Tous les voyants étaient au vert : une forme splendide, une encourageante quatrième place au Tour de Catalogne et le Tour des Flandres pour se mettre dans le bain.

Après sa fantastique épopée de l’automne dernier, Guillaume Boivin abordera pourtant Paris-Roubaix sans grandes attentes, dimanche.

Pourquoi ? Comme plusieurs de ses coéquipiers, le coureur d’Israel-Premier Tech (IPT) a été mis K.-O. par la grippe à la fin du mois dernier.

Souhaitant profiter de son excellente condition physique, Boivin avait coupé court au Tour de Catalogne pour disputer À travers les Flandres le mercredi suivant.

Or, la veille de la semi-classique, où IPT s’est présentée à trois partants (!), il est tombé malade. Cloué au lit pendant quatre jours, il est rentré de peine et de misère chez lui en Andorre. Comme tous ses coéquipiers, il a donc suivi le Tour des Flandres à la télévision.

Fièvre, bronchite, infection à une oreille, toux : Boivin a eu la totale malgré les antibiotiques. « On a fait quelques tests pour constater que c’était l’influenza, la bonne vieille grippe, a-t-il expliqué mercredi. J’ai été deux semaines sans m’entraîner. Je pense que j’ai fait six heures de vélo en tout. C’est vraiment loin d’être idéal. »

Le 3 octobre, Boivin s’est distingué lors de la 118e présentation de la célèbre épreuve sur pavés, déplacée à l’automne à cause de la pandémie.

Sous la pluie et dans la boue, une première en deux décennies, le champion figurait dans le petit groupe qui a lutté pour la victoire quand il a chuté dans un secteur pavé à moins de 20 km de l’arrivée au vélodrome. Il a néanmoins terminé neuvième, le meilleur résultat pour un Canadien depuis Steve Bauer au début des années 1990.

Sans vouloir se condamner à l’avance, Boivin réalise qu’il sera beaucoup plus compliqué de rivaliser de nouveau avec Mathieu van der Poel, Mads Pedersen ou Tom Pidcock dimanche. Sonny Colbrelli, vainqueur en 2021, sera absent après son malaise cardiaque au Tour de Catalogne, le 22 mars.

Comment Boivin entrevoit-il l’épreuve de 257,2 km avec ses 30 tronçons pavés qui s’annoncent « exceptionnellement secs », selon l’organisation ?

« Ouf… prendre plaisir le plus qu’on peut ! C’est la plus belle course de l’année. C’est un privilège d’y être. J’ai vraiment de beaux souvenirs de l’an passé. La façon dont je me sens peut changer un peu d’ici dimanche. »

Je vais peut-être essayer de prendre l’échappée et courir avec ma tête le plus possible. J’en aurai besoin parce que les jambes ne sont pas au niveau.

Guillaume Boivin

Malgré une toux persistante, il a pu reprendre l’entraînement ces derniers jours.

« Je ne me sens pas malheureux sur le vélo, parce que la forme était vraiment excellente avant que je tombe malade, mais je n’ai pas trop d’attentes. Et tous les gars de mon équipe qui seront là sont un peu amochés. On est tombé malade pas mal solide. C’est vraiment un printemps – et surtout des classiques pavées – à oublier pour nous. »

De durs moments pour l’équipe

Ayant dû se contenter d’une seule victoire cette saison – une étape du Gran Camiño par le Canadien Michael Woods, 2e au général, en février –, la formation israélo-québécoise est éprouvée. Sep Vanmarcke, incertain pour Paris-Roubaix, Woods et le nouveau venu Jakob Fuglsang ont notamment été ralentis par la maladie. Giacomo Nizzolo s’est fracturé un poignet sur une chute tandis qu’il figurait dans le groupe de tête à Milan-San Remo.

À la fin de l’année, l’UCI procédera au renouvellement des 18 licences WorldTour. Pour l’heure, IPT pointe au 19e rang du classement trisannuel. Les coureurs en sont conscients.

« L’équipe essaie de ne pas nous mettre trop de pression, mais on est tous assez intelligents pour comprendre la game, a acquiescé Boivin. C’est notre job de gagner des courses de bécyk, et c’est pour ça qu’on est payés. Au-delà de la pression, on veut gagner parce que c’est ça qui nous fait triper. »

L’ex-joueur de la ligue midget AAA recourt à une analogie de hockey pour résumer la situation.

« J’en parlais cette semaine avec Mike : on est comme une équipe qui n’est pas dans les séries avant Noël. Finalement, on fait une grosse poussée en fin de saison pour rentrer de justesse. On voit ça souvent dans le sport. C’est dans ces moments-là que l’équipe s’unit et pousse dans la même direction. C’est un peu ça notre mentalité à l’heure actuelle. »

Son coéquipier Hugo Houle, 16e de la Flèche brabançonne mercredi, avait déjà signifié son intention de rater Paris-Roubaix. Il tourne donc son attention vers la Flèche wallonne et Liège-Bastogne-Liège, la semaine prochaine.

Trois Québécoises à Paris-Roubaix femmes

Trois Québécoises prendront le départ de Paris-Roubaix femmes, dont la deuxième présentation de 124,7 km s’élancera samedi à Denain. À moins d’un changement de dernière minute, Gabrielle Pilote Fortin (Cofidis), Simone Boilard (St Michel-Auber 93) et Magdeleine Vallières-Mill (EF Education-Tibco-SVB) découvriront les pavés de l’Enfer du Nord. La Britannique Elizabeth Deignan, tenante du titre, ne sera pas au départ puisqu’elle attend son deuxième enfant.