Charles Philibert-Thiboutot sera au départ de l’épreuve du Mile de la Diamond League, samedi, à Eugene, en Oregon. Celui qui a déjà en poche ses standards de qualification pour les Championnats du monde au 1500 mètres et au 5000 mètres voudra assurément être de retour au même endroit, dans quelques semaines, où seront disputés les mondiaux.

Samedi, le Québécois aura à ses côtés William Paulson, un coureur originaire de Grande-Bretagne, qui représente le Canada sur la scène internationale et qui est affilié à la Fédération québécoise d’athlétisme, mais surtout le Norvégien et champion olympique au 1500 mètres, Jakob Ingebrigsten.

Félix-Antoine Lapointe, entraîneur-chef des équipes du Québec et entraîneur de Philibert-Thiboutot, est enthousiaste à propos du début de saison de son protégé qui a accumulé les meilleures marques personnelles et qui devra officialiser sa place pour les mondiaux aux Championnats canadiens, à la fin juin.

La grande différence avec les dernières années selon Lapointe, c’est d’avoir enfin le luxe de prendre son temps. En 2021, Philibert-Thiboutot était dans une course contre la montre pour réaliser son standard olympique pour les Jeux de Tokyo… chrono qu’il a finalement réalisé, mais après la date butoir. Le coureur avait dû enchaîner les compétitions pour obtenir son précieux billet, rappelle l’entraîneur.

« Dès le mois d’avril, on essayait de faire le standard pour les Jeux olympiques, donc beaucoup de compétitions en peu de temps. (Dans ces circonstances) on oublie peut-être de faire de bons blocs d’entraînements qui lui permettraient de progresser parce qu’on était dans l’urgence d’essayer de se qualifier. »

Une adaptation au jour le jour et davantage de récupération entre les journées d’entraînements plus intenses sur la piste font en sorte que l’athlète est beaucoup moins blessé que dans les dernières années. Lapointe reconnaît qu’il y a aussi eu une part d’essais et erreurs dans le dernier cycle olympique.

« J’ai eu la chance de travailler avec Charles, un athlète olympique, tôt dans ma carrière, alors que j’étais seulement dans la vingtaine. Ça m’a permis d’apprendre à une vitesse accélérée. […] Aujourd’hui, je ne suis pas gêné de dire que je suis un meilleur entraîneur que je l’étais il y a dix ans. Ce que j’ai appris en travaillant avec Charles va m’aider à avoir de meilleurs résultats avec des athlètes comme Jean-Simon (Desgagnés), Jessy (Lacourse) ou Thomas (Fafard). »

Après avoir réalisé ses standards pour les mondiaux plus tôt cette saison, l’Olympien des Jeux de Rio a pris part à plus d’épreuves de 5000 mètres et même à un 10 000 mètres cette année.

« Autant lui comme athlète que moi comme coach, on a appris des dernières années et nous sommes sur la bonne voie pour trouver la formule qui fonctionne bien avec lui. Il y a aussi un gros travail qui est fait par la physiothérapeute Marilou Lamy qui travaille fort pour le garder en santé. Ça devient un travail d’équipe. Une des clés dans son succès de la dernière année, c’est que nous avons plus de flexibilité dans son programme d’entraînement », poursuit celui qui sera le seul Québécois membre du groupe des entraîneurs de l’équipe canadienne aux prochains mondiaux.

Prometteuse, la relève

Les athlètes québécois étaient peu présents dans les équipes canadiennes des dernières éditions des Jeux olympiques. Les choses pourraient commencer à changer comme le laissent présager les résultats obtenus par les représentants de la relève.

« Nous avons une belle génération d’athlètes qui ont les outils pour y arriver (sur la scène internationale). La relève aussi va bien, dans le sens où on voit de beaux potentiels chez les juniors. Notre défi, c’est de continuer à bien les encadrer et à les motiver pour qu’on en ait d’autres à chaque génération. Tranquillement, étape par étape, on voir qu’il y a de belles choses qui s’en viennent », croit l’entraîneur Lapointe.

Jean-Simon Desgagnés est un de ceux-là. La semaine dernière, il a réalisé un record personnel au 3000 mètres steeple (8 min 22,95 s).

« Il a manqué le standard des Championnats du monde par moins d’une seconde (8 min 22,00 s) », précise son entraîneur.

Quant aux sprinteuses montréalaises Catherine Léger (UCLA) et Deondra Green (West Texas A & M), elles font leurs classes dans le circuit universitaire américain.

« La NCAA, autant ça peut être exceptionnel dans le développement d’un athlète, autant les athlètes peuvent finir leur stage universitaire en étant brûlés physiquement et mentalement. L’idée est de trouver les bons environnements qui vont permettre aux athlètes d’éclore avec un bon personnel d’entraîneurs. Autant Catherine que Deondra semblent avoir fait de bons choix », analyse Lapointe.

La nouvelle génération qui pointe profitera d’un encadrement encore plus structuré. La ville de Québec deviendra le pôle des athlètes d’endurance, alors que les sprinteurs seront au tout nouveau Centre national de sprint d’Athlétisme Canada qui verra le jour à Montréal dès cet automne. L’endroit pourrait accueillir les spécialistes des sauts à moyen terme.

« Au final, ce qu’on veut, c’est que l’athlète soit dans un bon environnement pour sa spécialité. […] Plus on va être capable de faire évoluer ces deux pôles-là, plus ça va être bon pour notre athlétisme de haut niveau québécois. »

Et avec des Championnats du monde en 2022 et 2023 avant les Jeux olympiques de Paris, en 2024, pas de doute que la relève sera motivée.