(Rome) Marcell Jacobs a déjà gagné une autre médaille d’or aux Championnats du monde d’athlétisme en salle. Et il recevra de toute évidence une ovation de la foule lors de la prochaine escale de la Ligue de diamant à Rome. Puis, il compte retrouver son père, qu’il connaît peu, dans le cadre des Championnats du monde. Ensuite, il souhaite étoffer sa collection de médailles lors des Championnats européens.

Et, pour couronner le tout, il compte se marier en septembre.

Si l’an dernier — lorsque Jacobs est passé d’illustre inconnu à champion du 100 m et du relais 4x100 m aux Jeux olympiques de Tokyo — a été remarquable pour l’athlète originaire du Texas, 2022 promet d’être encore plus mémorable.

L’Italien compte bien faire mentir ses détracteurs — car ils étaient nombreux.

« Si je parviens à gagner les deux prochains gros évènements, alors j’aurai tout raflé en athlétisme, a dit Jacobs à l’Associated Press lors d’un entretien accordé sur son site d’entraînement à Rome plus tôt cette semaine. J’ai une cible dans le dos partout où je vais maintenant… Tout le monde veut me battre. C’est donc de plus en plus compliqué. »

Ce qui est compliqué, c’est d’abord et avant tout sa relation avec son père, Lamont.

Né à El Paso d’un père américain et d’une mère italienne, Jacobs a déménagé en Italie à l’âge de six mois, à la suite du divorce de ses parents. Il n’a pas revu son père avant une rencontre organisée à Orlando, en Floride, alors qu’il était âgé de 13 ans.

Dans sa nouvelle autobiographie intitulée Flash : La mia storia (Mon histoire), Jacobs raconte ses souvenirs de cette rencontre survenue en 2008.

« Tout était merveilleux, idyllique, mais malheureusement ça s’est arrêté là, a écrit Jacobs. Je n’ai plus jamais entendu parler de lui, et je ne l’ai jamais revu.

« Quand je suis rentré en Italie, tout ce qu’il m’envoyait c’était des messages. C’est à ce moment-là que j’ai érigé un mur entre lui et moi… Je me demandais pourquoi je n’avais pas de père, comme tous les autres enfants. Même aujourd’hui, si vous me demandez qui est mon père, je ne saurais pas quoi vous répondre. »

Il y a deux ans, sous les conseils d’un psychologue, Jacobs a tenté d’entrer en contact avec son père — un militaire américain qui était stationné en Italie lorsqu’il a rencontré sa mère —, et ils ont échangé des messages avant la finale du 100 m à Tokyo.

« Il m’a dit : “Souviens-toi, le plus important c’est tout ce que tu as fait pour te rendre là, donc n’aie pas peur de personne et cours le plus vite que tu le peux” », a raconté Jacobs.

En juillet prochain, les Championnats du monde d’athlétisme se dérouleront à Eugene, en Oregon. Ce sera alors la première fois que le plus prestigieux évènement dédié à l’athlétisme — outre les Jeux olympiques, bien sûr — se déroulera en sol américain, et le père de Jacobs compte y assister en personne pour voir son fils à l’œuvre.

« Ce sera bouleversant, et ça me donnera beaucoup d’énergie », a admis Jacobs.