Voici notre plus récente cuvée de réponses aux questions du public. On attend vos prochaines.

Écrivez-nous

La plus cruelle défaite

Dans quelle proportion un club qui gagne un match de séries tard en prolongation (disons trois périodes supplémentaires ou plus) gagne-t-il sa série ? Une défaite crève-cœur a-t-elle un effet ?

Normand Prévost

Réponse de Simon-Olivier Lorange

À la suite de votre question, nous avons compilé les 53 matchs de l’histoire ayant nécessité au moins une triple prolongation. Et le constat est assez clair : à 41 reprises, soit plus de 3 fois sur 4, l’équipe qui a remporté le match marathon a ultimement gagné la série. Il y a toutefois quelques biais que nous devons souligner. D’abord, certains de ces matchs étaient le dernier de la série, et deux des victoires ont donné la Coupe Stanley au club gagnant : difficile, dans ces circonstances, pour l’équipe perdante de se relever de la défaite ! En outre, le format des séries éliminatoires a souvent changé pendant les premières décennies de vie de la LNH ; ainsi, le 28 mars 1930, le Canadien a vaincu les Rangers de New York en troisième période de prolongation, mais la série n’a été longue que de deux affrontements. La marge de manœuvre de la formation vaincue était donc bien mince. On peut tout de même présumer, vu la tendance très nette évoquée plus haut, que la victoire émotive au terme d’une longue bataille a un effet sur la série complète.

La théorie du complot

Que pensez-vous de cette théorie ? L’été dernier, Marc Bergevin voit clairement que Geoff Molson ne lui offrira pas de prolongation de contrat. Son chum Luc Robitaille lui dit qu’il pourra toujours trouver du travail à Los Angeles. Il lui souligne son intérêt important pour Phillip Danault. Bergevin ne fait pas d’offre bonifiée à Danault, qui signe pour six ans à L.A. Les bons amis savent se remercier quand une faveur leur est faite. Bergevin est ensuite nommé adjoint au DG des Kings. Un bon lunch entre Bergevin et Danault et le futur est riche et ensoleillé.

Robert Sénécal

Réponse de Simon-Olivier Lorange

Vous devriez écrire des romans, car votre imagination est fertile ! En tout respect, il y a beaucoup d’éléments improbables dans votre théorie. D’abord, Robitaille est président des Kings de Los Angeles : ce n’est pas lui qui embauche les joueurs. Ensuite, Bergevin et le clan Danault avaient discuté pendant la saison : le plan de le laisser partir à L.A. était-il donc planifié depuis des mois ? Enfin, les équipes n’ont théoriquement pas le droit de faire du maraudage auprès d’une personne en poste au sein d’une autre équipe. Comprenons-nous bien : nous n’excluons pas que le phénomène existe derrière des portes closes, mais c’est néanmoins interdit. Robitaille, dans ces circonstances, aurait-il enfreint les règles pour convaincre Bergevin d’accepter un poste hiérarchiquement plus bas, passant de DG à adjoint, chez les Kings ? Rien n’est impossible, dans la vie. Mais l’hypothèse que vous soulevez est un peu farfelue.

Quel revirement ?

J’aimerais savoir s’il existe une définition à la fois brève, claire et précise de ce qui est, ou n’est pas, considéré comme un revirement au hockey.

Pierre Allen

Réponse de Simon-Olivier Lorange

Allons-y d’abord avec une réponse qui respecte les trois critères que vous énoncez : un revirement survient, au hockey comme au football, au soccer ou au basketball, lorsque la possession change de camp. Le Canadien a le contrôle du disque, vous clignez des yeux, il ne l’a plus : revirement. Voilà pour ça. Il y a maintenant les statistiques des rondelles perdues ou volées (giveaway et takeaway, en anglais). Nous entrons ici dans une zone très subtile et souvent contestée : le changement de possession est-il le résultat d’une erreur directe d’un joueur en attaque ou en défense – par exemple une passe interceptée ? Ou fait-elle suite à une bataille entre cinq joueurs le long de la bande, qui ne décerne pas de véritable coupable du changement de possession ? Ces statistiques subjectives doivent être utilisées avec parcimonie, car elles peuvent varier d’un aréna à l’autre selon les officiels mineurs en poste. Un joueur peut ainsi connaître un match atroce et n’être crédité d’aucune rondelle perdue. Ou un spécialiste de l’échec avant pourrait avoir abattu du boulot colossal sans avoir de rondelle volée à sa fiche. Il n’est pas facile, en somme, de le résumer aussi succinctement que vous le souhaitiez, mais c’est à peu près ça.

La garde partagée

Bonjour à toute l’équipe des sports de La Presse. Le Toronto FC et les Argonauts évoluent dans le même stade (BMO), de même que les Whitecaps de Vancouver et les Lions de la Colombie-Britannique au BC Place. Pourquoi ce n’est pas le cas à Montréal avec les Alouettes et le CF Montréal ? Pourquoi avoir construit le stade Saputo quand le stade Percival-Molson aurait pu faire l’affaire ?

Jacques Boulanger

Réponse de Jean-François Téotonio

Le site RDS.ca nous a appris, le 17 mai 2001, que l’Impact avait déjà évalué « la possibilité de déménager au stade Percival-Molson ». On attendait que « la surface synthétique soit changée à McGill avant de pouvoir procéder à un déménagement », a écrit le journaliste François-Étienne Corbin. On annonce finalement la construction du stade Saputo au Parc olympique en 2007, un endroit spécifiquement destiné au soccer. Cette particularité est aujourd’hui pratiquement une condition préalable pour les équipes de la MLS.

On y joue sur du gazon, au lieu de la surface artificielle du stade Percival-Molson. Les configurations du terrain sont dans des dimensions considérées comme optimales par la FIFA, ce qui ne serait pas le cas d’un stade originalement pensé pour du football canadien. Par ailleurs, le BMO Field de Toronto a aussi été construit en tant que stade spécifiquement destiné au soccer, mais a été rénové depuis pour pouvoir accueillir des matchs de la LCF. Pour les Whitecaps, un projet de stade face à la mer à Vancouver avait été considéré, mais a été mis sur la glace en 2011.