnastes pour des changements », un groupe qui représente 508 athlètes, réitère ses appels à des mesures strictes.

Cela inclut une enquête par une tierce partie et la suspension du financement, comme cela a été fait avec Hockey Canada.

Leur demande initiale formulée il y a plusieurs mois, affirme le groupe, a été ignorée par Gymnastique Canada (GymCan), Sport Canada et « maintenant par votre bureau, et au grand détriment des enfants gymnastes de tout le pays ».

Cette lettre surgit une semaine après qu’un entraîneur de Lethbridge, en Alberta, eut été accusé d’avoir agressé sexuellement une fillette de sept ans.