Trois ans après s’être révélée à ses premiers Championnats canadiens seniors disputés à Claude-Robillard, Audrey Leduc a continué de s’illustrer sur la même piste, remportant le 100 mètres de la Classique d’athlétisme de Montréal, dimanche soir.

Le vent n’était pas légal. Sa principale adversaire était blessée. Et le public était désespérément épars dans les gradins est, les seuls disponibles en cette période de travaux au complexe sportif.

Mais la sprinteuse de Gatineau n’a pas raté son coup à l’occasion de cette finale qui a nécessité une photo d’arrivée pour départager les deux premières.

Leduc s’est imposée avec un excellent chrono de 11,36 secondes, marque qui ne sera toutefois pas homologuée puisque le vent surpassait la limite permise de 2 m/s (+2,5 m/s). L’athlète de 23 ans a devancé d’un centième l’Ontarienne Jacqueline Madogo. L’expérimentée Crystal Emmanuel, octuple championne canadienne sur la distance, a pris le troisième rang en 11,48 s.

« Quel que soit le vent, légal ou pas, c’est le meilleur temps que j’ai couru de ma vie, a raconté Leduc. Onze secondes 36, je n’ai jamais fait ça. C’est un peu indescriptible. C’est comme un brassage de mon cerveau que j’ai eu après ma course. Je ne me rappelle pas tout. Je me rappelle seulement que Jacqueline était proche et je me disais : “OK, go, go, go !” Je l’ai dépassée juste à la fin. Quand j’ai vu le temps, c’était fou. »

PHOTO DENIS GERMAIN, COLLABORATION SPÉCIALE

Audrey Leduc

Le meilleur temps de Leduc est de 11,48 s, réalisé sur la même piste en qualifications aux Championnats canadiens, en juillet 2019. L’ex-championne nationale junior s’est approchée de deux centièmes en demi-finale dimanche, ce qui la plaçait en excellente position pour la finale.

Elle avait couru en 11,58 s (+2,3 m/s) et 11,61 s (+2,0 m/s) à Saint-Laurent le 21 mai. « Mon but était de venir améliorer mon temps. Ben, j’ai fait plus que ça ! »

Madogo est championne universitaire du 60 m, où la Québécoise a pris le troisième rang à la fin de mars pour le Rouge et Or de l’Université Laval. De son côté, Emmanuel est une triple athlète olympique, finaliste sur 200 m en 2012, qui domine le sprint canadien depuis une décennie.

« On a eu le temps de se parler tantôt et elle m’a dit bravo, a relaté Leduc. Elle est blessée. Ça peut jouer sur nos performances. Reste que sur papier, je vais l’avoir battue. C’est une olympienne. C’est quand même très le fun de pouvoir se dire ça et de cocher cette case. »

Leduc vise maintenant une participation aux Championnats du monde d’Eugene, aux Jeux du Commonwealth de Birmingham ou aux Championnats continentaux NACAC, aux Bahamas. Un podium aux Championnats canadiens de Langley, dans trois semaines, lui semble dorénavant « plus réalisable ».

Stiverne et Powell

Les coureuses de 400 m ont également goûté au vent qui balayait la piste… mais l’ont évidemment eu de face dans l’une des lignes droites. La Québécoise d’adoption Aiyanna Stiverne s’est imposée dans un temps modeste de 53,39 s. La Montréalaise Micha Powell a fini deuxième en 54,05 s. Alexandra Telford, d’Ottawa, a complété le podium (55,38 s).

Stiverne s’est aussi classée deuxième du 200 m remporté par Zoe Sherar. « Ma dernière saison ne s’est pas passée comme je le voulais, je me concentre donc sur la base, mettre les choses en place et bien sentir mon corps », a expliqué la native de Miami, dont l’entraîneur est le Lavallois Ronald Morency. « J’ai eu un long délai de cinq heures à l’aéroport de Toronto. Mes jambes sont fatiguées. Je suis donc assez heureuse de cette victoire. »

Après avoir raté sa chance pour les Jeux olympiques de Tokyo, l’an dernier, Stiverne vise une place pour les prochains Mondiaux, tout comme Powell, qui se remet d’une infection à la COVID-19.

« On a essayé quelque chose d’un peu différent en partant un peu plus vite, mais quand j’ai eu le vent de face, je ne pouvais plus bouger ! », a admis la fille du détenteur du record mondial du saut en longueur, Mike Powell, et de la triple olympienne montréalaise Rosey Edeh. Micha Powell ambitionne maintenant de réussir un chrono de 51,35 s pour se qualifier pour les Mondiaux.

En 12,89 s au 100 m haies, Michelle Harrison, de Saskatoon, a raté le standard pour les Mondiaux par cinq petits centièmes. L’annonceur/directeur Laurent Godbout lui a fait une fausse joie en annonçant par erreur un temps de 12,56 s…

Celle qui s’annonçait comme la principale attraction de la rencontre, la perchiste Alysha Newman, a déçu en ne franchissant qu’une seule barre à 4,35 m, ce qui lui a quand même valu la victoire. Ses trois essais à 4,50 m ne se sont pas bien déroulés. Elle ne s’est même pas donné la peine de planter la perche aux deux dernières tentatives.

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Alysha Newman

Cinquième aux Mondiaux de 2019, la native de London a connu une déconvenue aux Jeux de Tokyo, ne passant aucune barre. Elle a subi une commotion cérébrale qui l’a empêchée de sauter pendant six mois par la suite. Une marque de 4,61 m, le mois dernier à Windsor, laissait penser qu’elle était sur la bonne voie.

Déçue de l’apathie de la foule (ils étaient à peine 100 spectateurs) et du délai avant son épreuve, Newman n’a pas participé à la cérémonie du podium. Elle a ramassé son chèque et s’est poussée pour attendre son Uber pour l’aéroport. Une visite éclair qui ne passera pas à l’histoire.