Mary-Sophie Harvey a réussi un meilleur temps à vie au 200 m quatre nages individuel (QNI) à la Coupe du Québec de natation, le mois dernier, à Québec. Son record précédent remontait à 2016, autant dire une éternité dans le monde du sport de haut niveau.

Dans l’intervalle, la nageuse de 22 ans s’est souvent remise en question, songeant parfois à la retraite. Elle a beau s’être qualifiée pour les Jeux olympiques de Tokyo, une question demeurait : vais-je un jour revenir à mon sommet ?

En sortant de l’eau, elle a croisé Martin Gingras, qui était entraîneur-chef à ses débuts à Trois-Rivières. « Tu vois que tu n’es pas finie », a souligné celui qui dirige maintenant le club de Pointe-Claire.

Harvey s’est mise à pleurer. « Ça fait du bien de sortir un peu du tunnel et d’avoir hâte au futur », a-t-elle raconté en entrevue deux jours plus tard.

Sept mois après sa première participation aux Jeux olympiques, elle ne pouvait rêver d’une meilleure préparation pour les sélections canadiennes, qui s’amorcent mardi à Victoria, en vue des Championnats du monde de Budapest et des Jeux du Commonwealth de Birmingham, en Angleterre.

Le 200 m QNI est au programme de cette première journée, tout comme le 100 m dos, épreuve où Harvey a également de nouvelles ambitions. La proximité des deux finales l’obligera malheureusement à devoir faire un choix.

À Tokyo, Harvey avait été limitée aux préliminaires du relais 4 x 200 m libre. Cette qualification « sur la fesse » l’a laissée sur son appétit, a-t-elle réalisé pendant la compétition tokyoïte.

« Je veux être plus présente dans les équipes. Ce n’est pas vrai que je vais juste faire un relais. Je veux faire des nages individuelles. Ça m’a un peu poussée toute l’année, en commençant par [le circuit professionnel] ISL à l’automne. Mieux faire, être plus sérieuse à l’entraînement, revenir à mes sources et donc faire un petit changement dans ma sélection d’épreuves. »

D’où sa « retraite » des 400 QNI, 400 m libre et 200 m papillon. Avec son nouvel entraîneur Greg Arkhurst, qui remplace Claude St-Jean au club CAMO, elle a donc convenu de se concentrer sur les épreuves de dos, ce qui a eu un effet positif sur son 200 QNI. À son étonnement, elle a également réalisé ses meilleurs temps au 100 m brasse.

Pas mauvais pour une « vieille » de 22 ans. Avec sa coéquipière Katerine Savard, 28 ans, Harvey faisait partie des trois compétitrices les plus âgées à la Coupe du Québec.

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Katerine Savard

« Il y en a plusieurs au Québec qui se demandaient pourquoi Kat et moi, on nageait encore. Kat est plus vieille, mais j’étais plus jeune quand j’ai commencé. Ça fait donc aussi longtemps qu’on nage en nombre d’années. »

Elle fait remarquer que « la tendance est à la jeunesse » dans la natation canadienne.

« C’est vrai que personnellement, mes meilleurs temps remontaient à loin. Ça fait vraiment du bien d’avoir la confirmation que je ne suis pas nécessairement finie. Et de me le faire dire par les entraîneurs, ça m’a un peu rassurée. Je pense aussi que ça a inspiré des jeunes en questionnement qui n’ont pas battu leurs temps depuis un an. Si tu persévères, tu peux le faire. »

Savard a également eu ses moments difficiles dans les dernières années. Sa résurgence aux Essais olympiques, où elle s’est qualifiée au 100 m papillon, a représenté une véritable libération.

Elle s’est néanmoins fait parler de son âge durant la Coupe du Québec, où elle a gagné ses quatre courses individuelles. Au 100 m papillon, elle a réalisé un chrono plus rapide qu’en demi-finale des Jeux olympiques, l’été dernier.

« Oui, je suis plus vieille que tout le monde, mais si tu m’enlèves, ça fait un grand trou, a dit la médaillée olympique au relais en 2016. Peu importe ce que les gens disent sur mon âge, je suis encore en train de prouver que j’ai ma place parmi les meilleures au monde. »

« De plus en plus fière » de sa longévité, Savard vise une cinquième participation aux Mondiaux en grand bassin. « Ça me tient toujours à cœur, je suis compétitive et je pense que j’ai encore le potentiel pour le faire. »

En rafale

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Brent Hayden

  • À 38 ans, Brent Hayden a annoncé sa deuxième retraite vendredi. Son chrono de 47,99 s comme premier relayeur au 4 x 100 m est un exploit qui n’a pas reçu l’attention qu’il méritait aux Jeux de Tokyo, où les nageuses ont volé la vedette de bon droit. Par une marge de cinq ans, il est le nageur le plus âgé à être passé sous les 48 secondes sur la distance. Tout ça après une retraite de sept ans pour l’ancien champion mondial, l’un des athlètes les plus sympathiques et généreux.
  • La Fédération de natation du Québec a réalisé une belle prise en mettant la main sur l’organisation des Essais olympiques et paralympiques de 2024, qui seront disputés à la piscine du Parc olympique pour la première fois depuis 2012. Dans la foulée, Natation Canada a annoncé un partenariat avec Athlétisme Canada et une commandite commune de trois ans avec l’entreprise de télécommunication Bell.
  • Les sélections de Victoria seront la première compétition pour plusieurs des meilleures nageuses canadiennes sans l’entraîneur Ben Titley, qui a laissé une marque indélébile durant son passage d’un peu moins de 10 ans. Le mois dernier, le coach d’origine britannique a annoncé qu’il se joignait au programme espagnol. Très lourde perte pour Natation Canada. Le Montréalais d’origine Ryan Mallette, qui était adjoint de Titley depuis quelques années, assume l’intérim.