Après le kabaddi de la semaine dernière, on reste en Inde. Conclusion de cette série Sports d’ailleurs avec le plus connu des sports d’ailleurs méconnus : le cricket.

On l’a vu dans des films, la scène la plus familière étant sans doute celle de La grande séduction.

On le voit également, l’été, dans certains espaces verts de la métropole – le parc Jarry, notamment –, où l’on compte quelques ligues, essentiellement associées aux communautés indienne, pakistanaise et caribéennes.

Mais le cricket, au Québec, demeure extrêmement marginal. Rien à voir avec l’Inde et le Pakistan, justement, ou encore le Sri Lanka, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, la Grande-Bretagne, des pays où ce sport est très populaire.

N’empêche, il y a ici de véritables passionnés de cette discipline qui, pour nous, s’apparente à une version étrange du baseball. Entre autres, Angus Bell, qui a fondé en 2015 le complexe intérieur Ministry of Cricket (And Other Homeless Sports), rue Mazurette, non loin du Marché central à Montréal.

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

Angus Bell, fondateur de Ministry of Cricket

« Quand j’étais petit, mon père a trouvé au dépanneur My First Cricket Kit. Nous avons planté ça dans la pelouse et j’ai commencé à le pratiquer, raconte-t-il. Mais j’ai grandi dans les collines de l’Écosse avec juste les moutons avec qui jouer ! »

Bien qu’en manque de partenaires de jeu à l’époque, son amour du cricket ne le quittera jamais.

À son arrivée à Montréal, il y a près de 20 ans, la première chose qu’il a faite a été de s’enquérir des possibilités de pratiquer son sport favori. On imagine sa déception. Il y avait un certain bassin de joueurs, des équipes, mais pour la qualité des infrastructures, on repassera.

Puis, un voyage en Europe de l’Est lui inspire une idée.

« En rentrant à Montréal, je me suis dit que ce serait sans doute possible de faire un club multiculturel avec plein de Québécois. »

Il fonde alors les Pirates du Saint-Laurent. « Le club le plus multiculturel du monde », lance-t-il, avec plus de 80 nationalités. Un club à vocation sociale, d’abord et avant tout, ouvert à tous.

Quant au Ministry of Cricket, il est bien sûr fermé en ce moment.

« J’ai des appels chaque jour de gens qui demandent quand ils pourront venir jouer au cricket. Je leur dis : “Soyez patients, ce sera dans quelques mois si vous restez chez vous.” »

Consultez le site du Ministry of Cricket

Consultez le site des Pirates du Saint-Laurent

Pas si compliqué, le pointage

Il existe plusieurs formes et variantes du cricket. Tenons-nous-en à la base, des informations plus détaillées sur ce sport étant faciles à trouver.

Deux équipes de onze joueurs s’affrontent sur un terrain ovale. Au centre se trouve une zone rectangulaire. À chaque extrémité de cette zone, une structure en bois appelée guichet (wicket). Et, à chacun de ces guichets, un batteur qui tente de frapper les tirs du lanceur, l’un des 11 joueurs en défense. Tout le monde suit ?

Comme au baseball, au cours de chaque manche, l’équipe au bâton tente de marquer des points (runs). Celle en défense, de lui en accorder le moins possible en éliminant les batteurs adverses.

Maintenant, comment marque-t-on des points ?

· Une balle frappée hors du terrain sans toucher le sol donne six points.

· Si elle sort des limites après avoir touché le sol, quatre points.

· Si elle reste en jeu sans être attrapée en vol, le nombre d’échanges de position entre les deux guichets faits à la course par le duo de batteurs détermine le nombre de points. Par exemple, si un seul changement de position est possible avant que la balle soit ramenée par un joueur défensif, l’équipe à la batte marque un point.

Et comment élimine-t-on un batteur ?

· Si le batteur rate la balle et que le tir du lanceur détruit le guichet.

· Si la balle frappée est attrapée en vol (comme au baseball).

· Ou encore, si l’un des guichets est détruit avec la balle par un relais d’un joueur en défense pendant que les batteurs sont en course. Auquel cas, le batteur qui se dirigeait vers le guichet détruit est éliminé.

Lorsque 10 des 11 batteurs ont été éliminés, les équipes inversent les rôles (voir les règles en bref pour plus de détails).

On compte plusieurs grands championnats de cricket dans le monde, dont la très courue et populaire Indian Premier League (IPL).

Nous avons demandé à Angus Bell s’il avait déjà assisté à un match de l’IPL.

« Éventuellement, c’est sur ma bucket list, mais j’ai trois enfants ! Tous adorent le cricket. Ils me demandent chaque semaine quand nous pourrons aller voir un vrai match. »

Consultez le site de l’IPL (en anglais)

Les règles du cricket en bref

Les deux guichets sont séparés d’une vingtaine de mètres.

L’équipe en défense change de lanceur toutes les six balles. C’est ce qui s’appelle une série (over).

Parmi les 11 joueurs en défense, l’un est désigné comme le gardien de guichet (wicket-keeper), un peu l’équivalent du receveur derrière le marbre. Il est le seul à porter des gants, et également le seul qui ne sera pas appelé à lancer.

Après une course, si le nombre d’échanges réalisés est impair, c’est le batteur qui n’a pas fait face au lancer précédent qui affronte le suivant.

Selon le nombre de manches, un match dure de quelques heures… à quelques jours.