Troublante révélation de la part de la nageuse québécoise Mary-Sophie Harvey, mercredi. Elle aurait été droguée à son insu après la dernière journée de compétition aux Championnats du monde de la FINA, à Budapest, le 3 juillet.

Elle a raconté son expérience sur Instagram, après un « débat » avec elle-même pour savoir si c’était la chose à faire. Mais « ces situations se produisent trop souvent pour que je reste silencieuse », écrit-elle.

Dans un communiqué, Natation Canada se dit « conscient d’un incident qui a eu lieu la veille de [leur] départ de Budapest ».

« Aussitôt que le personnel a été informé de la situation, Mary a reçu d’excellents soins de notre médecin d’équipe sur place, ajoute-t-on. Il a été déterminé qu’elle pouvait retourner chez elle. »

Harvey est suivie par des membres du personnel de Natation Canada, selon la fédération. « Nous lui offrons du soutien. »

Le gestionnaire des communications, Nathan White, confirme qu’une enquête « avec un agent de sport sécuritaire indépendant » a été enclenchée.

Son récit

« Les ecchymoses qui subsistent sont les seuls souvenirs qui me restent de la nuit où tu m’as vidée de ma couleur », illustre Harvey en anglais sur la première image de sa publication. Et c’est signé : « Droguée ».

« À ce moment, je ne savais pas ce que mon corps avait ingéré. Je me rappelle seulement que je me suis réveillée complètement perdue. Avec l’entraîneur et le médecin de notre équipe à mon chevet. »

Elle se souvient d’avoir « célébré » sa compétition tout en étant « raisonnable », parce qu’elle avait en tête son objectif de participer aux Jeux du Commonwealth, qui commencent à la fin du mois.

« Mais ensuite, je ne me souviens plus de rien, avoue Harvey. Il y a une période de quatre à six heures dont je n’ai aucun souvenir. J’ai entendu des bribes d’histoires de certaines personnes. Et j’ai été jugée, aussi. »

Elle dit « ne jamais s’être sentie aussi honteuse ».

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

Mary-Sophie Harvey

De retour à la maison le lendemain, elle a découvert une douzaine d’ecchymoses sur son corps. « Des amis m’ont dit qu’ils avaient dû me transporter pendant que j’étais inconsciente, ce qui pourrait les expliquer. »

Dans sa publication, elle montre quelques photos de ses blessures, mais dit « ne pas se sentir à l’aise » de toutes les afficher.

Des médecins lui ont dit qu’elle avait été « chanceuse » de s’en sortir avec une simple entorse costale et une petite commotion. Parce que « ça arrive beaucoup plus souvent que l’on pense », relate-t-elle, en faisant référence aux propos des médecins.

« On n’en parle pas assez »

En racontant son expérience, elle souhaite mettre le phénomène sous les projecteurs. « On n’en parle pas assez », dit-elle, soulignant qu’il y a une recrudescence de ce genre de cas rapportés dans les dernières années.

« Je pensais que j’étais en sécurité. Que ça ne m’arriverait jamais. Surtout entourée d’amis. Mais c’est arrivé. J’aurais aimé que l’on m’éduque sur la situation avant cette soirée. »

Elle dit être « toujours à la recherche de la “joyeuse Mary” qui trouvait du bonheur avant cet évènement », notant qu’elle a « encore peur des inconnus liés à cette soirée ».

Mais Harvey « ne veut pas que cet évènement [la] définisse ».

« J’apprends à vivre avec tout cela et, éventuellement, à me retrouver. »