En 2019, Mia Vallée craignait de devoir faire une croix sur les Jeux olympiques quand elle a décidé de mettre le cap sur l’Université de Miami pour poursuivre sa carrière de plongeuse.

Mais son attrait pour l’école et la biologie marine, une spécialité locale, était trop important pour qu’elle passe à côté d’une telle occasion. D’autant que l’établissement floridien lui offrait une bourse complète pour marier ses deux intérêts, les études et le sport.

Trois ans plus tard, elle ne regrette rien. Dans un an, elle décrochera son baccalauréat. Elle pense déjà à une maîtrise.

Sur le plan sportif, la jeune femme de 21 ans connaît ses meilleurs moments après avoir disparu de la scène nationale pendant la pandémie. En avril, elle a obtenu ses deux premiers titres canadiens seniors aux tremplins de 1 m et de 3 m, ce qui lui a valu une première sélection pour les Championnats du monde de Budapest et les Jeux du Commonwealth de Birmingham, l’été prochain.

Ses parents se trouvaient sur place à Victoria. Son entraîneur Randy Ableman et sa femme, qu’elle considère comme ses « deuxièmes parents », avaient aussi fait le voyage de Miami. L’émotion était à son comble.

« Je ne pensais même pas à gagner, je voulais simplement me qualifier pour les Mondiaux », a souligné l’athlète originaire de Beaconsfield, lundi. « J’ai rêvé de ça toute ma vie. C’est vraiment un des moments les plus incroyables que j’ai vécus. Je ne peux même pas le décrire ! »

Le week-end dernier, à la Coupe Canada de Calgary, une épreuve du circuit Grand Prix, Vallée a poursuivi sur sa lancée en décrochant la médaille d’argent au tremplin de 3 m et l’or au synchro 3 m avec sa jeune partenaire albertaine Margo Erlam.

« Je n’avais jamais fait de demi-finale à la Coupe Canada, où chaque pays est limité à deux participantes après les préliminaires », a-t-elle souligné de l’aéroport de Dallas, où elle attendait un vol pour Miami.

« Après toutes ces années, c’est vraiment spécial d’avoir finalement atteint les demi-finales et de gagner ces deux médailles. Ça a solidifié une chose dans ma tête : je suis vraiment au même niveau que les meilleures au monde. Je réalise ça pour la première fois de ma vie. »

PHOTO JEFF McINTOSH, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Mia Vallée en action

En mars, elle a véritablement pris son élan en remportant l’or au 1 m et en finissant quatrième au 3 m aux Championnats de la NCAA, des sommets personnels. Elle a réussi un record de la compétition sur le plus petit tremplin.

« J’avais besoin d’améliorer ma technique et tout est tombé en place. En plus, chaque plongeon était bon, je n’en manquais pas vraiment. La constance, c’est tellement important dans notre sport. »

« Une bonne décision »

Pur produit des piscines d’été de l’ouest de l’île de Montréal, où elle a appris à plonger dès l’âge de 5 ans, Vallée s’est développée au club de Pointe-Claire. À l’adolescence, elle a reçu les enseignements de l’entraîneuse Yihua Li, qui a notamment dirigé les médaillées olympiques Anne Montminy et Émilie Heymans.

En 2015, elle a remporté trois titres nationaux juniors. Aux Mondiaux de l’année suivante, elle a terminé sixième au 3 m et quatrième au 3 m synchro avec Olivia Chamandy.

Elle a cependant pris une pause de six mois en 2017.

Ce n’était qu’un problème mental avec le plongeon, l’environnement, tout ce qui allait autour de ça. J’avais juste besoin d’un petit pas de recul.

Mia Vallée

L’entraîneur Stéphane Lapointe l’a prise sous son aile au club CAMO. « Je le connaissais très bien pour avoir fait plusieurs compétitions avec lui. J’aimais beaucoup son style de coaching. J’ai donc décidé de recommencer avec lui. Ça a tellement été une bonne décision. »

Voyant son intérêt pour les États-Unis, Lapointe lui a conseillé de s’informer auprès d’Ableman, avantageusement connu au Canada.

Vallée admet avoir hésité avant de traverser la frontière. Même si certaines plongeuses, comme Blythe Hartley, l’ont fait avec succès, ce n’est pas le chemin traditionnel. La majorité des meilleurs plongeurs canadiens s’entraînent à l’Institut national du sport du Québec, au Parc olympique.

Après une période d’adaptation, elle s’est immédiatement sentie dans son élément. « Tout le soutien athlétique et scolaire sur le même campus, on n’a simplement pas ça au Canada. Pour une athlète comme moi, ça prendrait normalement six ou sept ans pour obtenir un diplôme. Ici, je le fais en quatre ans. »

Vallée poursuivra à Miami sa préparation pour les Mondiaux, où elle visera une finale individuelle aux 1 m et 3 m. Les Jeux olympiques de Paris en 2024 ? Elle y croit plus que jamais.

« C’est une vraie possibilité, ce n’est pas tiré par les cheveux. J’y pense très sérieusement à chaque pratique et je commence à y rêver. »