La ministre des Sports du Canada s’attend à une vague de plaintes lorsque le nouveau Bureau du commissaire à l’intégrité du sport entreprendra son mandat plus tard ce mois-ci.

La première commissaire à l’intégrité du sport du pays, Sarah-Eve Pelletier, commencera à recevoir et à traiter les plaintes le 20 juin.

Le Center for SafeSport (Centre pour le sport sécuritaire) des États-Unis, créé en 2017, a révélé avoir reçu 5000 rapports et sanctionné plus de 600 personnes au cours de ses trois premières années d’opération.

Lors des cinq premiers mois de Pascale St-Onge comme ministre des Sports du Canada, des allégations de mauvais traitements, d’abus sexuels ou de détournement de fonds ont été portées contre au moins huit organisations sportives nationales dans ce qu’elle a qualifié de « crise ».

St-Onge a créé le Bureau du commissaire à l’intégrité dans le sport (BCIS) en tant qu’entité indépendante chargée d’enquêter sur les signalements d’abus.

« Nous prévoyons également un effet rétroactif, a déclaré St-Onge à La Presse Canadienne. Je sais qu’il va y avoir beaucoup d’appels téléphoniques simplement à cause des histoires que nous avons entendues au cours des dernières semaines et des derniers mois.

« Je suis vraiment secoué par les histoires que nous avons entendues.

« Je suis contente parce que nous allons avoir un mécanisme indépendant. Je sais que les premières années vont être difficiles, mais ce que j’espère, c’est que nous pourrons avoir un avenir où les athlètes, dès que des situations se produisent, ils savent (vers qui) ils peuvent se tourner, afin que nous puissions intervenir le plus rapidement possible. »

Le budget fédéral de cette année prévoyait 16 millions CAN pour financer les opérations de l’OSIC au cours de ses trois premières années.

Sport Canada verse déjà plus d’un million par année au Centre de règlement des différends sportifs du Canada (CRDSC), qui offre des services d’arbitrage et de médiation pour régler les différends.

En comparaison, l’enveloppe de financement du Center for SafeSport aux États-Unis en 2020 était de 18,2 millions US, le Comité olympique et paralympique des États-Unis y contribuant à hauteur de 11,5 millions.

« Nous allons surveiller de près comment les choses se déroulent, si les ressources sont suffisantes, a promis St-Onge. Nous finançons déjà le CRDSC. Ces 16 millions supplémentaires sur les trois prochaines années, nous verrons comment ça se passe.

« Ce nouveau mécanisme est pour moi une priorité absolue, qu’il soit efficace. »

Toutes les organisations sportives nationales seront liées par un code de conduite universel. St-Onge dit qu’elle a rencontré l’organisme national du sport (ONS) au sujet du sport sécuritaire.

« Ils savent tous que c’est un vrai gros problème, que je ne vais pas continuer à tolérer les situations et les histoires que nous avons entendues, a poursuivi la ministre.

« Ils savent tous que nous travaillons à un changement de culture, qu’ils doivent en faire partie. Nous allons relever la barre de ce que nous attendons d’eux, de la manière dont ils doivent empêcher ces situations de se produire. »

Campagne de Basketball Canada

St-Onge soutient la campagne sur le sport sécuritaire (« Learn About The Signs ») de Basketball Canada annoncée jeudi à Ottawa lors d’un match de la Ligue canadienne de basketball élite entre les BlackJacks et les Shooting Stars de Scarborough. La ministre a assisté au match.

La campagne, financée par Sport Canada, comprend une publicité dramatisant les comportements toxiques.

« Nous ne pouvons pas être présents dans tous les gymnases de ce pays, mais nous pouvons tenir chaque gymnase responsable », a déclaré le directeur général de Basketball Canada, Michael Bartlett.

« Notre travail doit être d’utiliser notre mégaphone, notre plateforme, notre puissance marketing, nos ressources, pour attirer collectivement l’attention de la communauté du basketball sur ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas, afin qu’ils aient le pouvoir de dénoncer le comportement inacceptable et d’avoir les outils et ressources à leur disposition pour savoir quoi faire dans ces situations.

« Nous faisons cela parce que c’est notre travail de prendre les devants dans le partage et la promotion de ce qui est bien et mal. » 

Bartlett est prêt pour la campagne publicitaire dont l’objectif est d’inciter potentiellement les gens à signaler des cas de maltraitance et d’abus dans le sport du basketball.

« C’est un bon signe qu’une si grosse organisation comme Basketball Canada va faire quelque chose autour de ce thème, a reconnu St-Onge. À la lumière des dernières histoires que nous avons entendues, l’un des problèmes du système sportif est la culture du silence.

« Les gens sont restés silencieux devant ces situations. En parler, c’est un premier pas vraiment important. »