Plusieurs dizaines de personnes, jeunes et moins jeunes, se sont réunies au parc Georges-Saint-Pierre, à Montréal, samedi matin. Elles ont marché, ensemble. Pour les enfants. Afin de rappeler à tous, après deux ans de pandémie, le pouvoir du sport dans le développement des jeunes.

Il était environ 10 h quand les gens ont commencé à arriver par petits groupes au parc situé dans l’arrondissement de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce afin de prendre part au Marche-o-thon du pouvoir du sport. Une initiative de la Fondation Communauté Montréal à cœur et son programme de basketball Red Rush.

À son arrivée, chacun recevait et enfilait sans attendre un chandail blanc de l’évènement. Tout près du lieu de rassemblement, sur le terrain de basketball, certains jeunes profitaient du soleil et de l’attente avant le début de l’évènement pour lancer quelques ballons au panier.

Cette grande réunion, elle est l’œuvre de Denburk Reid, directeur général de la Fondation Communauté Montréal à cœur. L’homme de 42 ans en fait son objectif de vie, aider les jeunes socialement vulnérables. Au moyen de sa fondation et de ses programmes, il les aide à affronter les défis auxquels ils font face.

Reid lui-même a eu une enfance difficile. Il s’en est sorti grâce au sport. « Quand je vois les jeunes, je me vois en eux », affirme-t-il. Pendant la pandémie, il a eu conscience des difficultés qu’ont vécues bien des jeunes.

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, LA PRESSE

Denburk Reid, directeur général de la Fondation Communauté Montréal à cœur

[Les jeunes] étaient à la maison à ne rien faire. Tout ce qu’ils pouvaient faire, c’était aller dans la rue. L’influence de la rue est vraiment forte. C’est comme une échappatoire.

Denburk Reid, directeur général de la Fondation Communauté Montréal à cœur

« Nous voulons utiliser le sport pour que les jeunes soient dans un environnement sain où ils peuvent réussir, continue-t-il. Aujourd’hui, le Marche-o-thon, c’est ça, l’objectif. J’invite tous mes amis qui ont utilisé le sport pour réussir dans la vie à venir nous aider. On unit nos voix pour dire aux gens qui viennent marcher que le sport a un pouvoir plus puissant que juste suer. »

Parmi ces amis, il y avait entre autres l’entraîneur des quarts-arrières des Alouettes de Montréal Anthony Calvillo, le directeur général des l’Alliance de Montréal Joel Anthony, et l’ancien champion des poids moyens de la WBO Otis Grant.

Anthony Calvillo a aussi eu une enfance éprouvante. Il a dû composer avec un père violent et alcoolique ainsi qu’un frère aîné qui a été entraîné dans les gangs de rue.

« Quand j’étais jeune, le sport, c’était ma fondation, ma motivation, relate-t-il. C’est ce qui m’a gardé à l’école. […] La plupart de mes entraîneurs sont devenus mes figures parentales. Ils ne m’ont pas seulement aidé comme athlète, mais aussi comme individu. Ils étaient là pour moi. Le sport a eu un impact majeur sur ma vie. »

« Pour moi, ç’a toujours été important de redonner autant que possible parce que les fonds sont nécessaires, ajoute-t-il. Si ce n’était pas de toutes ces personnes qui m’ont aidé en grandissant, je ne sais pas si j’aurais pu accomplir tout ce que j’ai accompli. »

Au moment où nous publiions cet article, plus de 125 000 $ – sur un objectif de 200 000 $ – avaient été amassés dans le cadre du Marche-o-thon. L’argent servira entre autres à soutenir le développement des programmes de la Fondation, lesquels visent notamment à fournir de meilleures formations pour les entraîneurs et les athlètes s’impliquant au sein des organisations et des écoles dans le besoin.

Chacun ses défis

Denburk Reid a lancé le programme de basketball Red Rush en 2005 afin d’offrir aux jeunes un accès à des mentors qui les accompagnent sur les plans sportif et scolaire.

« Ce n’est pas une ligue. Moi, j’appelle ça un mouvement, lance-t-il. On a presque 300 jeunes de différentes écoles, de différents quartiers de partout à Montréal. En utilisant leur passion du basket, on peut les aider à avoir un safe space. Tu vas voir ici des jeunes qui parlent différentes langues, de différentes origines, mais quand ils se voient, c’est une famille. »

Parmi la centaine de jeunes sur place, il y avait Julien Ligondé-Le Clair, qui fait partie du programme de basketball Red Rush depuis quatre ans. Après deux ans de pandémie, l’adolescent de 14 ans n’a pas eu à se faire prier pour se présenter au Marche-o-thon.

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Julien Ligondé-Le Clair

« Ç’a été dur parce qu’on ne pouvait pas avoir d’équipe. On était seuls chez nous, on ne pouvait pas voir nos amis », raconte-t-il en précisant que le basketball est une « grosse partie » de sa vie. C’est sa passion.

Sa mère, Isabelle Le Clair, est la première à pouvoir le confirmer.

« Chacun sa route, son chemin, ses défis. Mais Julien a passé à travers les siens grâce au basket, à la communauté qu’il avait autour de lui », soutient-elle.

« À 14 ans et 6 pi 2 po, tu as besoin de bouger, ajoute-t-elle. En confinement, je peux vous dire que j’avais des traces de doigts au plafond ! […] Avoir cet espace où il peut s’exprimer, être lui-même, où il est compris… Quand on a cette taille, que vos professeurs sont plus petits que vous… »

« Il est entouré de cette communauté de gars qui le comprennent, qui ont aussi grandi trop vite, qui ont aussi trébuché jusqu’à 15-16 ans, qui ont eu de la difficulté à trouver des vêtements de la bonne taille. C’est important, c’est rassurant pour eux. »

Pendant la pandémie, son fils a pu garder contact avec les autres basketteurs de la Communauté Montréal à cœur grâce à des visioconférences hebdomadaires. « Ils ont eu des séminaires sur la citoyenneté, sur l’identité », évoque-t-elle, visiblement reconnaissante.