(Montréal) Un groupe de gymnastes a porté plainte mercredi contre Gymnastique Canada, la fédération nationale, et des organisations provinciales pour avoir toléré un climat de maltraitance physique et psychologique dans les clubs pendant des décennies.

« Cette action (en justice) découle de l’abus physique, sexuel et psychologique des gymnastes au Canada alors qu’ils étaient sous la garde et la responsabilité des organisations de gymnastique provinciales et de Gymnastique Canada », peut-on lire dans le document, obtenu par l’AFP.

Selon les avocats, « la culture de contrôle » et « les comportements abusifs » ont conduit à la création d’un environnement où « les abus et les mauvais traitements infligés aux athlètes sont monnaie courante ». Il est également reproché à des entraîneurs d’avoir eu des contacts physiques inappropriés avec des gymnastes.

Cette action en justice survient un peu plus d’un mois après qu’un regroupement de plus de 70 gymnastes a publié une lettre ouverte pour dénoncer une « culture toxique et des pratiques abusives qui persistent dans le monde de la gymnastique au Canada ».

Dans cette lettre qui a récolté depuis fin mars plus de 400 signatures, les gymnastes exhortent le gouvernement fédéral à entreprendre une « enquête indépendante » pour faire la lumière sur cette culture, une requête « qui n’a mené nulle part », selon Gymnast For Change Canada.

Au Royaume-Uni, des gymnastes britanniques ont l’an passé lancé une action en justice similaire. Depuis l’énorme scandale de violences sexuelles touchant la gym américaine, des gymnastes du monde entier ont dénoncé des violences physiques et psychologiques passées : privation de nourriture, coups, humiliations.

Le recours collectif canadien a été déposé devant la Cour suprême de la Colombie-Britannique (ouest), province où réside la première plaignante Amelia Cline, ancienne gymnaste de haut niveau qui souhaite que « les fédérations sportives soient tenues responsables » des abus perpétrés dans ce sport.

« Je ressens des effets persistants à long terme de cette maltraitante. Physiquement, je souffre de douleurs chroniques et psychologiquement, j’ai du mal à maintenir de saines habitudes alimentaires », a-t-elle expliqué à l’AFP, décrivant les violences infligées par son entraîneur comme étant d’ordre physique, psychologique et émotionnel.

« La principale motivation de ce recours est de provoquer un véritable changement afin de protéger la prochaine génération de gymnastes », a pour sa part déclaré à l’AFP l’avocate Valérie Lord.

La poursuite vise Gymnastique Canada ainsi que les fédérations de six des dix provinces canadiennes : la Colombie-Britannique, l’Alberta, la Saskatchewan, le Manitoba, l’Ontario et le Québec.

« Toutes les disciplines de la gymnastique — rythmique, acrobatique, artistique, tumbling, trampoline — subissent d’une façon ou d’une autre cette culture du contrôle et de la domination des entraîneurs », a expliqué la porte-parole de l’organisme, Kim Shore, estimant que « le système d’imputabilité doit changer ».