Aux Jeux olympiques de Tokyo, Rosalie Boissonneault était la seule nageuse de la formation canadienne à ne pas avoir participé aux Jeux panaméricains de Lima, en 2019. Du haut de ses 18 ans, la Drummondvilloise est d’ores et déjà une rare vétérane, voire une leader au sein de l’équipe nationale senior de natation artistique.

Un vent de changement a soufflé sur ce nouveau cycle olympique. Le mot s’était passé que plusieurs athlètes allaient s’éloigner de la compétition après les Jeux de Tokyo, dont les Québécoises Camille Fiola-Dion, Audrey Joly et Jacqueline Simoneau.

Pour Rosalie Boissonneault, qui a rejoint l’équipe nationale en août 2020, ces changements supposent un nouveau chapitre, un nouveau rôle et de nouveaux objectifs dans sa carrière. Andrée-Anne Côté et elle sont les seules à avoir nagé dans la capitale japonaise, tandis que la Saskatchewanaise Kenzie Priddell, également de retour, avait fait le voyage à titre de remplaçante.

« Ç’a été difficile de voir tout le monde partir. Je devenais une des plus anciennes, c’est arrivé vite et ç’a été un peu stressant au début », a indiqué Boissonneault à Sportcom, en vue des Séries mondiales de Paris qui se déroulent tout au long du week-end.

« Il y a eu une période d’adaptation, mais ça s’est fait assez rapidement, parce que ce n’était pas une surprise. Les nouvelles filles ont [sensiblement] le même âge que moi et ça fait longtemps que je nage avec elles. Ce sont de bonnes amies, alors on a de la facilité à communiquer. »

Les Québécoises Laurianne Imbeau, Audrey Lamothe, Raphaëlle Plante, Kiara Quieti, Alicia Réhel et Maude Turcotte vivront leur première expérience internationale chez les seniors, en personne. Elles ont participé aux Séries mondiales virtuelles en mars, ce qui leur a donné un avant-goût de la compétition, tout au plus.

Elles s’entraînaient ensemble depuis seulement quatre semaines lorsqu’elles ont filmé leurs routines. Selon Rosalie Boissonneault, la progression qu’elles ont connue leur a sauté aux yeux lors du visionnement.

« Quand on a vu les performances, on s’est regardées en se disant ”On est vraiment rendues meilleures que ça !’’ On est maintenant à un autre niveau. Il nous reste encore beaucoup à apprendre, mais on a beaucoup d’énergie et on essaie de se corriger rapidement. »

Je ne me mets pas de pression, mon but est d’aider les filles à se sentir le mieux possible. Je n’essaie pas de bosser personne. Andrée-Anne (Côté) prend aussi un grand rôle et est notre leader, c’est elle qui a le plus d’expérience.

Rosalie Boissonneault

En solo

L’équipe canadienne sera de l’épreuve acrobatique samedi, à Paris, puis présentera ses routines technique et libre dimanche. Audrey Lamothe s’élancera également au solo technique samedi.

Plus jeune nageuse du groupe, la Montréalaise ne s’attendait pas à faire le saut aussi rapidement chez les seniors lorsqu’elle regardait les Jeux olympiques de Tokyo, l’été dernier. Celle qui a fêté son 17e anniversaire en février estimait qu’elle était encore jeune et qu’elle allait devoir se développer davantage.

« Mon tour s’en venait, mais je ne savais pas dans combien de temps », a confié Lamothe. Elle a ensuite entrepris les sélections nationales en novembre sans attentes particulières. « Plus ça avançait, plus je me disais que je voulais voir où le processus allait mener. Je le faisais surtout pour prendre de l’expérience. »

Quatre mois plus tard, Audrey Lamothe remplace Audrey Joly en tant que voltigeuse et se prépare, non pas sans fébrilité, à nager dans la Ville Lumière.

« Ce n’est pas le même feeling qu’en virtuel ! On ressent déjà l’adrénaline. J’ai hâte de démontrer ce qu’on est capables de faire après ces neuf semaines d’entraînement. »

L’étudiante de cinquième secondaire se réjouit déjà de la présence des juges et des spectateurs, surtout pour son programme solo. À son avis, il sera plus facile pour elle d’exprimer ses émotions par son regard et ses gestes, ce qui représentait un plus grand défi par l’entremise d’une caméra.

Dans les parages

Les recrues peuvent compter sur l’expérience et le soutien des plus anciennes pour les guider cette saison. Cela inclut les Olympiennes qui ne sont plus dans l’équipe, mais qui se rendent à la piscine de temps à autre afin de donner un coup de main. La Montréalaise d’adoption Claudia Holzner occupe quant à elle un poste d’assistante.

« C’est le fun d’avoir son point de vue. Elle a déjà nagé les routines et sait ce qu’il faut corriger et comment le faire », a partagé Rosalie Boissonneault, frappée de plein fouet au retour de ses premiers JO.

« Les Jeux peuvent représenter le summum, le rêve en tant qu’athlète. Ç’a été un peu difficile au début, mais j’ai trouvé d’autres objectifs et comme je suis encore jeune, j’ai encore beaucoup de choses à développer. Je ne suis pas au maximum de mon potentiel, alors ç’a été facile de me motiver. »

Le tout, sans oublier son nouveau rôle de leadership qui s’est imposé et qui est très apprécié par Audrey Lamothe.

« Elles sont toutes vraiment inspirantes, c’est le fun de nager avec elles et de voir que je peux m’améliorer pour devenir aussi bonne. Elle donne de bons commentaires, j’apprends tous les jours et c’est vraiment motivant. »

D’ailleurs, est-ce que Rosalie Boissonneault avait un conseil avant cette première entrée en scène ?

« Il faut juste se faire confiance. On a travaillé fort dans les dernières semaines et on connaît nos routines. Il ne reste plus qu’à faire du mieux qu’on peut », a-t-elle lancé en guise de conclusion.