Chaque semaine, les journalistes des Sports de La Presse répondent à une question dans le plaisir, et un peu aussi dans l’insolence

Appel à tous

Et vous, avec quelle personnalité du monde du sport aimeriez-vous passer une soirée ?

Écrivez-nous

Katherine Harvey-Pinard

Jean Béliveau. J’ai d’ailleurs eu la chance, il y a un an, de m’entretenir avec Élise et Hélène Béliveau, respectivement femme et fille du légendaire numéro 4. On a peu parlé de hockey ; elles m’ont surtout parlé de l’humain, de l’homme de parole, loyal et honnête, qu’il était. J’aurais rêvé de faire une grande entrevue avec lui avant sa mort, mais je n’étais malheureusement pas encore journaliste à l’époque. Parmi les athlètes toujours de ce monde, je pense immédiatement à Roger Federer, un des plus grands de l’histoire du sport. J’ai encore plusieurs années devant moi pour avoir cette occasion (doigts croisés) !

Richard Labbé

PHOTO MAXIM SHEMETOV, ARCHIVES REUTERS

Vladislav Tretiak

Je dois dire que j’ai été très chanceux. Depuis le début de ma carrière, j’ai eu la chance de discuter avec plusieurs légendes, de Henri Richard à Guy Lafleur, de Troy Aikman à John Madden. Mais je n’ai jamais eu l’occasion de discuter avec mon idole de jeunesse : Vladislav Tretiak. Lui, il fut le gardien du gros club de l’URSS dans les années 1970 et au début des années 1980, probablement aussi le meilleur gardien au monde à ce moment-là. C’est avec un plaisir immense que j’ai dévoré ses livres, et on peut présumer qu’après toutes ces années, le grand Vladislav doit encore avoir des choses intéressantes à dire. Un jour peut-être...

Jean-François Tremblay

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Maurice Richard

J’ai eu ma première, et seule, entrevue avec Maurice Richard autour de 1993. Ma mère : « Lui, c’est Maurice Richard, il a la même date de fête que toi. » Maurice Richard : « Ah oui ? C’est quoi, ta date de fête ? » Moi : « Le 4 août, M. Richard. » Maurice Richard : « Ben oui, on a la même date de fête. » Bon, c’était succinct, digne de l’homme de peu de mots qu’il était. Il reste que le propos avait plus de profondeur que dans plusieurs autres entrevues que j’ai vécues au cours de ma carrière, mais on s’égare. Bref, Maurice Richard serait mon choix pour une grande entrevue. Le personnage fascine. Maurice Richard était l’antihéros, celui qui ne voulait pas vraiment être là, le John McClane du hockey. Un gars qui voulait juste jouer au hockey puis rentrer dans sa modeste maison d’Ahuntsic. Mais un gars qui a fini par symboliser l’émancipation d’un peuple entier, parce qu’il était un petit Québécois francophone meilleur que tout le monde à un jeu dominé par les anglophones. Les livres d’histoire parlent de l’arrivée de Jean Lesage en 1960 comme du début de la Révolution tranquille, mais j’ai souvent lu que la première pierre aurait été posée en 1955. Le jour de l’émeute du Forum, quand les Québécois sont descendus dans la rue pour dire qu’ils en avaient assez de se faire marcher sur les pieds. Imaginez, le gars qui n’avait rien demandé et qui devient le héros d’une nation. Trouvez-moi une meilleure histoire.

Nicholas Richard

PHOTO JEFF PACHOUD, AGENCE FRANCE-PRESSE

Mikaela Shiffrin

D’ici peu, Mikaela Shiffrin sera la plus grande athlète de l’histoire. Ce serait un immense privilège de la rencontrer. Non seulement parce que c’est elle qui a forgé mon amour pour le ski alpin, mais simplement parce que, à 26 ans, elle est déjà une légende vivante et qu’elle se démarque autrement qu’avec ses skis. Le CV de l’Américaine est impressionnant avec ses 3 médailles olympiques, 11 médailles en Championnat du monde et 73 victoires en Coupe du monde. Ce qui est fascinant avec Shiffrin, c’est qu’elle a embrassé à merveille son rôle d’ambassadrice. Elle est bonne pour le ski alpin. Elle vante les mérites de ses adversaires, les encourage et, même lorsqu’elle ne gagne pas, elle est ravie pour les autres. Elle est un modèle et est toujours disponible pour tendre l’oreille à ses rivales. Elle n’a pas peur non plus de s’ouvrir sur ses faiblesses et ses peurs. Une athlète fascinante et parfaite en tout point.

