Cris, gémissements, et parfois même larmes : la marathonienne et massothérapeute Jacqueline Gareau a développé une technique de massage pas banale qui séduit une poignée de fidèles.

« Ce matin, il y avait un gars qui criait – on l’entendait jusque dans la boutique. »

C’est avec ces mots qu’un employé de la boutique Endurance a accueilli l’auteur de ces lignes un récent après-midi d’hiver.

Nous avions rendez-vous avec Jacqueline Gareau. Tous les jeudis, la massothérapeute et marathonienne québécoise installe sa table portative dans une petite pièce à l’arrière de cette boutique sportive de la rue Saint-Denis, à Montréal. Une fois le client couché, Jacqueline diffuse une musique relaxante sur un petit haut-parleur Bluetooth, sort sa bouteille d’huile à massage et se met à l’œuvre.

La Presse a pu vivre (ou devrions-nous dire survivre ?) 2 séances de 90 minutes avec Jacqueline Gareau. Disons que l’expérience est unique : notre cerveau sait que la femme de 69 ans qui nous masse est de petite taille et pèse moins de 45 kg, mais notre corps, lui, est persuadé d’être assailli par un lutteur sumo.

On jurerait voir des étoiles quand Jacqueline enfonce un coude quelque part près de notre omoplate afin de « débloquer nos énergies ». Activés par ses mains expertes, des points de pression dont nous ignorions l’existence la seconde d’avant sont catapultés à l’avant-plan de notre conscience et nous font ressentir toute une palette de sensations vives.

Dans notre cas, la séance n’a pas provoqué de cris ou de larmes, mais surtout des éclats de rire. Coureur amateur, c’est étendu sur la table qu’on a soudainement pris conscience que la course, c’est la partie facile – le vrai test, c’est le massage.

Insatisfaite

Jacqueline Gareau a commencé à courir à l’âge de 21 ans dans le but d’arrêter de fumer. Inhalothérapeute de formation, elle a vite constaté qu’elle avait un don pour courir longtemps. « J’avais de l’endorphine, et ça me mettait de bonne humeur, alors j’aimais ça », dit-elle.

Jacqueline a remporté le marathon d’Ottawa en 1979. Elle a aussi remporté le marathon de Boston l’année suivante, une course qui avait fait les manchettes parce qu’une impostrice était sortie de la foule pour passer la ligne d’arrivée avant Jacqueline – la fraude a vite été identifiée, et Jacqueline a reçu son prix dans les jours suivants. Elle a aussi remporté le marathon de Los Angeles et a participé aux Jeux olympiques de 1984, où des crampes et douleurs l’ont empêchée de finir la course.

PHOTO ARCHIVES UNITED PRESS INTERNATIONAL

Jacqueline Gareau franchit symboliquement le ruban du fil d’arrivée du marathon de Boston en 1980.

Après avoir travaillé pour une entreprise de vêtements de course et avoir été propriétaire de boutiques de plein air avec son mari Gilles Lapierre, Jacqueline a suivi des cours de massothérapie et est devenue massothérapeute en 2005.

« Quand j’étais athlète, j’étais insatisfaite des massages. Je voulais qu’ils me détendent plus, mais c’était trop limité… Je me suis dit, quand je vais être massothérapeute, je vais aider les gens à débloquer ce qui est à débloquer. »

Au départ, Jacqueline a travaillé dans des spas, où ses techniques ont fait réagir.

J’avais ma couleur, et ça ne plaisait pas à tous… Souvent, les gens qui vont au spa, ils pensent que le massage ne sera pas trop fort, mais moi, j’y allais, et ça les surprenait, certains étaient plus ou moins satisfaits.

Jacqueline Gareau, marathonienne et massothérapeute

Elle dit avoir depuis adapté sa pratique, même si elle demeure très intense.

« En tant que marathonienne, souvent, j’en donne et je veux aller jusqu’au bout. Je sais m’adapter. Je regarde le client en face de moi et je me dis, vas-y mollo. »

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Jacqueline Gareau

Pierre Léveillé, propriétaire de la boutique Endurance, qui a participé aux Jeux olympiques de 1984 à Los Angeles comme athlète au 400 m haies, connaît Jacqueline Gareau depuis cette époque.

Avec Jacqueline, c’est un peu le concept no pain, no gain [pas de douleur, pas de gains]. Moi, je ne suis plus capable : elle me fait un massage de 10, 15 minutes, et c’est suffisant. Mais elle a fait sa marque, et il y a des habitués qui reviennent.

Pierre Léveillé, propriétaire de la boutique Endurance

En plus de venir à Montréal pour masser ses clients à la boutique Endurance, Jacqueline fait des massages chez elle, et à domicile, dans la région de Sainte-Adèle, où elle demeure. Il lui arrive de masser des enfants – les massages durent 15 minutes – et aussi des personnes âgées.

« Mon plus vieux client a 87 ans. Il dit que mes massages lui font du bien. Des fois, j’aime croire que je suis une rénovatrice, pour l’énergie, et aussi pour le corps. »

Il arrive à Jacqueline de faire 5 massages de 90 minutes dans la même journée – et le dernier massage est aussi énergique que le premier.

« Je pense que je suis passionnée. J’aime ce que je fais, alors ça me donne l’énergie pour continuer. »

Consultez le site de Jacqueline Gareau