Chaque semaine, les journalistes des Sports de La Presse répondent à une question dans le plaisir, et un peu aussi dans l’insolence.

Alexandre Pratt

En février 2000, les nouveaux maîtres des Expos, Jeffrey Loria et David Samson, ont présenté leur vision pour un nouveau stade de baseball au centre-ville de Montréal. La maquette en 3D était spectaculaire. À l’aide d’une longue baguette de bois, Samson présentait une à une les sections du stade. Comme la Guerrero’s Gang, dans le champ droit, qui allait permettre à une centaine de partisans d’observer de près la grande vedette du club, Vladimir Guerrero. Les murs extérieurs, eux, étaient en verre. « Pas de briques, pas de béton, rien en somme qui nous fasse reculer dans le temps », se félicitait Jeffrey Loria. La première pelletée de terre était prévue dès le dégel. Trop beau pour être vrai ? Effectivement. Le trou n’a jamais été creusé. Deux ans plus tard, Loria et Samson étaient déjà partis.

Mathias Brunet

PHOTO IVANOH DEMERS, ARCHIVES LA PRESSE

Marc Bergevin et Geoff Molson au cours d’un tournoi de golf, le 11 septembre 2017

En dépit des critiques, Marc Bergevin a fait beaucoup de bonnes choses au cours de son règne. Mais la transformation de sa défense en 2017 ne constitue pas son plus grand fait d’armes. Malgré tout, il a tenté de faire avaler que l’équipe s’était améliorée à cette position malgré les départs d’Andrei Markov, d’Alexei Emelin, de Nathan Beaulieu et de Mikhail Sergachev, promis à un poste s’il n’avait pas été échangé contre Jonathan Drouin. « Moi, je crois que oui, nous serons meilleurs, surtout à la ligne bleue, a osé affirmer le DG du Canadien lors du tournoi de golf annuel de l’équipe. Nous avons acquis des joueurs avec de l’expérience et qui bougent encore mieux la rondelle. Mais je ne veux rien enlever à ceux qui sont partis. » Le Canadien comptait sur un « comité » formé de Karl Alzner, David Schlemko, Mark Streit, Jakub Jerabek, Joe Morrow et Brandon Davidson pour combler le vide laissé par Markov, entre autres. Moins de deux ans plus tard, aucun de ces six défenseurs n’était dans la LNH. Davidson est le seul à avoir eu droit à quelques matchs en renfort ces dernières saisons. Alzner, Schlemko et Streit ne jouent plus au hockey. Jerabek est dans la KHL, Morrow en Finlande et Davidson dans la Ligue américaine.

Richard Labbé

PHOTO ANDRÉ PICHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Pierre Gauthier, alors DG du Canadien, et Jacques Martin, alors entraîneur, en conférence de presse, le 25 mai 2010

Une bonne pensée ici pour le regretté Pierre Lacroix, qui, par un soir de match à Denver, m’avait juré ne rien savoir de cette rumeur selon laquelle il cherchait à obtenir José Théodore… avant d’obtenir le gardien dans une transaction à peine quelques jours plus tard ! Non, la première position ici revient plutôt à Pierre Gauthier, alors DG du Canadien, qui avait contre toute attente viré un adjoint en début de saison, Perry Pearn, à peine quelques heures avant un match au Centre Bell, parce que cette décision faisait partie d’un « plan bien établi ». Ah bon ? Dans la foulée, Gauthier avait donné un vote de confiance à Jacques Martin… avant de le congédier moins de deux mois plus tard. Gauthier lui-même allait ensuite être congédié au mois de mars… Quelle saison, tout de même.

Guillaume Lefrançois

PHOTO IVANOH DEMERS, ARCHIVES LA PRESSE

Marc Trestman, alors entraîneur chef des Alouettes, sur le terrain avec ses joueurs, en septembre 2009

Novembre 2009. Les Argonauts de Toronto sont la risée de la Ligue canadienne, comme c’était toujours le cas à cette époque. Ils arrivent en fin de saison, clopin-clopant, avec une fiche de 3-14, face aux Alouettes, qui présentent une fiche inverse (14-3). Les Argos vont à la guerre avec un quart du nom de Stephen Reaves, un quart gaucher sur qui on en sait bien peu. La raison : il n’avait lancé que 16 passes dans les rangs professionnels, et n’avait rien cassé au collège non plus. Mais Marc Trestman étant Marc Trestman, il nous avait présenté Reaves comme un quart calme, en contrôle, de qui les Alouettes devaient se méfier. Au fond, Trestman voulait probablement être poli avec la famille Reaves, puisqu’il avait eu le paternel, John, comme quart-arrière à Tampa Bay en 1987. Stephen Reaves a fini le match avec 209 verges, aucun touché et 4 interceptions, et les Alouettes ont gagné par 25 points.

Simon-Olivier Lorange

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Bob Gainey, alors DG du Canadien, en point de presse, en avril 2009

Ce n’est évidemment pas une couleuvre que j’ai dû apprivoiser moi-même, car j’étais à l’époque bien loin du beat du Canadien – et même de La Presse, en fait. Mais Bob Gainey qui déclare, en janvier 2009, que l’embauche de Guy Carbonneau constitue son meilleur coup comme directeur général, avant de lui montrer la porte moins de deux mois plus tard, demeure à mes yeux un classique. Sinon, dans un passé autrement plus récent, Marc Bergevin nous en a offert une version minceur. Le 24 février dernier, après avoir congédié Claude Julien et Kirk Muller, le DG a été interrogé sur son choix de garder en place les adjoints Luke Richardson et Stéphane Waite. « Il y a des choses que je devais garder », a d’abord répondu Bergevin, avant d’ajouter : « Je ne voulais pas faire de trop gros changements. » Dix jours plus tard, Stéphane Waite était congédié. Peut-être qu’à ses yeux, remplacer celui qui était l’entraîneur des gardiens depuis huit ans n’était tout simplement pas un « trop gros changement »…

Jean-François Tremblay

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

David Schlemko lors d’un match préparatoire, en septembre 2018

En octobre 2017, je venais de commencer à couvrir le Canadien de Montréal. Le Canadien venait de faire l’acquisition de David Schlemko. David Schlemko n’avait pas encore joué car il était blessé, évidemment. Certains nous disaient que Schlemko avait tout pour devenir un bon joueur. Donc, j’ai décidé d’en parler à Bob Boughner, alors pilote des Panthers de la Floride et ancien entraîneur adjoint à San Jose, où avait joué Schlemko. Sa réponse m’avait intrigué : « David Schlemko est très bon pour faire circuler la rondelle, il a de bons pieds, il peut t’aider sur le jeu de puissance. Il peut aussi jouer en désavantage numérique. C’est un bon joueur et beaucoup d’équipes aiment ce type de défenseurs capables de sortir la rondelle efficacement de la zone. C’est son meilleur atout. » Mon Dieu. Était-ce le retour de Paul Coffey ? Était-ce la pièce manquante à la défense du Canadien ? Celui qui se fusionnerait à Shea Weber comme Tango à Cash ? Ça a pris deux, peut-être trois présences, avant de comprendre que non. Incroyablement, l’expérience a duré 55 matchs.