Mathias Brunet

PHOTO BEN MARGOT, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Billy Beane

Moneyball est sans doute l’un des meilleurs films de sport qu’il m’ait été donné de voir. Pour les profanes, ce long métrage raconte la reconstruction des A’s d’Oakland en 2001 par leur directeur général Billy Beane grâce à une méthode d’analyse statistique révolutionnaire pour le milieu. Il a montré beaucoup de courage et de confiance en faisant fi des idées convenues du milieu. Beane, toujours avec les A’s une vingtaine d’années plus tard, cette fois dans le rôle de vice-président, offre aussi une dimension humaine intéressante : il a refusé un poste prestigieux avec les Red Sox de Boston afin de rester sur la côte ouest américaine de façon à voir sa fille grandir. C’est aussi un ancien grand espoir déchu du baseball majeur, qui s’est servi de cet échec pour devenir le gestionnaire qu’il est aujourd’hui. J’irais bien le visiter à Oakland afin de réaliser une grande entrevue avec lui, pour ensuite faire un petit détour de 20 minutes de route pour revoir l’une de mes villes américaines favorites, San Francisco...

Miguel Bujold

PHOTO SCOTT HALLERAN, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

John Madden

Il y aurait eu abondance de sujets dans une entrevue avec le légendaire John Madden, mort à l’âge de 85 ans en décembre dernier. Sur le football, bien sûr, sur la vie en général et sur l’état actuel des États-Unis, aussi. Madden a sillonné le pays à bord de son fameux « Madden Cruiser » pendant des décennies. Parce qu’il ne voulait plus prendre l’avion après avoir fait une crise de panique durant un vol en 1979, Madden se rendait à tous les matchs sur lesquels il travaillait dans son rôle de commentateur en autocar. Sur son chemin, il allait constamment à la rencontre de gens ordinaires afin de prendre le pouls du peuple américain. Ancien joueur, brillant entraîneur-chef durant une décennie, plus grand analyste de l’histoire de la NFL et observateur de la société américaine. Mon entrevue de rêve n’aurait pas duré 10 minutes... Et elle se serait probablement déroulée devant un petit festin.

Guillaume Lefrançois

PHOTO MASAHIKO YAMAMOTO, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Vince McMahon

L’amateur de lutte en moi n’a pas d’autre option : Vince McMahon, l’homme derrière la toute-puissante WWE depuis plus de quatre décennies. Voici un homme fascinant, qui ne laisse personne indifférent, qui n’accorde à peu près jamais d’entrevues aux médias. De plus, McMahon a trempé dans sa part de scandales, de quoi donner amplement de matériel pour des questions. Il suffit de se claquer quelques épisodes de l’excellente série Dark Side of the Ring (Crave) pour s’en convaincre. Enfin, un homme comme lui qui ne déteste pas la controverse est l’intervenant parfait pour une grande entrevue. Feu d’artifice assuré ! Par ailleurs, ce serait aussi l’occasion parfaite pour lui demander pourquoi les Québécois Kevin Owens et Sami Zayn sont trop peu souvent utilisés à leur plein potentiel. Mais bon, on entre peut-être trop dans les détails ici.

Jean-François Téotonio

PHOTO ALESSANDRA TARANTINO, ASSOCIATED PRESS

José Mourinho

C’est une des plus grandes personnalités du monde du soccer – et du sport en général – de notre millénaire. Il joue toujours franc-jeu avec les journalistes, ce qui est souvent bon pour ceux-ci, mais moins pour lui. Je parle de l’entraîneur portugais José Mourinho. L’autoproclamé Special One. Le « vainqueur en série », celui qui déchaîne les passions de ses partisans autant que de ses détracteurs, et qui s’offre des polémiques avec ses joueurs et ses patrons. Même si sa magie n’opère plus aussi bien qu’avant, Mourinho est un des plus grands entraîneurs de sa génération. Son style de communication corrosif, qui a réussi à aller chercher le meilleur de ses joueurs avec Porto, Chelsea, l’AC Milan et le Real Madrid, n’a pas évolué assez pour suivre la cadence. Il reste que le Portugais serait une entrevue rêvée pour le journaliste en début de carrière que je suis. Je lui parlerais de la fois où il s’est caché dans le panier à linge sale du vestiaire de Chelsea, en 2005, pour contourner une suspension de l’UEFA. Je reviendrais avec lui sur sa victoire surprise en Ligue des champions avec Porto en 2004. Et je lui parlerais de sa rivalité avec Pep Guardiola, le technicien qui a fait révolution... et potentiellement sonné le glas de la méthode Mourinho.