Il a régné sur le championnat canadien de motocross au début des années 2000. Gagné le Supermotocross du Stade olympique à cinq reprises. À la retraite depuis 10 ans, Jean-Sébastien Roy appuie maintenant ses successeurs dans la poursuite de leur propre carrière.

Il n’est pas rare de voir des athlètes en sport motorisé rester dans le milieu au terme de leur carrière. Roy ne fait pas exception.

Après avoir couru sur Honda, il a été engagé par KTM en 2011. Le constructeur autrichien s’était associé à Red Bull et se lançait sérieusement dans la course. Roy allait être porte-parole, mentor et entraîneur, d’abord à titre de contractuel. L’entreprise grossissant sans cesse, il y est à temps plein depuis environ sept ans, au siège social canadien de Chambly, avec une vingtaine d’autres employés.

Son bureau se trouve dans l’atelier — son « petit département » — où un mécanicien prépare des motos, essentiellement pour les trois, quatre principaux coureurs de l’équipe KTM au niveau national, mais pas exclusivement. Ils soutiennent aussi, entre autres, Ève Brodeur, plusieurs fois championne canadienne.

Chez KTM, l’ex-coureur est race team manager. C’est son titre officiel.

Dans les faits, il a « touché à tout », comme il le dit lui-même. Entraînement et préparation de coureurs, mais organisation d’essais pour des clients potentiels, aussi. Un peu de marketing, un peu de vente.

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Jean-Sébastien Roy au siège social canadien de KTM, à Chambly

Aujourd’hui, son poste comporte beaucoup de « relations publiques ». Avec les clubs et les parcs de moto, ou encore avec les jeunes coureurs amateurs, pour qui il sert parfois d’intermédiaire avec les concessionnaires.

« Je suis maintenant l’un des plus vieux dans la boîte ! observe Roy, 47 ans. Ce qui fait que je suis le “old school”, je suis plus dans les contacts humains. »

Son rôle paraît « un peu vague », dit-il franchement. Mais, pour revenir à l’essentiel, comme l’indique son titre, l’ex-coureur est responsable de l’équipe et du programme de course. Plus autres tâches connexes, comme le veut l’expression.

Tel père, tel fils ?

JSR, comme tous l’appelaient dans le monde de la course, a entraîné beaucoup de jeunes. De 2007 à 2012, il avait même sa propre école chez lui, à Acton Vale, où il préparait une vingtaine de jeunes par semaine pendant environ un mois avant le Supermotocross du Stade olympique de Montréal.

Il avait également deux futurs élèves potentiels à la maison. Une fille née en 2007 et un garçon, arrivé trois ans plus tard. Ce dernier aura 11 ans cette année.

Dans les traces de papa, fiston ? « Non, pas pantoute ! », lance Jean-Sébastien Roy.

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Jean-Sébastien Roy a figuré parmi les meilleurs coureurs de motocross de la planète.

Des courses, il en a pourtant fait de 5 à 7 ans dans la classe 50 cc. « Et il gagnait, il avait le talent. Puis, il a pogné une bulle et a arrêté complètement », relate son père.

Ce n’est pas faute d’aimer la moto, il en fait encore. Et de la motoneige aussi, autour de la maison.

« Mais il n’a pas la compétition en lui et je n’ai pas de problème avec ça », poursuit le paternel, qui jure ne pas avoir poussé son garçon à marcher dans ses pas. Comme le font malheureusement bien des adultes.

« J’ai fait l’opposé de tout ça. Pendant les courses, j’étais même le seul parent qui ne criait pas et ne courait pas sur le bord de la piste. »

Et sa fille ne l’imitera pas davantage. Ses enfants, ils sont d’abord très studieux, raconte-t-il.

Une longue liste de souvenirs

JSR a couru pour des équipes américaines de 1996 au début des années 2000. Le championnat américain, c’était la Formule 1 du motocross.

Aux États-Unis, il se classait dans les 10 à 15 premiers, dit-il. En tenant compte du circuit européen, il considère avoir fait partie des 25 ou 30 meilleurs de la planète.

En 2008, après une pause d’un an, il a pris sa retraite nord-américaine avec une cinquième victoire au Supermotocross du Stade olympique.

« À 34 ans, j’étais vieux pour ce sport. C’était assez. J’aurais arrêté même si je n’avais pas gagné, je l’avais dit à mes proches. Mais je n’aurais pas pu demander mieux comme fin », admet le coureur.

Une épaule mal en point, nouveau papa, il a tiré un trait sur 20 ans de carrière. Au Canada.

Car, ce qui est moins connu, c’est qu’il a continué à recevoir et accepter des invitations pour des courses en stade en Europe jusqu’en 2011, à raison de sept ou huit compétitions par an.

Le motocross en championnat canadien, c’est super exigeant. Il fait chaud, les courses sont plus longues. C’est plus exigeant comme préparation que les courses en stade.

Jean-Sébastien Roy

Ses meilleurs souvenirs ?

« La facile, c’est le Stade olympique. Premièrement, parce que j’ai beaucoup de photos. »

Le fait d’avoir famille et amis à l’événement, évidemment, rendait cette épreuve particulière. Sans compter tout ce qui se passait dans la semaine précédant la course, y compris l’importante attention médiatique.

« La liste de souvenirs est longue », enchaîne-t-il.

Plusieurs événements en Europe l’ont aussi marqué. Il a roulé sa bosse en France, en Autriche, en Espagne, en Italie, en Grèce. Et en Allemagne, où il a participé au court championnat en petit stade pendant près de 10 ans.

« Ç’a été de belles années en Allemagne. À la fin des années 1990, à Berlin, la chute du Mur était à peine une décennie en arrière. Les gens étaient bruyants dans les gradins. Et les partys après… »