Micah Desforges voit grand. Le président fondateur de Jackalope désire faire de son festival « le prochain Cirque du Soleil ».

L’évènement présente des compétitions de sports d’action à Montréal depuis 2012. Voilà que 10 ans plus tard, l’entreprise fait des petits. En plus de la tenue annuelle du festival sur l’Esplanade du Parc olympique, les émotions fortes se feront aussi ressentir sur le sable chaud de Virginia Beach en 2023.

« Ce qu’on fait avec Virginia Beach, c’est qu’on installe un festival comme Montréal aux États-Unis », explique Micah Desforges à La Presse. Il est assis sur un des fauteuils donnant sur les grandes fenêtres des locaux de son entreprise Tribu expérientiel, devant le parc du Portugal, sur le boulevard Saint-Laurent.

Mais Micah Desforges ne compte pas s’arrêter là.

Il y a une forme de tournée mondiale à créer où la finale mondiale serait à Montréal.

Micah Desforges, président fondateur de Jackalope

« L’objectif est un peu de dire qu’on peut être le Cirque du Soleil de l’adrénaline, lance-t-il. On crée des évènements comme Jackalope à Montréal et on les exporte. Ce qui fait travailler des équipes canadiennes et québécoises. »

À ce chapitre, il ne cache pas sa fierté.

« La ville de Virginia Beach, c’est un game changer pour nous, se réjouit l’homme d’affaires. On est une petite entreprise québécoise qui s’exporte aux États-Unis. Qui a des aspirations internationales. »

IMAGE FOURNIE PAR MICAH DESFORGES

Les maquettes du festival de Jackalope prévu à Virginia Beach en 2023 montrent des installations directement sur la plage.

Les références au Cirque du Soleil sont un thème récurrent de son entretien avec La Presse en cet après-midi de juin.

« Au Québec, on crée des choses magnifiques, que ce soit en expérientiel ou en évènementiel. On a les succès comme le Cirque, qui a toujours été une carte de visite incroyable. »

« C’est quoi, le prochain Cirque ? demande-t-il. […] On aspire à être une partie de la réponse. »

« Courir après l’été »

L’entente avec Virginia Beach est bonne jusqu’en 2025. Éventuellement, « le but sera d’avoir quatre ou cinq festivals comme Montréal » dans le monde, explique celui qui est aussi planchiste lui-même.

PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE

Micah Desforges, président fondateur de Jackalope

Avant la pandémie, Micah Desforges était en discussions avec São Paulo, au Brésil, ainsi que certaines villes mexicaines. Les discussions sont tombées à l’eau autour du fatidique 13 mars 2020. On comprend que ce n’est que partie remise. Au Brésil, au Mexique ou ailleurs.

« La devise de Jackalope, c’est que l’été ne s’arrête jamais. Il y a toujours l’été quelque part sur la planète. Alors on va courir après l’été. »

« Ça booste ta confiance »

Il reste qu’au centre des festivités, il y a les athlètes. La carrière de la planchiste Annie Guglia, qui a participé aux Jeux olympiques de Tokyo en 2021, a en l’occurrence connu un grand essor grâce à Jackalope.

« C’est vraiment un tremplin pour les athlètes locaux », souligne l’olympienne.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Annie Guglia a remporté les compétitions de skateboard en 2016 et en 2019 à Jackalope.

C’est fou, le nombre de personnes qui me disaient, même avant les Jeux olympiques, qu’ils m’avaient vue à Jackalope. C’est un évènement qui met vraiment en lumière les talents de Montréal et d’ailleurs.

Annie Guglia

La sympathique athlète avait remporté les compétitions de skateboard en 2016 et en 2019.

« Gagner Jackalope, ça booste ta confiance aussi. C’est quand même une grosse compétition. Je n’ai jamais gagné un X Games ou un truc comme ça. […] Le fait de gagner Jackalope, ça te donne un beau tremplin pour aller sur la scène internationale avec de la confiance. »

Micah Desforges se félicite aussi d’avoir organisé « le premier évènement canadien à avoir eu des bourses équitables hommes-femmes ».

Auparavant, en skateboard du moins, « il y avait des mégabourses chez les hommes, et des miettes de pain chez les femmes », explique-t-il.

Dès le début, Jackalope offrait 10 000 $ aux gagnants masculin et féminin. En 2022, ce sera 15 000 $ chacun. Les conséquences positives vont au-delà du compte en banque, selon Guglia.

« C’est un cercle vertueux, illustre la planchiste. Si tu offres une bourse ou un salaire équitable, ça montre que tu valorises le skate pour tout le monde. Ça le rend plus accessible. Une jeune fille qui va à Jackalope, elle ne se dit pas : “Ah, la fille qui a gagné a fait 100 $, et le gars a gagné 15 000 $. Pourquoi ?” »

Une édition de relance

L’édition 2022 de Jackalope retrouvera enfin son Esplanade du Parc olympique après deux ans de pandémie. Ce qui en fait donc officiellement la 8édition en 10 ans d’existence, même si l’organisation est restée active pendant la pandémie.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

L’édition 2022 de Jackalope retrouvera son Esplanade du Parc olympique après deux ans de pandémie.

Mine de rien, avec les compétitions de skateboard, d’escalade et l’ajout du breakdance, ça fera trois disciplines présentes aux Jeux olympiques de Paris, en 2024.

On a bonifié les bourses pour la planche à roulettes. On a augmenté le niveau de sanctions pour l’escalade, ce qui veut dire que plusieurs athlètes pourront y obtenir des points olympiques. Ce sera aussi la finale des compétitions de breakdance pour l’équipe canadienne.

« Ce sera assez trippant, croit Micah Desforges. C’est une édition de relance. »

Le théâtre sur la plage

À Virginia Beach, Jackalope sera gratuit. Toute l’infrastructure sera installée sur la plage près de Neptune Park. Là-bas, dit Micah Desforges, « c’est l’évènement qu’ils ont toujours voulu qui arrive enfin ». Il parle d’un « énorme appétit ». « On arrive au bon moment, au bon endroit. Ça s’enligne pour être un méchant succès. »

D’un océan à l’autre

Il y a déjà les évènements « Jackalope block party », des compétitions à plus petite échelle dans des skateparks partout au Canada. Cette tournée de qualifications mène à la finale nationale de Montréal. Avec Virginia Beach, expose Micah Desforges, le concept peut s’exporter aux États-Unis. « Maintenant qu’on a la finale américaine, ça nous permet de faire des block parties d’un océan à l’autre », illustre l’homme d’affaires. La tournée américaine prendra forme dès mars 2023 dans les États du Sud, soit en Californie, en Arizona et au Texas, notamment. Jusqu’à la côte de la Virginie en juin. « Quand ça, c’est fini, on s’en va dans l’Ouest canadien et on refait notre run de lait. » Le tout menant à l’étape ultime de Montréal, en août.

Pourquoi « Jackalope » ?

Dans la légende, un jackalope est un mélange de lièvre et d’antilope, généralement représenté avec des bois. Les sports à l’affiche au festival s’identifient bien « au côté légendaire, mythique » de l’animal. Par exemple, au skateboard : « Est-ce qu’un athlète a vraiment fait telle manœuvre à tel endroit ? » Il parle du musée Pointe-à-Callière comme d’un « spot légendaire ». « La Bourse de Montréal, if you know, you know. Il y a de l’escalade qui se fait sur la plupart des immeubles de Montréal. En basejump, il y a du monde qui saute de toutes les tours. C’est un peu le côté secret, mythique de l’animal qu’on voulait représenter dans l’essence du festival. »